Magazine Le Mensuel

Nº 2866 du vendredi 12 octobre 2012

Presse étrangère

Des préoccupations à contre-courant

Cette semaine, la presse internationale se concentre sur tous les à-côtés des sacro-saintes questions politiques. Le Liban, c’est aussi sa brillante diaspora et sa culture particulière.   

El Watan
Le quotidien algérien El Watan s’intéresse à la spécificité de la littérature libanaise, à savoir «les confluences linguistiques». Livres d’exil ou de retrouvailles, d’amour ou de résistance, la littérature francophone libanaise traduit le sentiment d’inquiétude d’un quotidien tumultueux, soutenu par des textes éclairés. «La vie du Libanais est si compliquée et burlesque que chaque tranche de vie est un roman! La maturité des écrivains fait qu’ils traitent les thèmes avec férocité et lucidité», déclare Marwan Khaidar, journaliste, écrivain et didacticien. Dans les librairies beyrouthines, on trouve la littérature du monde entier, et aussi des titres phare de la littérature libanaise d’expressions arabe, française et anglaise. Des classiques, des incontournables et des nouveautés. Le Liban est connu pour son souffle créateur qui a donné de grands écrivains. Dans le domaine des lettres, le pays du Cèdre produit des centaines de titres par an, grâce à ses 400 maisons d’édition et 600 imprimeurs soutenus par des librairies actives et des cercles de diffusion efficaces
 Que contient réellement la littérature libanaise pour plaire tant aux lecteurs? A cette question, Mejda Sahlawi, journaliste, prépare un livre sur la littérature libanaise dans ses expressions plurielles. «Les auteurs libanais s’illustrent dans l’exercice difficile du roman. Ils y dessinent des personnages et décors du pays, éclairés par un réalisme poignant. Les thèmes sont ceux de la littérature contemporaine; prostitution, sexe, liberté de la femme, l’immigration et aussi la guerre, la résistance, les conflits intérieurs et le communautarisme. La trame romanesque ouvre souvent des histoires dans la même histoire et devient la gardienne de la mémoire du Liban».

 

 

Huffington Post
Sur la version française du Huffington Post, est célébrée «la renaissance des vins libanais».
Baalbek, l’antique cité romaine nichée au cœur de la Békaa, est la capitale du vin libanais. A l’entrée de la ville, les drapeaux noirs du Hezbollah et les portraits d’imams enturbannés côtoient tout naturellement les massives colonnes du temple de Bacchus, unique bâtiment romain jamais dédié au dieu du vin, des plaisirs et autres débordements sexuels. Majestueux, intact, patrimoine mondial de l’humanité, le monument semble présider aux destinées des terres chiites…
 En dépit d’un parcours tourmenté, la vigne libanaise se porte à merveille. Depuis la fin de la guerre civile, la viticulture libanaise connaît une croissance exponentielle, multipliée par quatre en dix ans. Le vignoble s’étend sur près de 3000 hectares pour s’accroître annuellement de 100 à 150 hectares. La production est passée de 5 millions de cols en 2000 à 8 millions en 2011, le nombre de châteaux de trois à quarante. Grâce à son terroir d’exception, ses températures élevées et son ensoleillement maximum, le Liban a de quoi produire des vins brillants notamment sur le segment des rouges moyens à haut de gamme, qui peuvent rivaliser sans complexe avec d’autres productions. Le vignoble serait-il l’avenir du Liban? En tous les cas, c’est la seule filière agricole qui fonctionne, pouvant devenir une culture de substitution pour remplacer le haschich, aujourd’hui illégal. Selon l’Onu, le Pays du Cèdre est aussi celui de la «dope»: un des cinq premiers producteurs mondiaux de cannabis.

Mediapart
Le site d’informations Mediapart revient sur le parcours tumultueux de Rami el-Obeidi, dernier chef des services du renseignement extérieur de Mouammar Kadhafi.
Au mois d’avril 2011, Rami el-Obeidi est officiellement nommé au poste sensible de chef des renseignements extérieurs. Ce qui ne va pas sans lui attirer quelques graves ennuis. On apprendra que les services secrets italiens lui permettront d’anticiper et de déjouer de nombreux complots. En pleine guerre, on l’informera de la volonté d’un des fils de Kadhafi de ramener 3000 combattants palestiniens des camps des réfugiés du Liban par l’intermédiaire d’Ahmed Jibril moyennant 20 millions de dollars. C’est Nabih Berry qui se chargera de court-circuiter l’opération en fermant les frontières du Liban et en restreignant le déplacement des réfugiés au sein des camps. Le projet d’Ahmed Jibril d’acheminer ces combattants à Tripoli en passant par Lattaquié, Tunis et Djerba, tombera alors à l’eau.
 Le 19 avril, el-Obeidi se trouve à Rome avec le président du CNT Mustapha Abdel Jalil. Le lendemain, ce dernier, officiellement invité par Sarkozy, doit se rendre à Paris. Le président du CNT demandera à el-Obeidi de l’accompagner. Mais celui-ci refuse: «Je n’y vais pas », répondra-t-il sèchement, avant de poursuivre: «Je n’ai rien à faire en France. Cela ne m’intéresse pas». Il préfèrera se rendre le jour même à Tripoli pour remercier Nabih Berry pour l’aide apportée.
 Quarante-huit heures après son refus, Rami el-Obeidi dit avoir échappé à une tentative d’assassinat à Beyrouth, orchestrée, selon lui, par les services secrets français.

 

 

Le Figaro
Le Figaro dresse le portrait de Karim Habib, un Libanais d’origine qui monte.
 Karim Habib jaillit d’un groupe de journalistes venus du monde entier. Fidèle à lui-même. Silhouette ténue de mannequin, front dégarni, sourire angélique. Costume et chemise impeccables taillés dans de belles étoffes, élégant. Créateur de mode? Karim Habib l’est d’une certaine manière, tant les formes des BMW donnent le «la» de l’industrie automobile et suscitent le respect de la concurrence. Quand on lui murmure que l’un de ses pairs du bureau de style Porsche avoue une inclination pour les formes harmonieuses de la berline Série 5 actuelle, il demande son nom pour le remercier.
 Le designer, qui transforme tout ce qu’il touche en or, joue le jeu de l’interview avec application. A 42 ans, il est le nouvel homme fort de BMW. En mai dernier, il a été propulsé directeur du bureau de style des automobiles de la firme munichoise, au terme d’un parcours sans faute. Seul le Néerlandais Adrian Van Hooydonk, directeur du design de BMW Group, le dépasse dans la hiérarchie de la maison. Karim Habib a une pensée pour ses parents qui ont vécu son ascension fulgurante à distance, depuis Montréal. «Ils doivent être d’autant plus fiers qu’ils n’ont pas ménagé leurs efforts pour que nous réussissions ma sœur, mon frère et moi».
 Karim, qui aurait de quoi bomber le torse, a le triomphe modeste des réussites indiscutables, signe d’une grande élégance de style et de pensée.

J. A-R.

L’Inter
Un club «libanais» en Côte-d’Ivoire

C’est le quotidien local L’Inter qui raconte cette belle histoire. Le club de football du Rodis Etoile FC d’Adjamé est né en 1964 de la volonté d’un homme, Ezzet Zein et de certains compatriotes libanais, tous des passionnés de football, qui ont voulu traduire dans les relations ivoiro-libanaises, cette vertu du sport, facteur de rapprochement des peuples. Ainsi a vu le jour l’Etoile FC d’Adjamé. Depuis, cette formation n’a cessé de contribuer à l’animation sportive de sa commune de naissance, mais aussi de la ville d’Abidjan.
Lorsqu’en 1995, Ezzet Zein se retire, l’étoile traverse une longue période de léthargie avant de retrouver son éclat en mars 2004, grâce à Ahmed Kaeck dit Prési et son équipe composée de Moustapha Mouhiedinne et Mohamed Siklaoui dit Pek-Pek. La présidence d’honneur est alors confiée à un homme, un industriel reconnu aussi pour sa passion pour le football: Samir Hawili.
«Notre objectif est certes de participer à l’animation de l’environnement sportif en Côte-d’Ivoire, mais aussi de briser les barrières de méfiance et les préjugés entre les peuples de Côte-d’Ivoire et du Liban. C’est pour cette raison que nous avons créé cette équipe qui regorge aussi bien d’Ivoiriens que de Libanais, mais aussi de joueurs d’autres pays d’Afrique qui vivent ensemble et jouent au football sans complexe. C’est notre façon à nous de rapprocher les peuples vivant en Côte-d’Ivoire», explique Ahmed Kaeck.
 

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