Barcelone, ce n’est pas seulement un club de foot qui enflamme ses supporters sur les terrasses des cafés libanais. Barcelone… c’est la chaleur humaine, les petites ruelles, les chefs-d’œuvre urbains de l’architecte Gaudí, l’exaltation des papilles aux saveurs catalanes, la plage, le soleil, la culture et la fiesta.
Chaque ville a son humeur, son caractère qui dicte notre façon de l’appréhender. Barcelone, en méditerranéenne, sait recevoir sans chichi. Inutile de s’apprêter ou de se presser, sur ses terres vous serez des invités d’honneur. De ses rues, ruelles, places, bars à tapas ou encore bars churrerias, se dégage cette ambiance chaleureuse propre à l’Espagne. Mais qu’on ne s’y trompe pas, nous sommes en Catalogne, et gare à ceux qui oseraient critiquer ce régionalisme fièrement porté par Barcelone, capitale catalane. Ici, la langue nationale, le castillan, est reléguée au second rang et, bien souvent, les Barcelonais ne s’expriment qu’en catalan. Des raisons de fierté, Barcelone en possède quelques-unes. Sans parler de son équipe de football, elle a été entre autres le terrain de jeu de l’un des plus talentueux artistes espagnols, Antoni Gaudí, qui vécut entre le XIXe et le XXe siècles. Comment définir le maître architecte? Un génie, certes, fantasque, à l’imagination délirante et la créativité débordante. La capitale catalane recèle nombre de ses chefs-d’œuvre dont sept sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. On y retrouve deux immeubles privés, la Casa Batlló et la Casa Milà, dite la Pedrera, et le Park Güell. Ce dernier, un projet imaginé à l’origine pour accueillir soixante habitations de la haute bourgeoisie catalane, selon un concept de ville-jardin, tourna court faute de financement. Le terrain devint un parc municipal, haut en couleur et aux formes géométriques, connu notamment pour sa fontaine ornée d’un iguane, symbole désormais de la ville, et pour son esplanade délimitée par un banc-parapet ondulant, recouvert de mosaïques. La plus impressionnante de ses œuvres reste la basilique de la Sagrada Familia, magistrale, audacieuse et grandiose, vue de l’extérieur. Pourtant, l’édifice n’est toujours pas achevé, depuis plus d’un siècle (sa première pierre date de 1882). Alors que Gaudí décède en 1926, les travaux se poursuivent jusqu’en 1936, date du début de la guerre civile espagnole, durant laquelle les plans originaux du maître brûleront. Des maquettes sont, heureusement, retrouvées permettant, quelques années plus tard, de continuer la construction de l’édifice. Mais dans les années 60, un mouvement se crée contre la prolongation des travaux. A sa tête, notamment, Le Corbusier et Miró. L’objet de la contestation: le manque de plans nécessaires évitant de risquer de dénaturer, voire de trahir, l’œuvre de Gaudí. Une polémique toujours d’actualité en 2013. L’intérieur de la basilique, achevé récemment, ne souffre d’aucune comparaison. Les mots sont faibles pour décrire l’incroyable géométrie lunaire de ce lieu de culte pas tout à fait comme les autres. Aucun centimètre carré n’a été oublié et le regard ne se lasse pas de découvrir 1001 détails du chef-d’œuvre de l’architecte catalan.
Barcelone, ville des arts et de la culture. La belle a vu grandir Miró et a accueilli les premières expositions de Salvador Dalí et de Pablo Picasso. Aujourd’hui, ses ruelles fourmillent de musées en tout genre, du Macba (musée d’art contemporain de Barcelone) au musée de Picasso ou à la fondation Miró, en passant par le musée de l’érotisme, de la céramique, du modernisme catalan, du chocolat, de l’art religieux ou de l’histoire de la ville…
Malgré son héritage culturel, la ville ne se prend pas au sérieux. Sur la Rambla, l’artère centrale de la vieille ville, un flot incessant de touristes va de la place de la Catalogne au port. Sur le chemin, se dresse le magnifique marché couvert de La Boquería: des pyramides de fruits et de jus frais, des ribambelles de jambons et de saucissons, des étals de fromages ou encore de poissons. Un délice pour les sens! Au détour de ses coins et recoins, des comptoirs sont occupés par des restaurants où les badauds peuvent déguster, assis sur de hauts tabourets, de succulentes tapas ou des assiettes de fruits de mer à tomber à la renverse. Autant dire qu’il est inutile d’envisager maintenir sa silhouette lors de son séjour barcelonais (quoique à raison de quelques longueurs de brasse dans la mer…). Car la balade culinaire commence au réveil et le premier plaisir de la journée se conjugue avec le petit-déjeuner. Que ce soit dans des salons de thé, d’anciennes crémeries ou autres churrerias, vous allez jongler entre des assiettes de charcuterie et de fromage ou des churros, porras ou buñuelos (pâte à crêpes ou à beignets frits) qu’on trempe dans un épais chocolat chaud onctueux.
Question digestion post petit-déjeuner et déjeuner, Barcelone a tout prévu: des plages de sable gratuites sur plusieurs kilomètres, que les touristes et les Catalans ne bouderont pas pour se dorer au soleil. L’un des quartiers du bord de mer les plus prisés est Barceloneta avec ses restaurants, sa vue sur la Méditerranée, ses spécialités de poissons et ses paellas aux fruits de mer. Un peu plus loin, on retrouve le port olympique, souvenir des jeux d’été de 1992, dont le centre névralgique se situait sur la colline de Montjuïc, où il est agréable de se promener.
La nuit, la ville entre ou plutôt reste en ébullition. Boîtes de nuit, opéras, soirées privées, festivals, concerts, petits bars ou restaurants, la capitale catalane n’a oublié personne. Et pour tenir éveillé jusqu’au petit matin, le pichet de sangria n’hésitera pas à vous compliquer la tâche…
Une douceur de vivre qui donne des envies de retour!
Delphine Darmency
La Chupa Chups, barcelonaise
Au milieu du XIXe siècle à Barcelone, un confiseur, Josep Bernat, invente une boule de sucre caramélisée. Un siècle plus tard, c’est son petit-fils, Enric, qui a l’idée de piquer ces boules sur un bâtonnet pour éviter aux enfants de s’en mettre plein partout. La sucette est née et se nomme «Gol» en référence au ballon de foot, puis Chups et enfin Chupa Chups (Chupa en espagnol signifiant «tétine»). Son logo, la marguerite, n’est autre que l’œuvre de Dalí lui-même. Depuis, la confiserie
«catalane» a pris de l’envergure, se
comptant par milliards dans 160 pays du monde. Aujourd’hui, la marque a été reprise par une multinationale.