Magazine Le Mensuel

Nº 2912 du vendredi 30 août 2013

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Questions à Achraf Rifi

L’ancien directeur général des Forces de sécurité intérieure, Achraf Rifi, originaire de Tripoli, répond aux questions de Magazine.
 

Craignez-vous d’autres explosions terroristes 
à Tripoli?
Les raisons de ces deux explosions existent toujours et le criminel court toujours, donc toutes les éventualités sont ouvertes. Le pays est à découvert. Si Tripoli n’est pas de nouveau sur la liste des terroristes, d’autres régions le sont.

Après les explosions à Tripoli, vous avez insisté sur le plan Mamlouk-Samaha. Pourquoi? Qui poursuit l’exécution de ce plan depuis l’arrestation de Samaha?
Le criminel qui s’en est pris à Dahié n’est pas le même que le coupable des explosions de Tripoli. Ce qui est certain c’est que le projet Samaha-Mamlouk 2 se poursuit avec d’autres outils et en dehors de la banlieue sud. Mais la Dahié est solidaire. Le peuple est libanais et rien d’autre.

Nous avons remarqué que la douleur et les 
souffrances de Tripoli ont unifié les Libanais…
Il est vrai que la satisfaction apparue dans certaines régions au lendemain des explosions de la Dahié a disparu après celles de Tripoli. Ce qui s’est passé dans la banlieue sud est un crime contre l’humanité et contre la nation. Ce fut un jour noir dans l’histoire du Liban exactement comme ce fut le cas pour les crimes commis à Tripoli. Ce sont des indices qui confirment que ce sont les Libanais qui paient le prix du sang et de la vie.

Pensez-vous que le retrait du Hezbollah de Syrie arrêterait la série des explosions au Liban?
Deux conditions peuvent arrêter cette série meurtrière au Liban: le retrait militaire du Hezbollah de Syrie. S’il veut soutenir le peuple syrien sur le plan humanitaire, c’est son affaire. Personne ne peut s’y opposer. Les Libanais doivent aussi se solidariser. C’est seulement ainsi que le climat explosif disparaîtra et que le Liban sera immunisé contre les explosions.

L’intérêt se porte sur la formation d’un gouvernement de salut et la fin de la peur d’une mort ambulante sur les routes…
La solution pourrait être un gouvernement au sein duquel seraient représentés tous les Libanais et qui serait approuvé par les politiciens. Peut-être suite à une rencontre irano-saoudienne ou à un dialogue interlibanais. Quelle que soit l’initiative, elle pourrait désamorcer les explosions au Liban.

Jusqu’à quel point ce qui se dit à propos d’une auto-sécurité à Tripoli à l’instar de la banlieue sud est vrai?
L’auto-sécurité est refusée par une très grande majorité. Tripoli fait partie de l’Etat et du Liban et restera sous son autorité en dépit des voix qui se sont élevées réclamant l’auto-sécurité. Les Tripolitains ont dénoncé ces propos et tiennent à demeurer soumis à la sécurité des institutions de l’Etat.

Quelles sont les garanties d’empêcher le retour à l’insécurité à Tripoli, notamment sur l’axe 
Bab el-Tebbané et Jabal Mohsen ouvert à toutes 
les éventualités?
A mon avis, les choses ne se dégraderont pas à Tripoli. Toutefois, personne ne peut garantir la situation si l’entente des politiciens ne se fait pas.

Vous semblez faire allusion à une guerre
communautaire…
Le climat est au communautarisme et l’explosion est possible à tout moment… Les Libanais gardent une prise de conscience qui peut empêcher une telle explosion. Nous appelons d’urgence à accélérer l’entente politique et la solidarité des Libanais car le climat actuel favorise la fitna. C’est pourquoi je dis et répète: faites attention.

Propos recueillis par Joumana Nasr

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