Il est le vainqueur de l’Arab Book Award 2013. Joseph Geha, auteur de Lebanese blonde, nous emmène, dans ce premier roman, à Little Syrie, un quartier de Toledo dans l’Etat de l’Ohio. Ici, une première génération d’immigrés libanais et arabes est venue s’installer à la recherche de nouvelles opportunités.
Le titre peut vous tromper. Mais attention, dans Lebanese blonde, il n’est pas du tout question d’une femme sensuelle.
Inspiré d’une histoire vraie
Il suffit de jeter un coup d’œil à la couverture du livre pour le réaliser. L’histoire se déroule entre 1975 et 1976, au début de la guerre du Liban. Mais ce n’est pas seulement de son pays d’origine qu’il est question. L’auteur traite, avec beaucoup de finesse, comment des immigrés tentent de s’adapter à leur nouvelle vie en Amérique souvent avec beaucoup de perplexité. Il y a d’abord ces deux cousins vivant à Toledo, Aboodeh, un entrepreneur, et Samir, qui se partagent la vedette. Ensemble, ils vont importer du haschich aux Etats-Unis, en utilisant l’activité funéraire de la famille pour le camoufler. Il y a ensuite Teyib, un réfugié de guerre nouvellement arrivé du Liban, qui fait des efforts maladroits pour se faire accepter tout en éveillant les soupçons. Qui est vraiment ce migrant ayant un passé mouvementé et quels dangers emporte-t-il avec lui?
Autour de ces personnages, gravitent d’autres qui sont tous des migrants. Il y a ces femmes aux fourneaux versant dans leur plat de l’amour. Un oncle aux abonnés absents dirigeant une morgue. L’histoire devient vraiment captivante lorsque Aboodeh et Samir seront confrontés à des problèmes. En effet, une de leurs expéditions tourne mal et leurs liens avec la patrie ravagée par la guerre sont coupés. Bientôt, il ne s’agit pas seulement de Aboodeh et de ses moyens de subsistance. Ni seulement de l’avenir de Samir qui sont en péril. Mais de la stabilité de toute la famille. En abordant tous ces angles, Joseph Geha explique que ce livre est inspiré de sa propre histoire. En 1971, l’auteur était à Baalbeck au Liban quand il a vu les hommes garder des champs de haschich à proximité. Cela l’a marqué. Mais outre cela, ses personnages lui ressemblent beaucoup. «Teyib et Samir sont tous les deux moi, en quelque sorte. Samir provient d’une partie de moi. Celle qui a peur de perdre ce que l’immigration et la naturalisation finiront par nous enlever. La langue, les coutumes, la nourriture, la culture, la famille et un sentiment d’appartenance». Quant à l’histoire, elle est inspirée par son arrivée avec sa famille à Toledo, sa vie ici. «Au collège, j’ai eu des amis qui ont été impliqués dans des affaires de drogue. En fait, l’un d’eux a été tué».
En écrivant leur histoire, c’est comme si l’auteur veut mieux comprendre. «Vous tenez à mieux saisir votre entourage, mais aussi qui vous êtes et ce que vous choisissez de faire. Vous comprenez que l’immigrant est en quelque sorte comme un bébé».
Pauline Mouhanna, Illinois – états-Unis
Lebanese blonde est publié aux éditions The University of Michigan Press.
Bio en bref
Joseph Geha est âgé de 68 ans. Il est retraité de l’Iowa State University où il enseignait l’écriture créative. Il est diplômé de Saint François de Sales High School et a obtenu une maîtrise de l’Université de Toledo. Certains de ses récits, poèmes et pièces de théâtre ont été publiés dans des revues littéraires. C’est en 1998 qu’il commence à rédiger Lebanese blonde. Mais il écrit d’abord plusieurs versions qu’il abandonne par la suite. Après sa retraite, il entreprend une troisième version en 2003 qui sera finalement retenue.