The attack. Un film qui a déjà reçu sept prix mondiaux. Il est tourné par un réalisateur libanais. Interdit au Liban, The attack de Ziad Doueiri, une adaptation d’un roman de Yasmina Khadra, est projeté actuellement aux Etats-Unis. Pourquoi cette interdiction? Et que retenir de ce film, un vrai succès outre-Atlantique?
Pour son deuxième film projeté au cinéma après West Beyrouth en 1998, Ziad Doueiri a franchi des frontières: culturelles, politiques, sociales et surtout juridiques.
Il a en effet enfreint la loi libanaise en se rendant en Israël pour faire un film, en hébreu, avec des acteurs israéliens. La réaction des responsables libanais ne s’est pas fait attendre, tout comme de la Ligue arabe qui a appelé au boycott du film par les vingt-deux pays membres. Vous l’aurez donc compris. Après The attack, des questions ont été posées dans le monde arabe et aux Etats-Unis, par certains émigrés libanais. Ziad Doueiri avait-il raison d’enfreindre la loi, de briser des tabous?
Le réalisateur explique qu’il n’est pas allé en Israël pour faire de la provocation. «Mais parce que le scénario s’y déroule, précise-t-il. Cela me semble logique de choisir des acteurs qui parlent la langue du pays». Qu’on soit ou non convaincu par cet argument et quel que soit l’avis qu’on peut avoir sur cette question, une chose est sûre. Le livre de Yasmina Khadra, L’attentat, publié en 2006, bouleverse, coupe le souffle et laisse sans voix.
L’histoire se déroule au Moyen-Orient. Dans un restaurant de Tel-Aviv, une femme fait exploser une bombe qu’elle dissimule sous sa robe de grossesse. Toute la journée, le docteur Amine, Israélien d’origine arabe, opère les nombreuses victimes de l’attentat. Au milieu de la nuit, on le rappelle d’urgence à l’hôpital pour lui annoncer que la kamikaze est sa propre femme. Refusant de croire à cette accusation, Amine part en Palestine pour tenter de comprendre. Certes, il est question du conflit du Moyen-Orient, mais c’est surtout l’histoire d’amour entre ces deux êtres qui est marquante. L’homme part pour comprendre sa femme, pour la découvrir.
Doueiri a apporté quelques changements à l’histoire. D’abord, Siham, l’épouse, est chrétienne dans le film. Dans une interview, le réalisateur explique les raisons. «Parce que c’est imprévisible. Tout le monde pense que tout ce qui se passe au Moyen-Orient est effectué par des fous musulmans, souligne Doueiri. Personne ne parle du fait que les chrétiens font aussi partie de la lutte».
Autre modification: la fin du film. Selon le réalisateur, Yasmina Khadra aurait vu le film trois fois avant d’accepter le changement du dénouement. Il note, par ailleurs, que si le livre prend un peu plus le côté des Palestiniens, ce n’est pas le cas du film où tout est fait pour que, vraiment, on ne soit pro-personne.
Dans The attack, il n’y a donc pas de réponse. C’est au téléspectateur de juger, de tirer ses conclusions. Dommage qu’au Liban, cette chance ne soit pas donnée au public.
Pauline Mouhanna
Co-scénariste: Joëlle Touma. Avec Ali Suliman, Evgenia Dodena et Reymond Amsalem.
The attack aux States
Le film a été déjà projeté à New York, Washington D.C, à Los Angeles et dans plusieurs autres villes et Etats américains. Dès sa sortie, il est salué par la presse et par le public. En Europe, The attack est lauréat de plusieurs prix tels que le prix du public au festival du film, The Mooov, en Belgique, la Mention spéciale du jury et un prix spécial de TVE au 60e Festival de San Sebastian en Espagne. Il a également reçu le prix du public et le prix Ciné Kantara de France Bleu.