On savait déjà que les plantes purifient l’air. Maintenant, on va plus loin. Elles assainissent les sols en ingérant la pollution. Certaines espèces végétales contribuent à débarrasser les terrains de polluants comme les métaux utilisés dans les industries.
C’est en France, dans le département de l’Oise, que cette expérimentation inédite va faire son entrée en scène pour, qui sait, peut-être un jour, venir gagner nos terres libanaises. «Pendant quatre ans, nous allons tester deux techniques sur deux parcelles distinctes, explique Rodolphe Gaucher, responsable de l’unité Technologies et procédés propres et durables de la société en charge de la recherche. Tout d’abord sur
300 m2, sur une voie nouvelle, nous allons faire de la phytostabilisation, à savoir des plantes capables de contenir et de fixer les polluants dans le sol. Et ensuite, sur 500 m2 au niveau du rond-point, de la phytoextraction, des espèces pouvant absorber les polluants dans leur feuillage».
«Le problème de la phytoextraction, c’est qu’il faut compter en dizaines d’années avant de pouvoir parler de dépollution», s’accordent à dire les experts dans leurs entretiens accordés aux médias français; mais tout de même les avantages sont considérables.
Premier atout de cette technique, le côté «nature». Quoi de mieux que du 100% naturel pour exterminer ce qui ne l’est pas! La question du futur des plantes qui regorgeront de métaux tels que le zinc ou le cadmium, présents dans le sol, a également été évoquée; compostage, méthanisation ou combustion de la biomasse pour fabriquer de l’énergie sont, entre autres, quelques-unes des possibilités de transformation de ces plantes, une fois leur objectif d’absorption des polluants atteint.
Deuxième atout, les poches de l’Etat ne se verront pas trouées! Peu coûteuse, simple à mettre en place, la gestion des sols pollués par les plantes devrait avoir un bel avenir dans un pays comme le Liban où l’on est peut-être pas prêt à investir des millions pour tenter d’éradiquer la pollution et vivre mieux.
Les méthodes classiques de dépollution des terres coûtent cher. Plus douce et en harmonie avec les sols et l’environnement, la phytotechnologie devrait tout aussi l’être pour le porte-monnaie des pays à la recherche de solutions pour assainir leurs sous-sols. Alors à quand le retour des plantes au Liban?
Anne Lobjoie Kanaan
Le riz qui sauvera le Soudan
Au Soudan, au sud de Khartoum, les jeunes pousses de riz n’ont pour l’instant l’air que de minuscules brins d’herbe perdus dans une région en dégradation. Mais en eux, les fermiers ont l’espoir de faire renaître l’un des plus vastes systèmes d’irrigation du monde.
C’est durant la colonisation britannique et égyptienne, dans les années 1920, que ce système a été établi pour permettre la culture de centaines de milliers d’hectares de coton; le schéma d’irrigation de la Gezira, entre le Nil bleu et le Nil blanc, a longtemps été considéré comme un modèle de développement africain.
Des années de laisser-aller et de privatisations les unes à la suite des autres ont conduit à une forte détérioration des infrastructures, des canaux et des digues, et à une chute libre de la production, ce qui conduit le pays à sa perte, selon des experts.
C’est dans cette atmosphère que l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica) a lancé un programme d’aide destiné aux fermiers avec comme élément central le riz. L’agence met en avant les avantages de production et les perspectives de revenus offerts grâce à cette céréale. Le Soudan fait jusque-là figure d’exception en Afrique, car ce pays cultive très peu l’un des ingrédients essentiels de la cuisine japonaise; alors
quoi de mieux qu’une coopération entre ces deux pays?
«Il faut que de nombreux autres paysans cultivent le riz, parce que cela donne un bon rendement», assure Bakri Elamin Awad el-Karim, dont les champs font partie de l’une des «fermes de démonstration» établies par la Jica.
Selon le ministre de l’Agriculture de la Gezira, M. Osmane, «Un champ de riz produit 3,25 tonnes de céréales par hectare, soit 50% de plus que le sorgho et le double du blé. En 2012, le revenu moyen de chaque cultivateur de riz s’est élevé à 9 000 livres soudanaises (1 500 euros) par hectare, contre 3 500 (pour les autres plantations (600 euros)».
Pourtant, il fut un temps où le pays pouvait se réjouir d’une agriculture largement florissante; aujourd’hui, le Soudan ne parvient plus à offrir à manger à ses 31 millions d’habitants, dont plus de 12 millions devraient avoir besoin d’une aide alimentaire cette année selon l’Onu. Pour Abdullah Mohammed Osmane, le riz serait même la plante magique qui sauvera le pays.
Anne Lobjoie Kanaan