Syriens du Liban
Demande soutenue sur le billet vert
Contrairement aux prévisions sur les marchés financiers portant sur un probable appétit des acteurs à souscrire aux bons du Trésor en livres à long terme (les souscriptions hebdomadaires) qui ont été lancées les dix premiers jours du mois de juin conjointement par la Banque du Liban (BDL) et le ministère des Finances, le volume des souscriptions était sensiblement faible. En effet, les souscriptions aux bons en livres d’une durée de huit ans se sont élevées à un peu plus de 60 milliards de livres et à près de 378 milliards de livres pour celles d’une durée de dix ans. Pourtant, les taux servis respectivement sur ces deux catégories sont non négligeables, variant entre 7,8% et 8,22%. Ce paysage a reflété l’état de prudence et d’attentisme à cause des développements tant internes que régionaux. Il a également jeté son ombre sur le marché de change, qui a connu une demande sur le billet vert, vendu selon les taux supérieurs de la fourchette de la parité $/L.L., fixée par la BDL 1509 et 1515. Ces opérations de conversion de fonds en dollar vers la livre seraient sous-tendues par des transactions limitées de sorties de fonds vers l’étranger, en plus d’une hausse du taux d’intérêt interbancaire sur la livre de 3% et 4% et à 15% par moments. Certaines sources croient savoir que la demande sur le dollar, enregistrée depuis un certain temps sur le marché, serait due d’une part à une demande interne pour des motifs d’ordre commercial et, d’autre part, à la demande provenant des Syriens se trouvant au Liban, surtout à la suite de la chute drastique de la livre syrienne, dont la valeur a atteint 150 livres pour un dollar sur le marché noir et 50 livres contre un dollar sur le marché officiel.
Entre-temps, le ministère des Finances serait en pleine préparation pour une opération de swap d’une dette d’un montant de 600 millions de dollars venant à échéance en juin. Cette opération serait conclue dans un cadre restreint se limitant au ministre des Finances et à la BDL, sans recours aux marchés de capitaux. Ceci pour éviter un possible échec de cette opération de swap à la lumière de l’augmentation des risques souverains du pays. Ces mêmes sources ont affirmé que la Banque centrale ajouterait ces nouveaux titres à son portefeuille de titres existant pour les revendre à une date ultérieure aux banques. Pendant ce temps, l’offre de vente sur les titres souverains est en progression, aussi bien sur le plan interne qu’externe. La valeur de ces titres poursuit son recul qui a atteint 7% depuis le début de l’année, alors que ces obligations étaient considérées comme bénéficiant d’une des meilleures notations au cours des crises successives qui ont secoué ces dernières années le monde de la finance.
Au niveau de la bourse de Beyrouth, les dix premiers jours de juin ont enregistré un double recul en termes de valeur et de volume des transactions boursières. Ceci reflèterait une volonté de vente d’actions détenues tant par les grands que par les petits boursicoteurs.
Liliane Mokbel