Durant quatre soirées consécutives, du 26 au 29 juin, Beiteddine Art Festival a accueilli la China National Acrobatic Troupe. Place aux arts du cirque, à la poésie, à la beauté et à l’émerveillement hypnotique.
Vous n’aurez de cesse de retenir votre souffle. Haletant. Captivant. Le Cirque national chinois à Beiteddine, un moment de grâce et d’émerveillement. Un moment où l’impossible devient possible, où l’inimaginable se matérialise sur scène. Durant 90 minutes environ, acrobates, contorsionnistes, jongleurs et funambules du Cirque national chinois ont emmené le public libanais, le cœur battant, au cœur d’un voyage aux rives du corps humain. Un corps qui épouse toutes les formes d’un imaginaire éclaté. Ode à la souplesse, à l’agilité, à l’habilité, à l’adresse et à la virtuosité du mouvement, de chaque mouvement de ce corps humain qui s’expose en de magnifiques prouesses. Des prouesses certes, mais en toute simplicité, et dans la beauté de la simplicité.
Splendid. Un spectacle qui porte bien son nom. Et que le spectacle commence. En toute douceur. Les membres de la compagnie défilent l’un à la suite de l’autre, entre le public, des deux côtés du gradin, portant chacun une espèce de longue perche au bout de laquelle pend comme un bilboquet en forme de fleur, de nénuphar rouge illuminé à l’intérieur, toutes éclairées à l’intérieur comme une multitude de lucioles, de feux follets. Le ton est donné. C’est presque de la magie. Et voilà que la scène s’illumine. La douceur cède la voie à l’intensité, à la concentration. Les actes se succèdent l’un à la suite de l’autre, chacun apportant sa dose d’émerveillement, à mesure que les minutes défilent, toutes chargées d’émotions allant en crescendo.
Enchantement et émerveillement
Ancrée depuis plus d’un demi-siècle dans les arts du cirque, la China National Acrobatic Troupe s’est déjà distinguée de par le monde, tournant dans plus de 115 pays et villes et ayant remporté une cinquantaine de médailles d’or, dont le «Golden Clown», le «President Award», le «Gold Magic Prize»… Pas de clowns ou de numéros de dressage. Place aux différents numéros de jonglage, de ballets acrobatiques, de sauts périlleux sur perches ou à travers les cerceaux, ondoiement d’assiettes, de pyramides de verre, de parapluies chinois… Rien n’est superflu ou gratuit dans ce spectacle. La troupe acrobatique nationale chinoise emmêle poésie, beauté, humour, légèreté, étoffes vaporeuses, danse de couleurs, mise en scène épurée, ombres chinoises…
Le spectateur ne cessera de voguer de surprise, en souffle coupé, en exultation.
Moment de concentration intense. La musique s’arrête l’espace de quelques secondes. Voilà qu’une toute jeune acrobate est lancée en l’air, à une hauteur de 5 mètres environ. Et la musique reprend aussitôt qu’elle est attrapée par un acrobate juché sur les épaules de son collègue qui lui-même est perché sur le dos de son autre collègue. Il y a de quoi rester les yeux écarquillés, la lèvre entrouverte, les muscles tendus jusqu’à l’exécution du saut périlleux. C’est que le spectacle n’est pas dépourvu du danger d’une chute. Certains acrobates étaient maintenus par un mince mais solide fil. Certains sauts ont dépassé les 7 mètres de hauteur.
Dans l’audience, des regards étonnés, interrogateurs, ébahis. Iront-ils jusqu’à cette hauteur? Oseront-ils affronter le danger, l’échec aussi? Une ou deux fois, le saut n’a peut-être pas été achevé jusqu’au bout. Après tout, c’est le corps humain, imprévisible, qui est la clé du spectacle. Qu’importe, le show se poursuit, encore plus exaltant, de plus en plus exaltant. Chaque séquence se présente comme un magnifique tableau, une image esquissée en mouvements humains, en contorsions magiques, incroyables. Par gestes rapides ou lents, en fonction de chaque numéro, les jeunes et très jeunes membres du Cirque national chinois nous donnent le temps de s’immerger à fond dans cet univers qu’ils déploient devant nous. Comme Alice au pays des Merveilles, on se laisse aller à l’aventure, on s’étonne de tout, on agit, on réagit, on interagit. Et on ne cessera d’applaudir, à force de cris et de vivats. L’espace d’une soirée, on est allé très loin, encore plus loin dans l’enchantement.
Nayla Rached