Pas de brouille pour Sleiman
Le président Michel Sleiman n’est brouillé avec personne, avec aucun responsable ou leader politique comme il l’a dit devant ses visiteurs. En réponse à une question sur sa relation avec le président Nabih Berry, il a confié que les visiteurs de Aïn el-Tiné lui transmettent toujours les salutations du président Nabih Berry, qui n’a plus pris le chemin du palais présidentiel pour des raisons d’ordre sécuritaire. Les relations avec le président de l’Assemblée ne sont pas tendues, a souligné le chef de l’Etat, tant qu’elles sont régies par la Constitution et définies en fonction des prérogatives prévues dans les textes. Pas de confusion donc, au niveau des responsabilités ou des pouvoirs, mais certaines prises de position plaisent ou déplaisent aux uns et aux autres, mais cela ne signifie pas l’existence de divergences. Le dernier mot revient aux textes, a conclu le chef de l’Etat.
Un sommet spirituel semé d’écueils
Après les derniers développements sur la scène locale, les contacts se sont intensifiés entre les hautes instances religieuses en vue de planifier la tenue d’un sommet spirituel pour faire face aux dangers qui menacent le Liban. Cependant, indiquent des observateurs politiques, la situation du mufti de la République, Mohammad Rachid Kabbani, et ses démêlés avec des parties politiques essentielles sur la scène locale et sunnite, ont tempéré les ardeurs des chefs religieux qui préfèrent attendre le règlement des litiges à Dar el-Fatwa avant l’organisation de ce sommet. Les échanges entre les membres du comité de dialogue islamo-chrétien se poursuivent en vue de préparer le sommet qui devrait se tenir, cette fois-ci, au siège de la communauté druze.
Visite reportée
Report de la visite du ministre grec des Affaires étrangères Dimitris Avramopoulos prévue la semaine passée au Liban. Celle-ci a été ajournée jusqu’au début du mois de juillet après l’accession de la Grèce à la présidence de l’Union européenne. Du côté de l’ambassade au Liban, les préparatifs vont bon train afin de mettre au point le programme de la visite du ministre qui rencontrera les trois présidents, ainsi que son homologue libanais Adnan Mansour et certains acteurs politiques. L’ambassadeur Katrina Boura estime que la visite du chef de la diplomatie de son pays à Beyrouth s’inscrit dans le cadre de l’appui d’Athènes aux institutions officielles et surtout à la présidence de la République et à ses options dont l’objectif est de garder le Liban à l’abri des répercussions de la guerre en Syrie.
Les trois dernières institutions
Trois principales institutions constitutionnelles légales continuent à fonctionner correctement au Liban, selon un récent rapport adressé par un diplomate occidental à son gouvernement, après la prorogation du mandat parlementaire et la paralysie du Conseil constitutionnel. Il cite en premier la présidence de la République qui demeure en vie grâce au bon sens et au rôle constructif et consensuel du président Michel Sleiman, en second, l’institution militaire qui garantit la stabilité sur le terrain, alors que les tiraillements politiques sont à leur paroxysme. Il mentionne enfin la Banque centrale qui demeure le pilier de la stabilité financière grâce à la bonne gestion du gouverneur Riad Salamé. Le rapport lance un appel à soutenir la légalité et à redynamiser les institutions.
Otages en Syrie: libération retardée?
Le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a récemment transmis aux responsables syriens une deuxième liste de 81 prisonnières que lui ont remise les ravisseurs des Libanais à Aazaz. La première comportait 342 noms de détenues à libérer par les autorités syriennes. D’après des sources responsables, le négociateur libanais, lors de la dernière réunion en Turquie consacrée aux otages, ne veut plus désormais participer au jeu des listes considérant que cette dernière annexe sera la dernière. Les autorités de Damas avaient reconnu détenir 171 femmes sur les 342 noms soumis, les autres étant inconnues et la liste comportant des doubles. Des milieux diplomatiques redoutent que la participation du Hezbollah aux batailles à Qoussair et les protestations organisées par les familles des otages, ainsi que les appels au boycottage des intérêts turcs ne retardent la libération des pèlerins retenus depuis plus d’un an.
Ashton annule deux rendez-vous
Annulation de deux rendez-vous initialement inscrits à l’agenda du chef de la politique extérieure et de la sécurité de l’Union européenne, Catherine Ashton, dans le cadre de sa visite à Beyrouth. Ainsi, les rencontres programmées avec le Premier ministre désigné, Tammam Salam, et avec le ministre des Affaires étrangères, Adnan Mansour, n’ont pas eu lieu par manque de temps. Ce dernier, fort dérangé par le comportement de la diplomate, a convoqué l’ambassadeur Angelina Eichhorst pour plus amples informations. Ce sont, paraît-il, des motifs d’ordre protocolaire auxquels se sont ajoutées des considérations politiques non divulguées par l’UE qui justifieraient l’annulation de la rencontre. Un diplomate occidental a expliqué que le poste d’Ashton est d’une catégorie supérieure à celui de ministre des Affaires étrangères. C’est pourquoi elle s’est contentée de rencontrer le président de la République Michel Sleiman, le chef de l’Assemblée Nabih Berry et le Premier ministre sortant Najib Mikati, ainsi que des enfants syriens déplacés dans les centres d’accueil. Les observateurs considèrent que la visite de la diplomate européenne au Liban visait à soutenir le chef de l’Etat et l’Armée libanaise.
Ali Hage à la tête des FSI?
Après le départ à la retraite du général Achraf Rifi, la direction générale des FSI est revenue par intérim au numéro deux, le général Roger Salem qui, lui aussi, aura atteint l’âge légal de la retraite à la fin du mois. Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, fait l’objet de pressions afin de nommer à cette fonction p.i. le général Ali Hage, qui est toujours en service, en sa qualité d’officier le plus haut gradé au sein des FSI. Le ministre Charbel explique que le général Hage est hors cadre, ayant été mis à disposition du ministre, aussi son «recadrement» nécessite l’émission d’un décret. Le général Hage est l’un des quatre officiers arrêtés suite à l’assassinat du président Rafic Hariri, alors qu’il était le directeur général des FSI à l’époque. Les milieux de l’Intérieur indiquent que c’est au général Ibrahim Basbous que reviendra le poste p.i. en attendant la nomination officielle d’un directeur général après la naissance du gouvernement.
Lettre syrienne à Baabda
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, a adressé une lettre via son ambassade à Beyrouth au président de la République, Michel Sleiman, justifiant les événements survenus à Ersal et dans la région, qui ont poussé le chef de l’Etat libanais à présenter ses plaintes. Selon des sources informées, la teneur de la lettre confirme l’attachement sans faille des hautes sphères syriennes au respect de la souveraineté du Liban et apporte des éclaircissements visant à rassurer le président Sleiman, mais elle ne comporte aucun mot d’excuse.
Nabih Berry mise sur Hassan Rohani
L’élection du cheikh Hassan Rohani qui succède au président Mahmoud Ahmadinejad à la tête de la République islamique d’Iran pourrait avoir une influence positive sur les relations sunnites/chiites au Liban, estiment les milieux proches de Aïn el-Tiné. Un changement qui peut contribuer à la reprise du dialogue entre le Moustaqbal et le Hezbollah et ramener la situation à la période d’avant Qoussair, c’est-à-dire à celle qui prévalait lors de la désignation du président Tammam Salam. Il semble que le président Nabih Berry est le premier à miser sur l’amélioration des relations entre Riyad et Téhéran, surtout qu’il a réalisé que ses timides tentatives pour initier un dialogue inter-musulman (sunnite-chiite) n’ont abouti qu’à une impasse. Tout dialogue ne peut progresser à l’ombre de la liaison existante entre la crise syrienne et la conjoncture libanaise.
L’impair protocolaire de Choucair
Impair protocolaire, manque de bienséance, ressentiment refoulé sur fond de conflit antérieur d’ordre de bonne gouvernance, quels que soient les motifs qui sous-tendent l’incident qui a ponctué le déjeuner-débat organisé par le RDCL et animé par le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), cet incident n’aura pas laissé l’audience indifférente. A la suite de l’intervention du gouverneur de la BDL Riad Salamé qui s’est égosillé à souligner «la nécessité de préserver les dépôts bancaires au Liban», affirmant que «la BDL avait prévu un taux de croissance entre 2,5% et 3% en 2013 mais ceci avant l’épisode sécuritaire de Saïda», le président de la CCIA de Beyrouth et du Mont-Liban, Mohammad Choucair, s’est permis de prendre le micro et de s’adresser avec un ton familier au gouverneur. Il lui a demandé textuellement «de dire toute la vérité à l’audience et de ne pas la bercer d’illusions avec des supputations de croissance de 3% et 4%», balayant au passage la prestation défaillante du cabinet démissionnaire de Najib Mikati. Si le gouverneur de la BDL a gardé son sang-froid, bien qu’indirectement il a été traité de menteur, les ministres Chakib Cortbaoui, Nicolas Nahas et Marwan Kheireddine sont sortis de leurs gonds. Le ministre Kheireddine s’est emporté et a qualifié les propos de Choucair d’irrespectueux, alors que Nahas lui a demandé vertement «de se taire en sa présence étant son ministre de tutelle». Quant à Cortbaoui, il lui a dit au micro qu’il n’avait pas le droit de parler politique dans ce cadre et qu’il est supposé être un homme d’affaires s’occupant de commerce. Le comble est que Choucair était assis à la table d’honneur.
Aoun en froid avec ses alliés chrétiens
Les députés du Metn Michel Murr, Sami Gemayel et Hagop Pakradounian se réunissent régulièrement pour échanger les points de vue en l’absence des députés du Bloc de la Réforme et du Changement (Ibrahim Kanaan, Salim Salhab, Nabil Nicolas, Edgard Maalouf, Ghassan Moukheiber…). Selon des sources informées, Pakradounian aurait émis le souhait, devant le général Michel Aoun, de voir le député Kanaan se joindre à ces réunions, mais le général a répondu par la négative. La relation entre le député arménien et Aoun, ajoutent les sources, est similaire à celle qui lie Sleiman Frangié à Aoun, se caractérisant par la tiédeur. La seule différence, c’est que Rabié veut bien faire preuve de compréhension à l’égard de la spécificité arménienne.
L’opération du Hezbollah au Nord aura-t-elle lieu?
Le phénomène des tirs d’obus dont le champ s’est étendu du Hermel vers la région de Baalbeck, interpelle des milieux informés proches du Hezbollah. Les roquettes proviennent du territoire syrien limitrophe au Liban et torpillent la sécurité et l’économie de Baalbeck, sans oublier qu’elles contribuent à alimenter le climat de tension communautaire. Cet état de fait incite le Hezb à réviser ses priorités en cette phase post-Qoussair, ajoutent ces milieux. Plutôt que de s’introduire à l’intérieur syrien, il pourrait exécuter une opération militaire au niveau de la ligne frontalière dans le double but d’enrayer la menace du pilonnage et d’éloigner le danger que représente la fitna à l’interne. Cette opération réclamée et acceptée par le public chiite de Baalbeck et Hermel sera une opération «derrière les frontières» dont l’objectif se résume à contrôler la frontière libano-syrienne avec ce que cela implique en termes d’extension de ce contrôle sur nombre de villages syriens – situés sur l’axe frontalier au nord de la Békaa s’étendant sur quelque 70 km -, qui sont sous l’emprise de l’opposition syrienne (il s’agit des bourgades syriennes qui font face aux villages libanais de Ham et Maaraboun, et au village libano-syrien du Tfeil, ainsi que les régions limitrophes du jurd entre Ersal et Nabi Chit jusqu’aux collines est qui dominent les régions du Rif de Damas à partir de l’axe Sergaya-Yabroud Zabadani).