Magazine Le Mensuel

Nº 2909 du vendredi 9 août 2013

POLITIQUE

A Daraya. La cellule dormante explose

La charge explosive qui était en préparation à Daraya annoncerait-elle une nouvelle série d’attentats terroristes? L’affaire a suscité une vive inquiétude quant à l’existence de plusieurs cellules terroristes dormantes ou actives, dans diverses régions.

L’affaire débute d’une façon inattendue. Alors qu’ils manipulaient une charge explosive dans leur demeure à Daraya, dans l’Iqlim el-Kharroub, deux hommes sont tués et un troisième blessé par l’explosion accidentelle de l’engin. Il s’agit de deux Egyptiens, Abdel-Latif Ahmad Dakhakhna, de son frère Mohammad et du Syrien, Mohammad Hassan Massoud.
Les trois hommes utilisaient des matières faciles à trouver sur le marché. Ils mélangeaient de la poudre avec du sucre et du café dans des tuyaux en fer. Une faille dans la préparation a provoqué l’accident qui devait entraîner l’échec de plusieurs attentats en préparation.
Les premiers éléments de l’enquête révèlent que les victimes appartiennent à un groupuscule salafiste. Des quantités d’armes, d’explosifs, d’équipements de télécommunications et deux bombes déjà prêtes sont découvertes chez eux, ainsi qu’une deuxième charge constituée d’un tuyau de cinq centimètres de diamètre, fermé des deux côtés, et bourré d’explosifs. Deux grenades à main étaient cachées à bord de mobylettes appartenant au même groupe.
Des cartes géographiques tirées de Google Earth, concernant plusieurs localités du pays, notamment Saadiyet et Hadeth, ainsi que des drapeaux de Jabhat al-Nosra, sont réquisitionnés sur place. Les médias ont évoqué l’existence de cartes représentant  une «banque de cibles» possibles au Sud. Plusieurs endroits et bâtiments sont marqués en rouge.

Les cibles probables
Selon les premiers résultats de l’enquête, les attentats visaient vraisemblablement des personnalités politiques et des emplacements stratégiques. Des sources sécuritaires envisagent la possibilité que la Finul soit l’une des cibles probables, ainsi que des personnalités qui longent le littoral dans leurs déplacements vers le Sud.
Le père des deux victimes, Ahmad Dakhakhna et son troisième fils Abdallah sont soumis à l’interrogatoire, comme le blessé syrien. Ahmad Dakhakhna, de nationalité égyptienne, est marié à une Libanaise du Akkar et vit depuis dix ans à Daraya. Les premières informations l’avaient pris pour l’imam d’une mosquée à Daraya, ce qui s’est avéré faux. Ahmad Dakhakhna n’est pas un imam et ne relève pas de Dar el-Fatwa. Il donnait des cours de Coran chez lui. Ses fils étaient connus des habitants du village. Abdel-Latif était peintre en bâtiment et Mohammad, marié à une Libanaise, travaillait dans un magasin fournisseur d’ordinateurs et avait un fils d’un an.
Auraient-ils été liés à l’ancien imam de la mosquée Bilal Ben Rabah à Abra, Ahmad el-Assir? Les habitants de Daraya semblent en douter. Des sources proches de l’enquête pensent qu’ils «font partie d’une cellule terroriste dormante», et qu’aucun indice ne permet de les lier à Ahmad el-Assir».
Opéreraient-ils en indépendants? Il semble, selon les mêmes sources, qu’il «existerait au Liban plusieurs cellules de ce type».
Toujours est-il que l’affaire ouvre de nouveaux horizons sur la présence de cellules terroristes dormantes ou actives dans le pays. Les enquêteurs se penchent sur les communications téléphoniques passées par les Dakhakhna pour recueillir plus de détails sur les activités du groupe et sur ses liens probables avec d’autres cellules. Les investigations portent sur la possibilité de la présence d’un plan parallèle dans d’autres endroits, et s’activent pour connaître le commanditaire de ces activités et le patron des frères Dakhakhna.

Arlette Kassas

Les précisions de Charbel
Commentant l’explosion de Daraya et les premiers éléments recueillis, le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Marwan Charbel, indique que «l’enquête a montré jusqu’à présent que la cellule visait notamment trois cibles à Wadi el-Zeiné sur le littoral du Chouf, qu’Ahmad Dakhakhna a assisté à des réunions présidées par Ahmad el-Assir et qu’il recrutait des combattants pour l’Irak».

  



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