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Nº 2915 du vendredi 20 septembre 2013

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Le Pr Antoine Boustany, président de l’Ordre des médecins. L’urgence d’agir avant la catastrophe

L’Ordre des médecins libanais a lancé une initiative qui consiste à créer une cellule de crise pour faire face aux éventuelles frappes aériennes contre la Syrie. Le président de l’Ordre, le Pr Antoine Boustany, a présenté, dans le cadre de cette initiative, une série de mesures préventives, sociales et psychologiques. Magazine l’a rencontré.
 

Quel est l’objectif de cette initiative?
L’objectif de cette initiative lancée par l’Ordre des médecins libanais est de doter le Liban de mesures préventives en cas de frappes aériennes sur la Syrie. Très souvent, nous attendons la catastrophe pour réagir. Or, on s’est dit qu’il fallait pour une fois, essayer d’anticiper l’événement et nous préparer humainement, socialement et professionnellement à ce qui pourrait arriver en cas de frappes qui auront des retombées négatives sur le Liban, mais qui sont fort heureusement incertaines à l’heure actuelle. Nous avions devant nous deux possibilités: la première concernant une dégradation de la situation sécuritaire au Liban, la seconde, le déplacement massif d’un nombre encore plus important de réfugiés syriens. Déjà, nous avons près d’un million de déplacés au Liban et ce nombre entraîne des problèmes de différentes sortes. Il fallait donc nous réunir pour étudier et discuter des possibilités et des mesures à prendre pour prévenir cette situation.

Justement, quels sont les principaux problèmes soulevés par la présence des réfugiés?
Nous avons, entre autres, des problèmes d’ordre médical dus aux nombreuses maladies qui touchent un grand nombre de réfugiés syriens dont la tuberculose, la gale, les poux ou la leishmaniose. Nous devons lutter contre ces maladies infectieuses pour prévenir d’éventuelles épidémies. Ce sont des problèmes que nous devons affronter surtout que la rentrée scolaire approche. L’accueil des réfugiés impose aussi de créer des centres d’hébergement, vu le nombre important qui s’ajoutera à celui déjà existant dans les régions libanaises.
 

Comment se préparer aux menaces de frappes aériennes?
Notre initiative vise à créer une cellule de crise qui se chargera de préparer et d’orienter le personnel médical. Il y a d’abord des mesures à prendre au niveau humain. C’est-à-dire la formation et la préparation du corps infirmier, du corps médical, des urgentistes, du personnel de la Croix-Rouge et celui de la Défense civile pour faire face à cet événement. Il faut, par ailleurs, assurer une bonne coordination entre les divers établissements de santé. Nous devons par exemple nous interroger sur les hôpitaux habilités à recevoir les brûlés et le nombre qu’ils peuvent recevoir, mais également sur leurs moyens financiers et le nombre de lits. Nous devons également sensibiliser les citoyens et les informer sur les frappes chimiques et les gestes pour y faire face. Il faut aussi s’interroger sur les capacités des centres d’accueil des réfugiés concernant la prise en charge des maladies dépistées. Mais également assurer une bonne coordination entre les différents centres. Les représentants de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont d’ailleurs proposé d’assurer la formation du personnel médical. Une formation et un soutien psychologique seront également offerts aux différents acteurs de la santé et aux bénévoles.

Qui est concerné par ces mesures?
Nous avons proposé la création d’un comité national d’urgence formé de représentants de l’OMS, du ministère de la Santé publique, du ministère des Affaires sociales, du Syndicat des hôpitaux, de l’Ordre des médecins, l’Ordre des infirmiers et infirmières et celui des dentistes ou des pharmaciens. Mais, également, des représentants de la Croix-Rouge, de la Défense civile ou des professionnels des médias. Il s’agit enfin de créer une salle d’opérations conjointe en coordination avec l’armée, les forces de sécurité, la Croix-Rouge et l’OMS.

Etes-vous confiant dans la réalisation de ces mesures?
Tous les partenaires locaux ont démontré de bonnes intentions et sont prêts à collaborer. J’aurais souhaité toutefois une présence accrue d’ONG étrangères. Mais j’espère que notre initiative se traduira en actes concrets. Les prochains jours nous le diront.

Propos recueillis par NADA JUREIDINI

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