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Nº 2914 du vendredi 13 septembre 2013

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La mise en garde de l’Iran. Une frappe entraînerait la région dans la guerre

Toute frappe américaine sévère contre le régime du président Bachar el-Assad sur un site vital, dont les aéroports et les postes militaires, ne sera pas sans conséquences, disent les Iraniens. Selon Téhéran, un tel scénario engagera la région entière dans la fournaise de la guerre. Le Liban n’en sera pas épargné.
 

Les dirigeants iraniens, qui ont toujours dit qu’ils aideraient jusqu’au bout le président syrien Bachar el-Assad, estiment qu’une frappe américaine contre la Syrie ouvrira la porte à une guerre dont nul ne connaît l’issue. Ils ont donc déployé tous leurs efforts diplomatiques et médiatiques pour l’éviter. Mais ils savent aussi que les Américains se trouvent dans l’impasse. Toute option de frappe ou de reculade est amère et porterait un coup réel au prestige américain.
Téhéran tente, depuis des mois, à travers les canaux diplomatiques, de mettre en garde l’Occident contre les dangers des armes chimiques entre les mains de groupes extrémistes en Syrie. Ceux-ci sont en réalité un mélange de «mercenaires» locaux et étrangers. Personne n’a pris l’information au sérieux.
Brusquement et sans préavis, ces armes ont été utilisées, le 21 août dernier, dans les deux Ghoutas de l’est et de l’ouest. Avant même de connaître les résultats des enquêtes internationales, la machine médiatique occidentale mobilisait l’opinion publique mondiale contre le régime de Bachar el-Assad.
Dans les milieux diplomatiques proches de Téhéran, on affirme que «la propagande a leurré les dirigeants du monde, et à leur tête Barack Obama et David Cameron». Après que le président américain eut clos le dossier que lui a présenté le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, il y a trois mois, il a été de nouveau question d’une frappe aérienne américaine imminente. En parallèle, la Ligue des pays arabes a avancé, de deux jours, la réunion au Caire des ministres arabes des Affaires étrangères, en attendant le discours d’Obama. Mais le choc fut profond lorsque le président américain, secoué par la défection britannique, la première dans les relations historiques entre les deux pays, s’en est remis au Congrès. Egalement influencé par l’avis des militaires américains, et à leur tête, le chef de l’état-major, Martin Dempsey, qui a mis en garde contre une frappe qui pourrait régionaliser le conflit et entraîner la prise du pouvoir par les partisans d’al-Qaïda.

 

Scénario hollywoodien
Au départ, le plan consistait à frapper Assad et les positions vitales du régime avant de combattre les extrémistes, dans un scénario hollywoodien, et confier le pouvoir à une opposition modérée.
Mais de nombreux facteurs ont influé sur la position américaine, selon des milieux diplomatiques proches de Téhéran. Notamment, l’enclenchement des moteurs iraniens dans la région et l’opposition de la Russie à la guerre. Abstraction faite de la première déclaration du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, dans laquelle il déclarait que Moscou n’interviendrait pas dans la guerre, et qui lui a valu un blâme du président Vladimir Poutine. La série des déclarations divergentes du président russe, jusqu’au sommet du G20 sur lequel a régné un froid évident, et au cours duquel des mises en garde russes ont été faites contre la flambée des prix du pétrole. Dans les milieux proches de Téhéran, on n’écarte pas une frappe malgré la mobilisation de la diplomatie iranienne à travers le monde dans le but d’empêcher ce scénario. L’Iran est conscient qu’une telle action aurait des conséquences au-delà de la Syrie et toucherait la région entière. Un lobby iranien actif a été chargé d’agir sur des membres du Congrès américain, afin qu’ils ne donnent pas le feu vert à Obama de se suicider une nouvelle fois dans la région.
Depuis le début, l’espoir iranien de faire pression sur le Congrès américain était faible. La preuve est évidente. Juste après l’élection du président iranien Hassan Rohani, 124 membres du Congrès avaient voté la levée des sanctions contre l’Iran. Mais 24 heures à peine plus tard, leur nombre est tombé à 24.

Marlène Khalifeh

La guerre ne prépare pas la paix
Les Iraniens ne croient pas aux déclarations telles que celles du ministre des A-E français, Laurent Fabius, qui a endossé un costume de guerre après sa dernière visite en Israël, où il a avancé la thèse selon laquelle la guerre 
préparerait la voie aux solutions pacifiques. Dans l’esprit iranien, la guerre ne laisse aucune possibilité à une solution politique. C’est pourquoi Téhéran tente de mettre en garde 
diplomatiquement et médiatiquement contre ce plan hollywoodien dans l’espoir d’éviter le pire.

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