Magazine Le Mensuel

Nº 2904 du vendredi 5 juillet 2013

general

Liban. Regain d’intérêt américain

La multiplication, ces dernières semaines, des visites d’officiels américains au Liban dessine la stratégie adoptée par Washington face aux conséquences de la guerre en Syrie. Principalement politique, elle est aussi militaire et humanitaire.
 

L’offensive diplomatique américaine au Liban est-elle destinée à circonscrire la contagion du conflit syrien qui menace la stabilité communautaire et sécuritaire du pays? Il y a plusieurs semaines, au terme d’un âpre débat qui a agité l’Administration US, la Maison-Blanche, après avoir entendu les arguments des diplomates du Département d’Etat et des militaires du Pentagone, a tranché et défini une nouvelle stratégie pour le Moyen-Orient. Nouvelle approche car nouvelles données. Le soutien du Hezbollah au régime du président Bachar el-Assad a modifié en leur faveur les rapports de force sur le champ de bataille; le noyautage de la rébellion par les organisations jihadistes a fini de transformer la révolution en guerre religieuse. Conséquence, le conflit a pris racine sur le territoire libanais, petite Syrie aux composantes communautaires identiques. Un embrasement généralisé deviendrait incontrôlable. C’est pour l’éviter que les Etats-Unis sont revenus en force sur la scène libanaise.
Le principal changement, l’accent donné aux considérations militaires. La carte blanche donnée à l’Armée libanaise à Abra contre Ahmad el-Assir porte sans doute la signature du commandement militaire américain; les dernières visites de généraux américains auprès de Jean Kahwagi et les messages récents de représentants du Pentagone comme Lawrence Silverman et Derek Chollet en soutien à la troupe et à l’Etat en font foi. La semaine dernière, le commandement militaire américain a reçu l’ordre d’étudier les moyens d’augmenter l’assistance en matière d’équipement de sécurité au Liban et en Irak, a annoncé le chef d’état-major interarmes, le général Martin Dempsey. Une aide qui pourrait se matérialiser par l’envoi d’équipes d’entraînement américaines ou l’accélération de la vente à l’Irak et au Liban d’armements et d’équipements.
Pour autant, la diplomatie n’est jamais bien loin. Dernière visite en date, celle du sous-secrétaire d’Etat William Burns, deuxième personnage du Département d’Etat après John Kerry, arrivé dimanche dernier au Liban à bord d’un avion militaire à l’issue d’une visite à Bagdad. Accompagné de l’ambassadeur Maura Connelly lors de ses rencontres avec Kahwagi, puis les présidents Michel Sleiman, Najib Mikati et Nabih Berry, Burns a délivré deux messages aux autorités du pays, S’il est prévu que «les Etats-Unis accroissent leur aide à l’institution militaire libanaise», dixit Burns, le Liban doit réactiver la politique de dissociation et rejeter l’implication de parties libanaises dans le conflit syrien. «L’implication du Hezbollah dans les combats en Syrie sert les intérêts de Téhéran et de Damas et constitue une violation de la politique de distanciation adoptée par le gouvernement libanais», a-t-il clairement indiqué.

Diplomatie et politique
En marge de ses rencontres officielles, Burns s’est entretenu à Clémenceau avec le leader druze Walid Joumblatt, entouré de son fils Teymour et des ministres Waël Abou Faour et Ghazi Aridi, puis à la Maison du Centre, avec le chef du bloc parlementaire du Courant du futur, l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, en présence du député Nohad Machnouk, de l’ancien ministre Mohammad Chatah et du conseiller Mourad Jammal.
La navette Washington-Beyrouth fonctionnera à nouveau la semaine prochaine. Sont attendus le 9 juillet les sénateurs républicains Lindsey Graham et surtout John McCain. L’ancien candidat à la présidence américaine avait rencontré il y a plus d’un mois Mohammad Nour, porte-parole de la brigade Tempête du Nord qui détient en otages à Aazaz des pèlerins libanais. Il y a trois semaines, les familles des otages avaient annoncé leur intention de porter plainte contre le sénateur américain. L’occasion pour les Etats-Unis de faire œuvre de pédagogie.

Julien Abi Ramia

Aide humanitaire
En tournée régionale, Anne Richard, sous-
secrétaire d’Etat chargée de la population, des réfugiés et de la migration, était la semaine 
dernière à Beyrouth pour y rencontrer les 
responsables du Haut-Commissariat des 
réfugiés (HCR) et des ONG qui coordonnent l’accueil au Liban des Syriens qui ont fui les combats. Les Etats-Unis auraient débloqué 72 millions de dollars d’aides aux déplacés syriens au Liban et aux sociétés qui les accueillent.

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