Magazine Le Mensuel

Nº 2898 du vendredi 24 mai 2013

Presse étrangère

Les sentiers de la guerre… et du succès

Cette semaine, le traitement de l’actualité libanaise par les grands titres de la presse internationale et régionale va des répercussions du conflit syrien sur le Liban, à une success story économique, en passant par un parcours hors du commun.

Jerusalem Post
Jerusalem Post décrit «les destins entrelacés du Liban, de la Syrie et de l’Iran».
Le journal s’est efforcé de tracer des lignes rouges autour de la livraison d’armes stratégiques au Hezbollah. L’instabilité en Syrie a conduit trois zones critiques de sécurité – le Liban, la Syrie et l’Iran – à devenir plus étroitement liées que jamais. Comme cela a été largement rapporté, le Hezbollah, agissant sur ordre iranien, a mobilisé une grande partie de sa force de combat en Syrie pour aider à sécuriser un basculement en faveur du régime du président Bachar el-Assad.
Pour sa contribution essentielle au maintien d’Assad au pouvoir, le Hezbollah pourrait se voir récompensé par la livraison d’armes syriennes et iraniennes avancées. Il s’agit notamment de systèmes sophistiqués de défense aérienne comme le missile sol-air 17-SA. Certaines sources étrangères estiment d’ailleurs que le bombardement israélien en Syrie du mois de janvier dernier visait un convoi qui transportait ce type d’armement. Le Hezbollah peut également espérer des missiles guidés iraniens de type Fateh-110. Là aussi, plusieurs de ces armes auraient été détruites à Damas par Israël à deux reprises au cours de ces dernières semaines.
L’Iran cherche à exploiter le chaos syrien pour continuer à armer le Hezbollah, car il sait que, dans tout futur conflit potentiel avec Jérusalem autour du programme nucléaire militaire de Téhéran, le Hezbollah sera appelé à tourner son énorme arsenal de roquettes contre des cibles en Israël.

L’Express
L’hebdomadaire L’Express fait l’exégèse d’un rapport sur la situation des réfugiés syriens au Liban.
Mi-mai, le Haut Commissariat aux réfugiés de l’Onu comptait 469000 Syriens réfugiés inscrits ou en cours d’inscription, soit un dixième de la population. Mais si on ajoute les travailleurs et les familles aisées installés dans le pays, les autorités de Beyrouth évaluent à un million le nombre de Syriens présents dans le pays, soit le quart de la race libanaise. «Un tel ratio constituerait un problème considérable n’importe où ailleurs, explique le dernier rapport de l’International Crisis Group (ICG), Too tighten for comfort, Syrians in Lebanon; mais dans un pays doté d’institutions aussi fragiles, d’un équilibre politique et confessionnel aussi délicat, c’est un cauchemar».
Une hausse aussi massive de la population pèse en effet sur le marché du logement et les infrastructures du pays, par exemple l’eau, les écoles et les hôpitaux. Elle a aussi des conséquences sur le marché du travail, bien au-delà des secteurs d’activités dans lesquels les travailleurs syriens étaient présents par le passé.  
A ce stade, la plupart des réfugiés sont originaires du centre de la Syrie. Si les combats venaient à s’intensifier à Damas, l’ICG craint, étant donné la proximité de la capitale avec la frontière libanaise, que l’afflux de réfugiés ne soit encore plus conséquent.  
La crise syrienne menace également le fragile équilibre confessionnel libanais: une très large majorité des réfugiés sont sunnites (la Syrie compte 70% d’adeptes de cette branche de l’islam). La crise menaçant de durer, les Libanais s’inquiètent de la modification substantielle que pourrait avoir l’installation durable de ces réfugiés dans ce pays aux nombreuses minorités ethno-confessionnelles.

BBC
Cette semaine, le service économie de la rédaction de BBC raconte l’expérience d’une entreprise de vente de vêtements en ligne au Liban. Un parcours du combattant.
Le démarrage d’une entreprise n’est jamais facile. Mais quels sont les enjeux de la mise en place d’un détaillant en ligne dans un pays où la connexion Internet est l’une des plus lentes du monde et où les acheteurs préfèrent encore le lèche-vitrine?
Il y a deux ans, Louise Doumet était à New York. Une femme s’approche d’elle et lui demande où elle avait acheté son haut. Le lendemain, on lui parle de ses boucles d’oreilles. Le vêtement et les bijoux ont été réalisés par des designers libanais dont les produits étaient introuvables aux Etats-Unis. Louise vient de trouver un marché mais elle se pose une question, comment pourrait-elle créer une entreprise qui apporterait le meilleur du design libanais à un marché international? «Nous avons commencé à penser qu’il pourrait y avoir un grand intérêt pour les designers libanais de pénétrer le marché international», explique Doumet. «Un an plus tard, nous étions en ligne et après deux ans, nous vendions des articles aux Etats-Unis, en Russie, au Moyen-Orient et, bien sûr, au Liban». Son site, lebelik.com, signifie en arabe: «Ça te va bien».
Le e-commerce dans le pays est encore à ses premiers balbutiements et les consommateurs ont encore du mal à entrer dans les achats en ligne comme dans d’autres pays. En 2012, les ventes e-commerce ont augmenté d’un milliard de dollars dans le monde, selon eMarketer. Mais le Moyen-Orient et l’Afrique dans son ensemble ne représentaient que 1,9% du total. Les start-up au Liban sont confrontées à des connexions Internet douloureusement lentes.

Rolling Stone
Le mythique magazine musical américain Rolling Stone consacre un article sur la nouvelle scène musicale libanaise.
A émergé au Liban, au cours de la dernière décennie, une scène musicale alternative qui se juxtapose aujourd’hui à la scène pop traditionnelle avec ses chansons Ya Habibi, son obsession de la chirurgie esthétique et le monde de la nuit beyrouthine. Ce contraste est évident lorsqu’il s’agit de parler de la nouvelle scène libanaise rock et hip-hop aux côtés desquels trône désormais le pop alternatif. Mike Massy, Zeid Hamdan, Yasmine Hamdan ou Semitic Genetic sont juste quelques noms de ces nouveaux artistes qui proposent un autre son à la musique libanaise, l’un des marchés musicaux les plus florissants de la région. Le mois dernier, Mike Massy donnait son premier concert aux Etats-Unis au Merkin Concert Hall de New York où il a présenté son dernier album. Voilà comment il décrit les Libanais. «Dans mon pays, les hommes sont forts et conduisent des voitures rapides», explique l’artiste, frêle et gracieux. «Et tout autour de Beyrouth, des femmes libérées dansent en boîte alors que, de l’autre côté de la rue, un autre type de femmes vit une vie très différente. Leur seul moyen d’échapper à la pauvreté est de se marier avec un homme riche».
Semitic Genetic est un autre groupe qui semble vouloir suivre le même chemin. Ce projet pop-rock est tenu à bout de bras par Julian Cassia et Karim Choueiry, qui travaillent actuellement sur leur premier album. Ils communiquent grâce au cyberespace, avec Choueiry dans son studio de Mansouriyeh et Cassia à partir de son studio de Brooklyn, New York.
L’album comprendra des chansons qui satirisent la tendance de la chirurgie plastique et la fuite des cerveaux du Liban.

Julien Abi Ramia
 

The Washington Post

Un Syrien juif qui a habité le Liban
The Washington Post raconte cette semaine l’histoire palpitante d’un véritable citoyen du Moyen-Orient.
Isaac Hasbani est un ingénieur de Chicago. Il est né en novembre 1947 dans une famille juive syrienne à Beyrouth. Avant sa naissance, les deux parents d’Isaac ont fui les émeutes antisémites de Damas. A l’époque, le Liban est considéré comme étant plus sûr pour les Juifs. Il a grandi à Wadi Abou Jamil, le quartier juif de Beyrouth. A l’époque où Isaac était étudiant au Liban, il n’y avait pas d’électricité dans sa maison. La nuit, s’il voulait étudier, il devait utiliser une lampe à pétrole. La vie a commencé à devenir plus difficile pour les Juifs au Liban après la guerre d’Israël avec l’Egypte en 1956. En 1961, les parents d’Isaac ont décidé qu’il devrait s’installer en Israël et vivre avec ses grands-parents. Vivre en Israël a été un choc culturel pour cet enfant de 14 ans.

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