Magazine Le Mensuel

Nº 2875 du vendredi 14 décembre 2012

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

 

Kikhia trouve enfin la paix
Mansour Kikhia, enlevé en 1991 au Caire par des agents du régime libyen de Mouammar Kadhafi, et qui n’avait plus donné signe de vie depuis cette époque, a été assassiné. Les rumeurs les plus folles couraient sur son sort et sa famille s’accrochait à l’espoir de le revoir en vie. Mais sa mort a été confirmée par des tests ADN menés sur des cadavres trouvés dans le jardin d’une villa à Tripoli qui appartenait à des hommes de l’ancien régime. Les autorités libyennes ont informé sa famille toujours en exil de leurs conclusions et le corps de Kikhia a pu enfin être inhumé au retour de ses proches au pays.  

 

Le Qatar, un exemple de démocratie!
L’Etat du Qatar, qui soutient frénétiquement les révolutions arabes, semble n’avoir nullement l’intention d’adopter, lui-même, un système plus démocratique. Selon les organisations internationales des droits de l’homme, les autorités de Doha arrêtent arbitrairement les opposants et les jettent en prison sans aucun jugement. Dernier exemple, le cas du poète Mohammad el-Ajami qui avait osé critiquer l’émir Hamad Ben Jassem Al Thani et qui devra rester derrière les barreaux jusqu’à la fin de ses jours. Les gouvernements occidentaux, quant à eux, font semblant de ne rien voir, puisqu’après tout, le Qatar est un grand investisseur qu’il ne faut surtout pas fâcher.

Nesrine Stoudah l’avocate iranienne détenue depuis 2010 et qui purge une peine de prison de dix ans pour avoir «conspiré contre le régime», vient de remporter le bras de fer qui l’opposait aux autorités. En effet, le gouvernement avait interdit à sa fille Mehrawa, âgée de 13 ans, de quitter la République islamique. Furieuse, sa mère a observé une grève de la faim de 49 jours et ce n’est que suite à la décision de permettre le départ de sa fille qu’elle a annoncé avoir mis fin à son jeûne forcé. L’activiste, proche du leader de l’opposition Mir Hossein-Moussavi, avait eu le privilège de s’entretenir avec son mari. Un petit pas en avant.

Ayman Zeidan l’acteur syrien rendu célèbre par son rôle mythique dans Jamil et Hana et connu pour être proche du régime syrien, vient de déclarer qu’il n’avait pas l’intention de rentrer au pays. Cet ancien député qui, au début de la révolte, avait affiché publiquement son soutien au président Bachar el-Assad, considère désormais que la situation dans son pays était insupportable, préférant ainsi rester au Caire jusqu’à nouvel ordre. Une autre grande star de la télévision syrienne, Sulaf Fawakhirji, elle aussi supporter du président Assad, a été menacée de mort par les rebelles.

 

En pointillé…
Le président américain, Barack Obama, ne semble pas prêt à adopter des mesures sévères contre l’Iran, malgré l’agacement, voire l’incompréhension de certains de ses alliés et surtout des responsables israéliens. Suite aux nouvelles propositions du Premier ministre, Benyamin Netanyahu, suggérant le durcissement des sanctions contre l’Iran à des niveaux jamais atteints auparavant, Obama a dit non. La Maison-Blanche aurait même prévenu le Congrès américain, à majorité républicaine, que même si de nouvelles sanctions étaient adoptées, elles ne pourraient pas mettre un terme au programme nucléaire iranien. Des experts notent que le président, fraîchement réélu, souhaite trouver un accord à l’amiable avec Téhéran, permettant de contrôler les activités nucléaires iraniennes sans devoir recourir à la force. Ce ne sera certes pas chose facile!

 

 

 

La Chine ne soutient pas Assad
Pékin, qui a depuis le début de la crise syrienne soutenu le régime de Damas et utilisé à plusieurs reprises son droit de veto au Conseil de sécurité avec son allié russe pour défendre le président Bachar el-Assad, semble vouloir changer de cap. Selon les diplomates chinois, le monde n’a pas compris la véritable position chinoise, poussant les plus hautes instances du parti communiste à ordonner à des professeurs d’universités de visiter les pays arabes pour clarifier le point de vue de Pékin. Ainsi, plusieurs professeurs et hommes de lettres chinois se sont rendus à Doha, se sont entretenus avec des journalistes arabes pour expliquer que Pékin n’avait jamais soutenu les régimes arabes en place contre les révolutions populaires. Mais pour convaincre, il faudra que leur ambassadeur à New York s’abstienne de voter au cas où une nouvelle résolution concernant la Syrie était présentée. Feuilleton à suivre.

 

 


Juba sur les pas de Khartoum
Le gouvernement sud-soudanais démocratiquement élu semble avoir pris les mauvaises habitudes du voisin du Nord. En effet, le bloggeur Diing Awuol vient d’être retrouvé mort dans son appartement dans des circonstances mystérieuses. Connu pour ses critiques du président Salva Kiir et du gouvernement, il a fini par recevoir une balle dans la tête après avoir été menacé et arrêté par la police durant les derniers mois à plusieurs reprises. Son crime, avoir encouragé le Sud à ouvrir une nouvelle page avec le Nord et surtout sa demande à Juba de cesser de financer et de soutenir les rebelles dans la province de Kordofan. Ces pratiques mafieuses ne confèrent au président Salva Kiir et à ses assistants aucune respectabilité dont ils ont pourtant besoin sur la scène internationale.

 

Washington et Téhéran enfin d’accord
Les différends entre les Etats-Unis et la République islamique d’Iran sont bien connus, mais les deux parties sont d’accord sur un dossier particulier: l’Irak. En effet, le gouvernement à Bagdad, allié de Washington et de Téhéran, semble être une nécessité pour les deux capitales. Voilà pourquoi chaque fois que Nouri el-Maliki paraît traverser une mauvaise passe, les responsables des deux pays se précipitent à sa rescousse. En conflit avec Erbil, le gouvernement à Bagdad a vu son allié régional et son autre allié international, lui suggérer de résoudre à l’amiable sa rivalité avec les Kurdes car il n’était pas dans son intérêt de perdre à jamais leur soutien. Washington, qui s’était allié avec la majorité chiite, ne veut pas voir les sunnites reprendre le pouvoir, ce qui expliquerait son soutien sans faille au très contesté Nouri el-Maliki.

Rien ne va plus à Ankara
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a exercé des pressions énormes pour s’assurer que son ami et allié, Mehmet Oglu, soit élu chef du comité chargé d’assurer le respect des droits de l’homme et des libertés. Mais à peine élu, l’ami d’Erdogan pourrait jeter l’éponge face aux critiques grandissantes à son égard car, selon l’opposition, il n’est pas apte à occuper un tel poste puisqu’il est «le pion du Premier ministre». Ce sont surtout les laïcs qui ont vécu cette nomination comme une provocation, car Oglu a tenu à marquer dans son curriculum vitae présenté au Parlement qu’il ne fumait pas et ne buvait pas d’alcool! Cet ancien juge, qui avait ordonné l’arrestation dans le passé d’un journaliste d’origine arménienne pour avoir osé évoquer le génocide, se trouve dans une position délicate et la porte de sortie semble être sa seule issue.

Nouveau wali pour le Yémen
Le pays du qat, qui avait tenu tête au tout puissant Empire ottoman et avait réussi à conserver son indépendance, fait face à une situation très surprenante. En effet, l’envoyé onusien, Jamal Ben Omar, vient de se voir accorder les pleins pouvoirs pour «mener à bien le dialogue national». Or le président Abd Rabo Mansour Hadi avait été élu pour garantir que les acteurs politiques réussissent à trouver un consensus. Et pour rendre la situation encore pire, Ben Omar, soutenu par les pays du Golfe, semble prendre parti contre certaines factions yéménites, notamment les séparatistes du Sud. Or, son impartialité était l’un de ses principaux atouts. Sans elle, ses efforts et ses pressions n’aboutiront à rien. C’est ce qui explique d’ailleurs les voix qui se sont élevées à Aden pour demander que Ben Omar se souvienne qu’il représente les Nations unies et non Doha et Riyad, deux des acteurs principaux sur la scène yéménite interne. L’ambassadeur américain à Sanaa, quant à lui, se réjouit sans doute de ce retournement de situation!

4000 dollars est le revenu annuel moyen de chaque citoyen irakien pour l’année 2012. Ce chiffre est ridicule vu que le pays est très riche en pétrole, mais la corruption qui existe à tous les échelons de l’Etat ne permet pas à l’économie locale de se développer. La corruption semble pire que sous le régime de Saddam Hussein, puisque l’ancien gouverneur de la Banque centrale est accusé de blanchiment d’argent, pendant que les proches du Premier ministre irakien sont accusés d’avoir touché des millions de dollars en pots-de-vin grâce à des contrats militaires signés avec la Russie durant les dernières semaines. Résultat, le taux de chômage s’élève à plus de 35% à travers le pays, alors que les citoyens irakiens souffrent d’une pénurie d’eau et d’électricité.

900 millions de dollars est le montant des comptes en banque revenant à des officiels sous le régime de Hosni Moubarak et qui ont été confisqués par le gouvernement suisse. L’ancien raïs, sa femme et ses deux enfants, viennent en tête de la liste, ainsi que d’autres responsables de l’ancien Parti national démocratique. Les autorités suisses ont ajouté que des investigations avaient été lancées pour déterminer l’existence d’autres comptes tenus secrets et cela à la demande du gouvernement égyptien qui assure que plus de 20 milliards de dollars ont été déposés par les proches de Moubarak dans les banques helvètes. Un processus qui pourra durer plusieurs années, ce qui n’a pas plu du tout à Hicham Kandil et à son président Mohammad Morsi, qui ont besoin de ces fonds pour relancer l’économie égyptienne qui traverse les pires moments de son histoire. En effet, la bourse du Caire est en chute libre alors que les réserves en dollar sont au plus bas. Il faut dire que les islamistes ne sont pas doués pour les finances.

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