Face à un ennemi de plus en plus présent sur son territoire, le régiment Héliporté, ni d’ailleurs aucun autre régiment de l’armée, ne resteront indifférents. Pour prouver ses capacités et faire preuve de force et de courage, le régiment Héliporté a effectué, à Ouyoun el-Siman, une manœuvre de combat intitulée al-Malikiya, dans le cadre de la mise en œuvre de raids et d’embuscades contre des forces ennemies.
Cet événement de taille a eu lieu en présence du sous-chef d’état-major pour les opérations, le général de brigade Ali Hammoud, représentant le général Jean Kahwagi, commandant en chef de l’Armée libanaise, des officiers supérieurs et des commandants d’unités majeures et indépendantes, ainsi que de David Hale, ambassadeur des Etats-Unis et des attachés militaires.
«L’exercice a été nommé ‘‘al-Malikiya’’ en référence à un village palestinien, situé à 1 km environ de la frontière avec la Palestine occupée, explique le général Georges Nader, commandant du régiment Héliporté. L’Armée libanaise l’avait, en effet, occupé à la fin du mois de mai 1948, juste après l’établissement de l’Etat israélien. La mission fixée à l’Armée libanaise par l’Armée de libération arabe étant d’atteindre al-Malikiya».
A l’époque, l’Armée libanaise, créée trois ans auparavant (1er août 1945), est encore une «jeune armée», selon les dires de Nader. «La région est ensuite occupée par des gangs d’Agana et, enfin, par l’Armée libanaise, le 7 juin 1948. Celle-ci y demeura jusqu’à la fin de l’été, dont elle s’y retira en se retrouvant seule après le retrait des unités de l’Armée de libération arabe, dont la mission a été uniquement effectuée par l’Armée libanaise», poursuit le général Nader.
Le choix du nom de l’exercice
Le commandant du régiment résume les trois raisons du choix du nom de l’exercice:
♦ Rappeler les victoires de l’Armée libanaise qui n’a jamais failli à son devoir patriotique face à l’ennemi israélien depuis l’établissement de l’Etat israélien à ce jour. Depuis les affrontements de 1969, 1973, 1993, 1996, jusqu’à la guerre de juillet 2006 et l’incident de Odayssé le 2 août 2010.
♦ Rappeler la doctrine militaire libanaise qui voit en Israël l’ennemi et réorienter la boussole nationale envers cet ennemi en cette période de conflits entre les parties libanaises qui ont oublié leur ennemi commun.
♦ Rappeler les objectifs de formation liés à l’action des forces spéciales en dehors des lignes ennemies.
De tactique et de logistique
Pour que la manœuvre atteigne son objectif, tout un scénario est monté. Le coup d’envoi est donné. L’hypothèse? L’ennemi israélien a occupé une partie de la région de la Békaa. Il a atteint le village de Faraya. Le régiment Héliporté serait amené alors à réaliser des opérations de raids et d’embuscades sur les convois de l’ennemi, ses lignes d’approvisionnement et ses bases logistiques dans ce même village.
Mission accomplie. Le régiment a fait preuve de haute capacité de combat et de professionnalisme dans la mise en œuvre des opérations derrière les lignes ennemies. Les soldats ont méticuleusement suivi le plan dressé et l’ont achevé avec maîtrise.
Tirs par des hélicoptères Gazelle, des armes lourdes et moyennes, des explosions de dispositifs… Tout est permis dans le cadre de cette manœuvre, qui s’inscrit dans le plan de formation de qualité, développé par le commandement de l’armée en vue d’assurer la préparation des unités en matière de défense et leur capacité à faire face aux forces hostiles.
Le général Nader évoque les micro-unités, leur capacité de combat et le taux élevé des spécialisations: unités spéciales, ingénierie de combat, tir d’élite, retraçage des indices, combats dans les zones peuplées, etc.
Le lieutenant-colonel Mohammad el-Moustafa, commandant de la deuxième branche du régiment, développe, à son tour, les actions actuelles et potentielles de l’ennemi, ainsi que sa doctrine de combat, ses lieux de concentration, le mouvement de ses forces, les armes utilisées et les capacités des forces ennemies en face de celles des alliés.
Le lieutenant Bassel Tohmé commande la compagnie de reconnaissance du régiment. Cette dernière doit mener des actions de reconnaissance sur les axes d’avancement de l’ennemi et ses lieux de concentration pour les prendre en photos et les envoyer par Internet d’une façon codée à la salle d’opérations provisoire du régiment, afin que ses membres puissent élaborer le concept de la manœuvre et attaquer les bases de l’ennemi.
Les intervenants
Le lieutenant-colonel Maroun Abou Halloun expose le concept de la manœuvre sur l’ensemble des lieux de concentration des unités ennemies au Kesrouan, précisément sur la mission de la première compagnie de Combat du régiment Héliporté, amenée à détruire le point logistique de la division blindée 612.
Le capitaine Joseph Khoury, commandant de la première compagnie de combat Héliporté, résume ensuite la mission de sa compagnie par la destruction du point logistique appartenant à la partie ennemie au Kesrouan.
Le lieutenant Alexandre el-Alam a, enfin, développé la méthode qui permettra d’assurer un contact entre les unités du régiment sous le contrôle de l’ennemi dans le domaine de la guerre électronique et leurs hautes capacités de haut brouillage et même de débranchement.
Karla Karkafi Ziadé