Une semaine après l’attentat meurtrier de Roueiss, dans la banlieue sud, c’est au tour de Tripoli, le
chef-lieu du Nord d’être victime d’une double attaque terroriste qui a fait 67 morts et plus de 600 blessés.
Vendredi 23 août, c’est une véritable hécatombe à Tripoli. Deux puissantes explosions secouent la ville portuaire, l’une non loin de Bab el-Tebbané, l’autre dans un secteur cossu de la ville situé près de Mina. Un grand chaos règne sur les deux sites après l’explosion: de nombreux véhicules prennent feu, des hommes sillonnent en tout sens les rues de la ville, des blessés dans les bras, alors que les façades de certains immeubles sont complètement soufflées. Deux attaques coordonnées sur deux mosquées salafistes, où se trouvaient la plupart des représentants de la communauté tels les cheikhs Nabil Rahim, Bilal Dokmak ou Salem Raféï, ce dernier étant un homme de religion connu pour ses prêches incendiaires contre le régime Assad et le Hezbollah et pour son appel au jihad en Syrie.
Selon les informations recueillies sur place, deux véhicules chargés d’une centaine de kilogrammes de TNT chacun, auraient pris la direction de Tripoli vendredi matin; le premier serait une BMW X5 ou une Mercedes ML, le second, de type Ford. Vers 13h20, le premier quatre-quatre se dirige vers la mosquée Taqwa et tente de se garer devant l’entrée principale. Le conducteur prétexte être pressé de se rendre à la prière avant la fin du sermon du cheikh Raféï. Mais le gardien posté devant l’entrée l’empêche de se garer et lui indique un parking de voitures situé à proximité de la mosquée. Après avoir garé sa voiture, le conducteur se dirige vers un vendeur ambulant, à qui il achète un jus de fruit, le payant avec un billet de 20 000 L.L., avant de se précipiter sans prendre sa monnaie vers un second véhicule qui l’attend. Quelques minutes plus tard, une puissante explosion dévaste le quartier, projetant les fidèles assis à l’intérieur de la mosquée les uns sur les autres. Cette explosion laissera un trou de trois mètres de diamètre et de deux mètres de profondeur et provoquera un énorme incendie, le feu s’étant propagé à un magasin de matériel de chasse.
Quelques minutes après cette première explosion, une deuxième déflagration se produit dans un véhicule placé devant la mosquée al-Salam. Comme dans le premier cas de figure, le conducteur de cette seconde voiture a également tenté de se garer devant l’entrée de la mosquée avant d’être contraint par les gardiens d’aller ailleurs. Lors des deux attentats, les fidèles se trouvaient toujours à cette heure dans l’enceinte des mosquées, les sermons ayant duré plus longtemps que d’habitude, ce qui a évité au final un plus grand massacre. Avec l’attentat contre la mosquée al-Salam, l’explosion a causé un trou de quatre mètres de diamètre et de trois mètres de profondeur.
Les services de renseignements ont recueilli les images des caméras placées autour des mosquées, ainsi que commencé à vérifier les indices retrouvés à l’emplacement des deux explosions. Le procureur Samir Hammoud et le juge Sakr Sakr sont chargés de la direction de la double enquête.
Mona Alami