Une large étude concernant l’alimentation a été conduite sur six ans et vient bouleverser un grand nombre d’idées reçues. Les résultats suggèrent qu’une alimentation végétarienne influence la durée de vie. Ce type de régime alimentaire diminuerait le risque de contracter certaines pathologies et permettrait la longévité. Zoom in.
Des chercheurs américains de l’Université de Californie ont voulu déterminer l’effet d’une alimentation végétarienne sur la durée de vie. Pendant près de six ans, ils ont suivi plus de 73 000 personnes, hommes et femmes confondus, appartenant au même groupe religieux, les adventistes, comprendre adeptes d’une alimentation sans viande. Certains fidèles sont cependant omnivores, alors que les autres sont végétariens.
Selon les instigateurs, le risque de décès chez les végétariens était 12% moins important que chez les omnivores. Ce régime alimentaire protégerait mieux contre les maladies cardiaques, mais aussi contre les pathologies rénales et hormonales. L’avantage serait cependant plus marqué chez les hommes. Ces derniers gagneraient jusqu’à sept années supplémentaires que chez les femmes qui, elles, verront leur espérance de vie augmenter de quatre années.
Pour Naji, 38 ans, végétarien depuis 2001, c’est évident! «Il est logique que l’on vive mieux et plus sainement sans viande, du moins sans trop de viande». Naji a décidé de stopper sa consommation de chair animale – exception faite du poisson – quand il a fait «le lien entre cet objet rouge que nous nous procurons à la boucherie de manière tout à fait banale et l’animal, être vivant, que l’on tue pour assouvir nos plaisirs gustatifs». «J’avais déjà vu des actes dégoûtants, raconte-t-il, tels que, entre autres, des bouchers qui dépècent les carcasses en s’appuyant avec leurs bottes bien sales sur les steaks que nous mangeons». Mais c’est en voyant une vache qui venait de se faire égorger et qui voulait désespérément crier et se débattre, qu’il décide de devenir végétarien. «Comme si elle voulait crier: ‘‘Non, je veux vivre’’. Tout comme le petit veau qui regardait la scène». «Serions-nous capables, pour manger, de tuer une vache que nous aurions élevée?», se demande-t-il. «Le problème, selon Naji, c’est que la majorité des carnivores ne font pas le rapprochement. La viande est devenue un objet comme tant d’autres et nous éteignons notre conscience pour se la procurer».
Pour ce jeune homme, notre système digestif n’est pas fait pour supporter une consommation de viande excessive. «Cela fait douze ans que je me fais des recherches sur le sujet. Rien ne prouve que nous sommes faits pour manger beaucoup de viande. Bien au contraire. Un médecin nous a montré un intestin d’un végétarien et un autre d’un carnivore. Je peux vous garantir que celui du carnivore était très abîmé. La viande que nous mangeons aujourd’hui n’est pas celle que nos ancêtres chasseurs-nés consommaient. La viande est actuellement bourrée d’hormones et d’antibiotiques. Serait-ce sain? Et puis nos dents, pourquoi n’avons-nous pas beaucoup de canines mais plus de dents pour broyer? Je vous laisse méditer!», lâche-t-il, très convaincu de son mode de nutrition.
C’est que Naji a fait plein de recherches… et ne cache pas les résultats. «L’organisme du porc, explique-t-il, est à 98% similaire au nôtre. On peut greffer un rein de porc en cas de besoin. Un individu qui mange une seule fois de la viande de porc et son sang aurait toute sa vie une appétence énorme à la chair animale. Le sang est la substance la plus addictive. Depuis que je suis végétarien par exemple, je n’ai plus jamais eu envie de manger du bœuf ou d’autres viandes rouges. En revanche, celle qui ne quitte jamais mon esprit et qui me tente toujours, c’est la viande de porc. Il n’y a pas un jour sans que je pense à une tranche de bacon sans saliver, mais je résiste». «La vie d’une vache doit servir à quelque chose; le plaisir de mon palais n’est pas une bonne raison, du moment où je peux manger, sainement, sans avoir à tuer quoi que ce soit. Il est possible de vivre en meilleure santé, en ne mangeant que ce que la nature nous offre, à savoir les légumes, les fruits et les graines».
Côté nutrition?
Pour un grand nombre de nutritionnistes, devenir végétarien n’est pas chose facile. Un régime strict est indispensable pour combler les manques de la viande. Sept conseils utiles pour ceux qui veulent faire le saut:
♦ Combiner les protéines: il ne suffit pas de troquer le filet mignon contre une tranche de tofu grillé! Il est essentiel d’aller chercher une quantité suffisante de protéines ailleurs. «C’est important, pour y arriver, de compléter les protéines et d’en inclure à tous les repas», souligne la nutritionniste Geneviève Nadeau, sur le site plaisirs santé. Les légumineuses accompagnées de céréales permettent d’aller chercher ce dont le corps a besoin. Des craquelins trempés dans de l’humous, par exemple, constituent une combinaison gagnante ou bien un spaghetti nappé d’une sauce tomate et lentilles feront aussi l’affaire!
♦ S’informer sur les vitamines et les nutriments: avant de passer du monde animal au monde végétal, il faut prendre le temps de s’informer. Un nutritionniste peut donner des informations sur les vitamines et les nutriments qui peuvent manquer.
♦ Essayer des recettes internationales: «Il serait intéressant de sortir de sa zone de confort et de découvrir ce que mettent les autres peuples dans leurs assiettes», estime le nutritionniste Hubert Cormier sur plaisirs santé. L’Inde, aux mille saveurs, est le pays qui regroupe le plus de végétariens au monde. Pour les amateurs d’épices, la cuisine indienne est idéale. Le tofu servi dans les restaurants vietnamiens et thaïs peut également inspirer quelques recettes. Il ne faut pas non plus hésiter à ajouter des œufs dans la nourriture, comme en Chine.
♦ Combler les besoins énergétiques: ce n’est pas facile! La consommation d’aliments à faible densité énergétique, comme les légumes et les fruits, en est responsable. «Pour combler ses besoins protéino-énergétiques, il ne faut pas hésiter à cuisiner avec des matières grasses comme l’huile d’olive», suggère Hubert Cormier. La cuisine libanaise est donc elle aussi propice à ce mode de nutrition. «Il faut privilégier les aliments qui ont une plus grande densité énergétique comme les craquelins ou les barres de céréales».
♦ Ne pas oublier la vitamine D: la vitamine D, ou vitamine Soleil, est vitale pour la santé des os et joue un rôle important dans l’absorption du calcium. Il faut consommer des produits laitiers et des boissons de soja enrichies. S’exposer environ 15 minutes par jour au soleil fournit un apport quotidien suffisant en vitamine D.
♦ Maximiser l’absorption de fer: les végétariens peuvent facilement développer des carences en fer s’ils ne compensent pas l’arrêt de la viande. Il est important de choisir des aliments riches en fer comme les noix, les graines, le tofu, les boissons de soja et les légumes verts. Geneviève Nadeau met en garde! Ne pas consommer trop de fibres. «Les fibres, c’est comme une éponge, ça ralentit l’absorption du fer». Il faut privilégier la vitamine C qui permet d’optimiser l’assimilation de fer.
♦ Choisir un bon restaurant végétarien: le végétarisme est un régime de plus en plus à la mode et les restaurants suivent le rythme. Des options végétariennes figurent désormais sur tous les menus, même si elles ne contiennent pas toujours les cinq groupes alimentaires. Petite astuce: un mélange de noix est à emporter partout!
Anne Lobjoie Kanaan