Le Festival international de Byblos s’est achevé dans l’extase et la jubilation. Le mythique groupe de rock Scorpions avait rendez-vous avec ses milliers de fans durant deux soirées consécutives, les 26 et 27 juillet. «Rock n’ Roll forever».
Du rock. Le rock des Scorpions. Il y avait de quoi mettre la foule en délire. On le savait. On s’y attendait. On est venu pour cela. Pour la voix tellement particulière de Klaus Meine, pour les riffs enfiévrés des guitaristes Rudolf Schenker et Matthias Jabs, pour l’explosion rythmique du batteur James Kottak et du bassiste Pawel Maciwoda. Nous sommes venus pour eux, pour les Scorpions et l’ambiance électrisante qu’ils allaient sûrement nous faire vivre. Et qu’ils nous ont fait vivre, durant une heure et demie environ. Dès leur apparition sur scène, le public ressent, spontanément, naturellement, leur envie d’embraser Byblos une nouvelle fois, deux ans après leur première escale dans notre ville portuaire, en 2011, pour trois soirées consécutives à guichets fermés.
Sting in the tail, The Best is yet to come, Send me an angel, Holiday, Raised on rock… entre morceaux endiablés et ballades rock, hits du passé et tubes plus récents, l’énergie qu’ils dégagent est débordante, stimulante, contagieuse. Çà et là, entre les fans euphoriques, qui dansent, sautent et sautillent, qui laissent leurs corps exprimer, extérioriser la passion du rock, les sourires s’affichent, profonds. On essaie d’entraîner les hommes chargés de la sécurité dans ce mouvement de «folie» jubilatoire. Ça ne marchera pas vraiment, mais les sourires dont ils gratifient ces jeunes en fête en disent long. Le rock, c’est inéluctable, ça défoule, ça rassemble.
Légendaire et électrisant
Le chanteur Klaus Meine ne cesse d’exprimer sa joie d’être une nouvelle fois, une troisième fois, au Liban. On se rappelle encore de leur premier passage, en 1996, au collège Mont La Salle, quand le pays était toujours en pleine reconstruction. Il y a une quinzaine d’années, nous n’avions alors, comme il était coutume de le faire, que nos briquets pour accompagner leur fameux tube, Wind of change, celui-là même qui quelques années auparavant était devenu l’hymne, le symbole de la réunification de l’Allemagne. Maintenant, à la place des briquets, il y a la lumière des téléphones portables qui oscille au fil de cette ballade rock, au fil de l’espoir éternel qu’elle distille. Les temps ont tellement changé, si peu changé. Et les Scorpions n’ont pas changé.
Ils déboulent sur scène, la traversent en courant, de part en part, se lancent dans des solos tournoyants, accostent la foule, signent des autographes, nous entraînent dans une nuit hors du temps, à mesure que sur l’écran placé en fond de toile sont projetées des images hypnotiques pêle-mêle. Moment de gloire du batteur. Rock’n Roll forever. Et James Kottak a indiscutablement l’âme d’un rockeur. Manipulant comme nul autre ses baguettes, ses cymbales et tous ses caissons à résonance, seul sur scène, il entraîne la foule dans un show qui en met plein la vue, un jeu de sonorités «loud», de pur rock, comme au bon vieux temps, du rock comme on n’en fait plus, quand les tympans sont sur le point d’éclater, parce que tous nos sens sont en émoi. A chaque fois qu’il frappe ses cymbales, à chaque fois qu’il se lève pour haranguer la foule, l’entraîner à faire plus de bruits. Quand il se met debout sur sa petite estrade, le dos tourné, arborant un t-shirt où il est écrit: Rock’n Roll forever. Et quand il l’enlève, lentement, pour dévoiler les mêmes mots, là, tatoués au plus près de la chair. Avant d’hypnotiser les spectateurs encore et encore par son solo ravageur. Moments de jubilation intense!
La fin d’une belle histoire
Les musiciens déboulent à nouveau sur scène. Encore une bouffée de bonheur, entre les célèbres solos de guitare, la voix toujours puissante de Meine et les éternels refrains qui ont de la gueule. Les spectateurs ne cessent de chanter avec eux, d’exprimer leur joie, à l’unisson, tous habités par ce même sentiment de merveilleux. Chacun y va de son pas de danse, en groupe, en solo, en amoureux aussi. Pris par l’extase de la musique, celle des Scorpions. Pris par ce moment de délire. Tous, enfants, jeunes et moins jeunes.
Après le salut, c’est le rappel. Un rappel où la foule ne cessera de siffler, d’applaudir, de crier «We want more». Et on aura tellement encore, tellement de plaisir. Parce que les Scorpions ont réservé pour la fin trois de leurs meilleurs tubes, trois des meilleurs morceaux de tous les temps: Still loving you, Wind of change et Rock you like a hurricane.
De still loving you à still loving you Lebanon, en passant par still loving you Byblos, Klaus Meine dédie Wind of change au Moyen-Orient. «Let’s give peace a chance», ajoute-t-il avant d’entonner le fameux air. Et c’est une finale grandiose, quand résonnent les premières notes de Rock you like a hurricane. Décidément, les Scorpions n’ont pas pris de l’âge, leur musique est toujours là pour nous emmener hors du temps, pour nous permettre de remonter dans le temps, pour affûter nos souvenirs, pour enthousiasmer encore et encore les trentenaires et plus, tout en enflammant les plus jeunes. Les Scorpions ont prouvé une nouvelle fois, probablement la dernière fois puisqu’ils comptent se retirer de la scène, qu’ils sont toujours capables de nous chambouler comme dans un ouragan, ou plus justement «to rock us like a hurricane».
Nayla Rached