Magazine Le Mensuel

Nº 2904 du vendredi 5 juillet 2013

Confidences Liban

Confidences Liban

Saïda reprend son souffle
La rue sunnite est en ébullition à la suite des récents développements à Saïda et du démantèlement du périmètre de sécurité du cheikh Ahmad el-Assir à Abra. Les rumeurs sur la participation aux combats de civils relevant des brigades de la Résistance, comme l’avancent des notables de Saïda, n’ont fait qu’alimenter la colère de la rue sunnite, selon des rapports parvenus aux responsables. Le directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim a été dépêché à Saïda en tant qu’émissaire du chef de l’Etat pour rencontrer les notables de la ville dont la députée Bahia Hariri à qui le général a transmis, outre les salutations du président Michel Sleiman, sa vive condamnation des actes d’intimidation dont elle a été la cible. En vue d’apaiser le climat tendu, Hariri a réclamé l’évacuation des appartements occupés par les brigades de la Résistance, ce que le général Ibrahim a réussi à faire en confiant les appartements à l’origine du conflit à l’Armée libanaise.

Connelly à Rabié
Lorsque Maura Connelly, ambassadeur des Etats-Unis à Beyrouth, s’est pointée à Rabié chez le général Michel Aoun, les milieux du 14 mars étaient fort surpris, surtout que la visite s’est prolongée pendant une heure. La rencontre telle que présentée par les milieux de l’ambassade est à inscrire au registre des contacts que la diplomate entreprend avec les divers leaders locaux, mais les observateurs estiment que la réunion avec le général Aoun n’est pas anodine, elle serait liée à ses récentes positions dans lesquelles il prend ses distances à l’égard de ses alliés du 8 mars dont le Hezbollah. Cela a commencé avec le projet de loi orthodoxe qui a jeté un froid entre le Courant patriotique libre (CPL) et le président Nabih Berry, en passant par la prorogation du mandat parlementaire jusqu’aux dissensions avec le Hezbollah apparues au grand jour lorsque le ministre Gebran Bassil a critiqué l’implication du parti chiite en Syrie et son appui à la reconduction du mandat du commandant en chef de l’armée, Jean Kahwagi. La visite de Bassil à l’ambassadeur d’Arabie, Ali Awad Assiri, a été perçue comme un message de Aoun à ses alliés. L’ouverture d’une nouvelle étape entre les aounistes et le royaume wahhabite n’est pas à écarter.

Joumblatt, le modérateur
La formation du nouveau gouvernement bute toujours sur la position du député Walid Joumblatt qui n’est toujours pas convaincu des bienfaits de la mise à l’écart du tandem chiite. Le leader de la Montagne confie à ses visiteurs que le Hezbollah ayant été le vainqueur de la bataille de Qoussair, il est impératif de lui céder le tiers de blocage qu’il réclame, estimant qu’on ne peut l’éliminer sous aucun prétexte. Ainsi, Taymour Joumblatt, le ministre Waël Bou Faour et le député Nehmé Tohmé ont mis le cap sur Riyad où ils se sont entretenus avec l’émir Saoud el-Fayçal et le chef des services de renseignements, Bandar Ben Sultan. Mais le ministre des Affaires étrangères, Saoud el-Fayçal, avait devancé la délégation joumblattiste en faisant une déclaration accablante pour le Hezbollah qu’il a accusé d’assassiner des citoyens syriens. Une déclaration qui semble apporter une réponse saoudienne claire à ceux qui sollicitent l’intervention du royaume pour amener le 14 mars à accepter de siéger dans un même cabinet avec le Hezbollah. L’ex-Premier ministre, Saad Hariri, a, lui aussi, préféré patienter en attendant une éventuelle modification de l’équilibre des forces locales. Les responsables saoudiens ont donc fait savoir à leurs visiteurs que la composition du gouvernement libanais était une affaire strictement locale!

Le Hezb contrarié par les ex-Premiers ministres
Le communiqué publié par les ex-Premiers ministres convoqués au Sérail par le président Najib Mikati après les récents événements à Saïda a contrarié le Hezbollah, comme le rapportent des sources du 8 mars, surtout que le communiqué, qui dénonçait une sécurité à deux vitesses et réclamait le démantèlement des appartements en face de la mosquée Bilal Ben Rabah, portait les signatures des présidents Salim Hoss et Omar Karamé. De plus, le texte faisait allusion à la participation du Hezb aux batailles. Le parti chiite a réagi en menant une campagne opposée à celle dont il fait l’objet de la part du 14 mars. Il a livré les appartements qu’il occupait à l’armée et envoyé un message de désapprobation aux présidents Hoss et Karamé.

Le Hamas retient ses combattants
Rôle essentiel du mouvement Hamas pour contenir la situation dans le camp de Aïn el-Heloué et empêcher les combattants de prendre les armes contre l’Armée libanaise. L’appel téléphonique de Khaled Machaal au président Nabih Berry, ainsi que le contact entre le responsable palestinien et le président Najib Mikati ont réussi à neutraliser le camp et à le maintenir hors du conflit interlibanais. Ceci, à l’heure où le Hamas déploie des efforts évidents pour ne pas s’impliquer dans la guerre syrienne malgré la sympathie qu’il éprouve pour les groupes opposants. Le mouvement palestinien a non seulement perdu les excellentes relations qu’il entretenait avec Damas, mais son positionnement sur la Syrie s’est également répercuté sur ses relations avec Téhéran et le Hezbollah, et a entraîné l’apparition timide de quelques contestations au sein de son commandement et de son assise populaire.

Les islamistes révisent leurs plans
Pas de dégradation en vue à Tripoli mais plutôt une stabilité relative, prédisent certains observateurs. Les islamistes, disent-ils, sont amenés à réviser leurs plans après l’intervention de la troupe à Saïda qui a pris le contrôle suite à l’obtention d’un feu vert local, régional et international, au soutien de la majorité des Libanais et à la couverture que lui ont apportée des leaders politiques et religieux sunnites. Les islamistes de Tripoli réalisent que le moral de l’armée est à la hausse et qu’elle n’hésitera pas à décimer tout phénomène similaire à celui d’Ahmad el-Assir.

Satisfaction mitigée des Américains
Un rapport parvenu à un responsable révèle la réaction des différents pays quant aux accrochages de Abra. Tout le monde a apprécié le professionnalisme dont l’armée a fait preuve, malgré le nombre de martyrs tombés sur le champ d’honneur. L’action de la troupe a été bien accueillie par les milieux américains surtout que le mouvement politico-militaire du cheikh Ahmad el-Assir était clairement lié aux courants jihadistes qui s’activent en Syrie et en Irak. Alors que le secrétariat d’Etat aux Affaires étrangères américain a dénoncé toute agression contre l’armée, le Pentagone est resté muet et n’a publié aucun commentaire. C’est en fait avec un sentiment mitigé que les deux institutions à Washington ont réagi à cause des liens existant entre les événements de Saïda et ceux qui se déroulent en Syrie.

Fateh-Hezbollah: le rapprochement
Depuis que rien ne va plus entre le Hamas et le Hezbollah sur fond de discorde autour de la crise syrienne, les relations entre le parti chiite et le Fateh connaissent une nette amélioration. C’est que le mouvement palestinien a opté pour un centrisme relatif à ce sujet, malgré ses dissensions historiques avec le régime syrien. Le Hezbollah ne cache pas son ouverture sur le Fateh à tous les niveaux, un rapprochement qui s’est traduit par des rencontres et des réunions bilatérales, et une couverture médiatique des activités du mouvement palestinien par les médias du Hezb.

 

 

Attentats et explosions annoncés
Des agressions terroristes incluant assassinats et explosions seraient en voie de préparation par des groupes terroristes liés à al-Qaëda, selon des rapports sécuritaires détaillés. Ces rapports, parvenus aux hautes instances depuis plusieurs semaines, contiennent des noms et des plans visant non seulement des personnalités politiques, mais aussi des lieux publics. La source qui véhicule ces informations pense que les obus sur Dahié et les rampes de missiles à Ballouné (Kesrouan), ainsi que les assassinats de civils dans le jurd de la Békaa-Nord et les explosions de la Békaa centrale s’inscrivent dans le cadre de l’action menée par ces groupes radicaux. La montée du terrorisme au Liban serait due, ajoute la source, à l’arrivée sur son territoire de groupes syriens et palestiniens qui bénéficient d’un appui local dans plus d’une région. Pour mettre un terme au terrorisme qui tente de modifier le paysage politique national, la source souligne l’importance d’un consensus pour la gestion des divergences entre les mouvements du 8 et du 14 mars. Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a révélé détenir des informations sur l’exécution d’éventuels attentats et explosions sur le territoire et a appelé sayyed Hassan Nasrallah et le président Saad Hariri à se rencontrer pour éviter de plus amples tiraillements.

 

Les salafistes contre le Moustaqbal
Un militant du Moustaqbal affirme que «le président Saad Hariri est piégé par le parti islamique Tahrir et par certains groupes salafistes présents à Tarik Jdidé, dont les éléments terrorisent les forces sunnites modérées à Beyrouth et dans les régions». Il révèle que lors du «vendredi de la colère», organisé le 28 juin, le président Hariri a été violemment critiqué pour avoir soutenu le renouvellement du mandat du commandant en chef de l’armée, qualifié de «vieux menteur» par les protestataires. Le responsable du parti Tahrir, Saleh Salam, invitait la foule à reprendre les insultes qu’il proférait, bien que les manifestants qui ne sont pas ses partisans, clamaient des slogans anti-Hezbollah. Les salafistes de Tarik Jdidé sont par ailleurs occupés à arracher les drapeaux du Moustaqbal hissés autour de la mosquée, qui abrite le siège du tribunal chérié, pour les remplacer par ceux d’al-Qaëda. Ils ont même neutralisé le commissariat du quartier et imposé leur emprise sur le secteur. Aujourd’hui, leur objectif se résume à l’exécution des consignes de Daï al-Islam el-Chahhal et du cheikh Salem Raféï, qui n’approuvent pas la politique du Moustaqbal.

 

Réfugiés: le chaos continue
Des travailleurs sociaux dans le domaine des secours aux déplacés syriens ont été interloqués d’apprendre que des pays du Golfe ont pris la décision de geler les fonds destinés aux réfugiés pour les transférer aux milices opposantes en Syrie. Ce qui augmente le taux de pauvreté des déplacés à travers les régions libanaises. Ainsi, on trouve des familles qui vivent sous les ponts, dans des entrées d’immeubles en chantier ou dans les cages d’escalier. Les associations islamistes relevant de la Jamaa islamia ont mis la main sur la majorité des fonds destinés à l’aide humanitaire en provenance du Golfe et les distribuent de manière arbitraire. Côté santé, la corruption bat son plein. Les réfugiés sont contraints à se faire soigner dans certains hôpitaux financés par les institutions onusiennes. Des commissions seraient reversées par ces hôpitaux aux employés des institutions humanitaires. Sans oublier qu’à 
Tripoli-Akkar et Baalbeck-Hermel, les prix des produits alimentaires, réglés via les bons des associations 
internationales, sont doublés.

Troïka efficace à Baalbeck
Climat de détente politique à Baalbeck après les frictions qui ont suivi l’assassinat de trois jeunes des familles Jaafar et Amhaz et du jeune homme d’origine turque, qui passaient par le jurd du village de Ersal. Les milieux locaux mettent en avant une action commune menée par le cheikh Mohammad Yazbeck, chef de la commission chériée du Hezbollah, le cheikh Ayman el-Rifaï, mufti sunnite de la région de Baalbeck-Hermel, et l’évêque maronite de Baalbeck – Deir el-Ahmar, Semaan Attallah, en vue d’instaurer une certaine convivialité dans la région pour la mettre à l’abri des tempêtes environnantes. Les efforts déployés par cette troïka ont réussi à faire taire les appels à assiéger Ersal, et permis à l’imam du village, le cheikh Moustafa Houjeiri, de se démarquer des éléments et groupes qui veulent en faire une ligne de confrontation communautaire. Les efforts de la troïka, qui bénéficie de l’appui du mufti de la République, le cheikh Mohammad Rachid Kabbani, ont été couronnés par une rencontre élargie regroupant des députés, chefs de municipalités, moukhtars et plusieurs notables de Baalbeck représentant la diversité communautaire et confessionnelle de la région. La troïka va poursuivre son travail de coordination pour renforcer les courants nationaux auprès de l’opinion publique de Baalbeck.

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