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Nº 2905 du vendredi 12 juillet 2013

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Trafics d’armes incontrôlés. Prémices d’une guerre annoncée

Le Liban des années soixante sous le mandat du président Charles Hélou a connu l’expansion de la présence palestinienne sur son territoire. Plusieurs affaires de trafic d’armes ont marqué cette période. Les armes entraient au Liban en grandes quantités, destinées aux Palestiniens, et parfois à des factions libanaises.
 

Le 25 octobre 1964, le scandale du bijoutier William Kazan a éclaté lorsque les douanes de l’aéroport de Beyrouth ont saisi vingt-cinq bazookas placées dans des caisses destinées, au départ, à des fusils de chasse, qui passaient par transit à travers l’Aéroport international de Beyrouth (AIB).
Le Deuxième bureau de l’époque avait entrepris de surveiller Kazan qui faisait des voyages fréquents en Europe, où il achetait des armes destinées au Liban sans que les autorités libanaises n’aient été au courant de ces achats ni de leur destination. Les responsables découvrent alors que les armes ne passaient pas par les douanes libanaises.
Un étroit dispositif de surveillance est alors mis en place. Le Deuxième bureau apprend que Kazan avait acheté des armes en Espagne à la fin du mois de septembre. Ces armes sont saisies à l’aéroport et ce dernier est arrêté deux jours plus tard.
L’aéroport de Beyrouth a connu plusieurs autres affaires de transit d’armes. Ainsi, le 21 janvier 1965, les autorités responsables découvrent des caisses contenant 250 revolvers en provenance de Tchécoslovaquie. Ces caisses sont déclarées aux douanes comme des pièces de rechange pour voitures. La saisie de ces revolvers a démontré aux autorités que le Liban regorgeait d’armes d’origines différentes. Il n’a jamais été établi pour le compte de qui ces armes entraient massivement au Liban.
Durant des mois, les armes entraient dans le pays, à travers l’aéroport de Beyrouth. Cependant, la saisie était limitée à quelques cas, souvent découverts par hasard, parfois due à la surveillance des déplacements de quelques suspects.
En janvier 1966, une nouvelle affaire défraie la chronique. Un cargo bulgare en provenance de la République d’Allemagne transférait 74 caisses contenant 1 500 fusils de guerre. Les autorités saisissent les armes et le capitaine du cargo est détenu un mois et demi environ. Une amende de 5,4 millions de livres est imposée au cargo par les douanes, et ce dernier est autorisé à appareiller quelques semaines plus tard. L’enquête a montré que ces armes étaient bel et bien destinées au Liban, mais il n’a jamais été révélé pour le compte de qui.
L’inquiétude montait, les autorités se montraient particulièrement vigilantes mais le trafic des armes ne s’arrêtait pas. Quelques pièces étaient découvertes de temps à autre au Nord, au Sud, mais les quantités d’armes qui circulaient entre les mains des Palestiniens et des Libanais étaient très importantes, comme l’ont prouvé les événements qui ont marqué le Liban en 1969, les agissements des Palestiniens dans la région du Sud et l’instauration de ce qui sera connu plus tard sous le nom du Fathland, et en 1975, par la guerre civile qui a révélé la présence d’armes entre les mains de plusieurs factions libanaises.
Dans plusieurs régions, les vendettas étaient alors à la mode, et les armes utilisées de plus en plus importantes, faisant plusieurs victimes. Les affrontements armés se multipliaient, sans que les autorités puissent déterminer l’origine des armes ou leur destination, ou peut-être sans le déclarer et en fermant les yeux.
Les crises politiques allaient en s’aggravant au sein du pouvoir. Les Palestiniens en profitèrent pour donner libre cours à leurs agissements. Aucun contrôle n’est exercé sur les camps à Beyrouth ou dans la région du Sud, entraînant le Liban dans un chaos qui le plongera dans la guerre.

A.K.

Les informations citées dans cet article sont tirées du Mémorial du Liban – Mandat Charles Hélou, de Joseph Chami.

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