C’est bien connu. Les femmes enceintes adorent l’eau et la natation est leur sport de prédilection. Pourtant, une étude britannique pourrait mettre en cause les bienfaits de ce sport sur le bébé à venir. Publiée dans le British Journal of Dermatology du mois de septembre, cette recherche montre que les produits chimiques, contenus dans l’eau des piscines, seraient mauvais pour la santé du bébé in utero.
Selon des équipes de chercheurs du St John’s Institute of Dermatology et de l’Université de Manchester, une exposition aux produits chimiques en général, et au chlore en particulier, pendant la grossesse, pourrait engendrer des risques plus élevés de maladies atopiques chez l’enfant. Eczéma, allergies, dermatite atopique, sont autant de pathologies qu’on peut directement associer à une exposition prématurée, et sur une longue période, à ces produits chimiques présents dans l’air ou dans l’eau. En d’autres termes, le nettoyage excessif et des produits d’entretien, trop fortement utilisés, affecteraient le système immunitaire de l’enfant in utero.
Vivons-nous dans une société trop «hygiéniste»?
C’est en ayant fait cette constatation que les chercheurs avancent une hypothèse plutôt surprenante pour expliquer cette sensibilité du fœtus aux produits chimiques présents dans les piscines. Au cours des cinquante dernières années, les scientifiques ont constaté une recrudescence des allergies et surtout de l’eczéma chez les enfants. Cela relève, selon eux, d’une hypothèse connue sous le nom «d’hypothèse hygiéniste». Dans les pays développés, nous évitons de plus en plus le contact avec les germes et les bactéries. Nous avons fait de la chasse aux microbes notre cheval de bataille! Or, les enfants possèderaient des systèmes immunitaires, de moins en moins, capables de faire face et de réagir aux bactéries qui les entourent.
Les chercheurs viennent bousculer, en quelque sorte, les idées reçues et si l’on suit bien, une piscine pas trop propre, ou l’eau de mer, seraient plus adaptées aux femmes enceintes et aideraient le fœtus à développer davantage son système de défense! Pour le dermatologue John McFadden, l’un des auteurs de l’étude, «lorsque le fœtus est mis en contact avec ce type de produits, son système immunitaire se modifie. Ce changement le rend plus sensible à l’asthme, à l’eczéma ou au rhume des foins».
Malgré tout, les auteurs de cette étude ne remettent pas en cause la pratique de la natation pendant la grossesse et attendent des résultats «plus approfondis» sur la question. Mais John McFadden tient tout de même à réconforter les femmes enceintes inquiètes en indiquant qu’il préfère ne pas aller trop vite et attendre «la parution d’une étude plus poussée sur la question, avant de leur déconseiller formellement de se rendre à la piscine».
Préparer l’accouchement en piscine
Partout dans le monde, et même au Liban, les sages-femmes qui préparent à l’accouchement recommandent de faire des exercices dans l’eau pour faciliter le travail le jour J. De nombreuses femmes enceintes choisissent donc un environnement aquatique plutôt que les simples exercices de gym à la maison pour effectuer leur préparation à l’accouchement. Dans l’eau, le corps paraît beaucoup plus léger et les mouvements plus aisés, ce qui peut être appréciable quand on arrive à terme et qu’on a du mal à se déplacer, surtout quand il fait chaud. Les futures mamans peuvent alors entretenir leur forme physique et se relaxer en douceur. Pour prolonger les effets bénéfiques de l’eau, certaines choisissent même d’accoucher dans l’eau, mais ce type d’accouchement reste non pratiqué au Liban. Pour les pays où cela existe, les parents optent pour des cours de «bébé-nageur» pour que l’enfant, dès son plus jeune âge, se familiarise avec cet élément. Au Liban, ce sont souvent les parents qui tiennent le rôle de maître nageur pour leur bébé!
Anne Lobjoie Kanaan