En pointillé…
Au moment où les pays de la région connaissent une montée en puissance des mouvements islamistes, il semble que la province irakienne du Kurdistan adopte une voie opposée. En effet, son président Massoud el-Barzani devrait proposer un amendement de la Constitution visant à introduire le principe de laïcité. Des analystes à Arbil ont noté que le parti de Barzani proposera très bientôt un amendement à l’article 6 de la loi fondamentale, qui considère l’islam comme la source principale de législation. Dans cette bataille, Barzani ne pourra pas compter sur l’autre leader historique kurde, le président Jalal Talabani, qui refuse toute tentative visant à diminuer le rôle de l’islam au sein de l’Etat. Entre-temps, les partis d’opposition islamistes s’organisent et promettent de mener une bataille sans relâche contre leur président.
Tourabi accuse
Le secrétaire général du Congrès populaire, le docteur Hassan el-Tourabi, vient de lancer une attaque très virulente contre son ancien allié, le président Omar Hassan el-Bachir. D’après le leader islamiste, tout Soudanais doit contribuer à la chute «du régime corrompu de Bachir, qui se prétend être islamiste mais n’a en réalité aucun lien avec l’islam». Tourabi, qui connaît bien le président actuel puisqu’il était son ancien mentor, a ajouté que le chef de l’Etat a perdu la raison et qu’il est devenu fou. Bachir, qui ne tolère d’habitude aucune critique, n’a cependant pas réagi face à ces propos et a préféré garder un silence total. Il faut dire que son état de santé et les divisions au sein de son gouvernement le rendent plus faible que jamais.
Le Hamas se défend
Depuis de longues semaines, le front de Gaza est calme, trop calme même, selon certains observateurs qui accusent le mouvement palestinien Hamas d’avoir signé un accord secret avec l’Etat hébreu. Ces observateurs assurent qu’une unité spéciale chargée de démanteler tout missile visant le territoire israélien a été formée et qu’elle compterait 600 éléments. Faux d’après Mahmoud el-Zahhar, le leader du Hamas, qui prétend que l’accord de cessez-le-feu s’applique seul et sans que les islamistes n’aient à intervenir. Difficile de croire ces propos puisque le mouvement de Khaled Mechaal contrôle la bande de Gaza d’une main de fer et rien ne s’y passe sans son aval.
Hicham Zazou ministre égyptien du Tourisme a refusé la nomination de Adel Assaad el-Khayyat au poste de gouverneur de Louksor. Le choix de Khayyat, connu pour être un membre influent de la Jamaa islamiya, un groupe responsable du massacre de dizaines de touristes en 1997 tout près de ruines pharaoniques à Louksor, avait choqué les principaux agents du secteur touristique dans le pays. C’est ce qui explique la colère de Zazou, qui a demandé au Premier ministre Hicham Kandil de choisir entre lui et le gouverneur. Il a finalement eu le dernier mot.
Naftali Bennett ministre israélien du Commerce, vient de dire tout haut ce que son Premier ministre, Benyamin Netanyahu, pense tout bas: il n’y aura jamais d’Etat palestinien. Le ministre d’extrême droite, qui s’adressait à des colons, a ajouté que «l’idée de voir naître un Etat palestinien est dépassée. Il ne faut pas que nous fassions un tel sacrifice. Après tout, c’est notre maison et nous vivons ici. Il n’y aura pas d’Etat palestinien chez nous». Ces propos très durs du chef du parti Foyer juif, n’ont cependant choqué personne en Israël. Seul le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a mollement protesté, considérant que les propos de Bennett visaient à détruire les efforts du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, qui tente de relancer les négociations de paix entre Palestiniens et Israéliens. Avec une telle mentalité israélienne, ce ne sera pas chose facile.
Les Tunisiens appelés au jihad
Le Pays des Jasmins est confronté à un problème de taille: la mort et la disparition de centaines de ses jeunes gens dans les combats qui font rage en Syrie entre forces loyalistes et rebelles. Pendant que la classe politique tente de trouver un moyen légal pour empêcher les jihadistes tunisiens de se rendre au Pays des Omeyades, le chef du mouvement Ennahda, Rached el-Ghannouchi, a jeté un caillou dans la mare. Questionné sur l’appel lancé par le cheikh Youssef el-Qaradaoui à soutenir le jihad en Syrie avec des armes, des hommes et de l’argent, il a donné une réponse évasive. En effet, cheikh Ghannouchi n’est autre que le vice-président de l’Union internationale des ulémas musulmans, dirigée par Qaradaoui, et à ce titre, il ne peut que suivre les ordres de son chef. Cette situation embarrasse le mouvement islamiste Ennahda au pouvoir depuis deux ans.
Saleh découvre la démocratie
L’ancien président yéménite, Ali Abdallah Saleh, vient de créer une page Facebook sur laquelle il intervient personnellement pour répondre à ses détracteurs et saluer ses partisans. Saleh, qui avait pris le pouvoir par la force, avait gouverné le Pays du Qat d’une main de fer pendant plus de trente ans. Mais ces temps sont bien révolus et il semble que l’ancien président ait tourné la page, adoptant une nouvelle approche envers ses adversaires. Ainsi, les commentaires négatifs et les attaques personnelles ne sont pas retirés. Bien au contraire, Saleh trouve un plaisir à communiquer directement avec ceux qui lui en veulent le plus. Pourtant, cette remise en question tardive ne convainc personne au Yémen, car tout le monde se souvient de la façon avec laquelle les services de sécurité traitaient les citoyens et les opposants politiques tout au long de son règne. Une période noire dans l’histoire du pays, durant laquelle des centaines, voire des milliers d’activistes politiques, ont été torturés ou tués.
Un ministre mal en point
Depuis sa nomination ministre égyptien de la Culture, Alaa Abdel-Aziz n’a pas cessé de susciter des polémiques. Selon des sources bien informées, ce responsable au sein de la Confrérie des Frères musulmans compte purement et simplement bannir le ballet, qu’il considère comme anti-islamiste. Face aux protestations des employés du ministère contre ses décisions prises à la hâte, Abdel-Aziz a riposté en les limogeant, sans autre forme de procès. Les intellectuels égyptiens ont, eux aussi, exprimé leur colère en imposant pendant plusieurs jours un blocus autour du ministère, exigeant le départ du ministre jugé «rétrograde». Pour sa part, le Premier ministre, Hicham Kandil, refuse de sacrifier son ministre, assurant qu’il jouissait toujours de son entière confiance. Pour enfoncer le clou, Abdel-Aziz a voulu montrer qu’il contrôlait toujours la situation en remplaçant le tout-puissant chef de l’Opéra national.
Hamdallah jette l’éponge
La décision de Rami Hamdallah de quitter son poste de Premier ministre de l’Autorité palestinienne a surpris la classe politique, car ce bureaucrate, respecté de tous, était présenté comme porteur d’un nouvel espoir pour le peuple palestinien. Or, Hamdallah a appris très vite qu’en politique tous les coups sont permis. En effet, le président Mahmoud Abbas avait désigné deux vice-Premiers ministres sans même consulter son chef de gouvernement qui n’a pas du tout apprécié cette insulte et a exigé d’obtenir les pleins pouvoirs pour former son équipe, sinon il présenterait sa démission. Il pensait être en position de force vu que Ramallah cherchait depuis plusieurs semaines un remplaçant à Salam Fayyad. Un coup de poker qui lui a coûté très cher, puisqu’Abou Mazen a accepté sa démission sans remords ni regrets. Face à ce spectacle déplorable, les leaders du Hamas se frottent probablement les mains.
Erdogan cherche un bouc émissaire
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui donnait des leçons de démocratie aux leaders arabes, est tombé dans le même piège que ces derniers après l’éclatement de la révolte populaire place Taksim. Ainsi, après avoir accusé les manifestants d’être des «saboteurs», des «pillards» et des «extrémistes», il vient de trouver un nouvel ennemi: l’Union européenne. Selon lui, les critiques qui ont émané de Bruxelles sont intolérables et constituent une ingérence directe et inacceptable dans les affaires internes turques. Il menace donc de rompre les liens avec l’UE, notamment avec l’Allemagne, à qui il a lancé un message fort en demandant à l’ambassadeur de Turquie à Berlin de rentrer au pays en signe de protestation. Cette analyse n’est pourtant pas partagée par le chef de l’opposition, Kemal Kilicdaroglu, qui a envoyé une lettre d’amitié à la chancelière Angela Merkel.
37000 viols ont été commis dans la région de Rif Damas ces deux dernières années. Selon les organisations des droits de l’homme, les belligérants utiliseraient le viol comme moyen de pression afin d’intimider et d’humilier l’adversaire. Pire encore, dans cette même région, plus de mille femmes ont été enlevées et sont exploitées comme esclaves sexuelles, une pratique courante chez les jihadistes dont les principaux leaders religieux avaient émis plusieurs fatwas tolérant de tels actes lors du jihad. Ces mêmes organisations notent que plus de 20000 cas d’enlèvements de jeunes femmes à travers le pays ont été enregistrés auprès de l’Onu, une situation dramatique qui menace l’avenir de la société syrienne, même après la fin du conflit armé qui dure depuis plus de 26 mois et qui a causé la mort de 100000 personnes, en majorité des civils, car les deux camps utilisent les armes lourdes sans accorder nulle importance aux pertes collatérales. Triste constat dans un pays qui n’avait jamais connu de telles atrocités à travers son Histoire.
400 millions de dollars devront être versés par le groupe pétrolier français Total au gouvernement américain. Son crime? Avoir obtenu des contrats en Iran grâce à des pots-de-vin payés à de hauts responsables au sein de la République islamique, estimés à près de 60 millions de dollars. Cette affaire, qui remonte aux années 90, traînait devant les tribunaux. Mais le groupe français, poursuivi par le Trésor de l’Oncle Sam, voulait en finir une fois pour toutes avec cette affaire et a finalement accepté de trouver un accord à l’amiable avec les autorités américaines. En échange, Washington a promis de mettre un terme à tous les procès en cours, préférant tourner la page sur un malentendu qui empoisonnait les relations amicales entre la France et les Etats-Unis. Tout est bien qui finit bien.