Magazine Le Mensuel

Nº 2920 du vendredi 25 octobre 2013

Presse étrangère

Le Liban et ses marronniers

L’installation sauvage de centaines de milliers de réfugiés syriens se poursuit dans un contexte de paralysie politique qui exacerbe les réflexes xénophobes et relègue au second plan d’autres dossiers urgents.

Le Journal du Dimanche

Pays: France.

Périodicité: hebdomadaire.

Genre: généraliste. 

Diffusion: 260000 exemplaires.

Le rédacteur en chef du JDD, en charge de l’actualité internationale, François Clémenceau, pose une question sèche: «Le Cèdre libanais va-t-il s’écrouler?».
L’homme qui était chargé de ce dossier des réfugiés aux côtés du Premier ministre libanais a démissionné récemment. En recevant au début du mois le JDD à Beyrouth, Ramzi Naaman se disait persuadé «qu’on [finirait] par se battre au Liban pour un morceau de pain et que ce [serait] l’étincelle d’un nouveau conflit». En ajoutant: «Si nous ne faisons rien, une explosion secouera ce pays s’il existe encore». Ce spécialiste des questions sociales et démographiques ne cherchait pas à exploiter la crainte d’un conflit au Liban entre une nouvelle majorité sunnite anti-Bachar et les chiites dans un pays d’accueil où le Hezbollah détient des leviers essentiels du pouvoir. Il tentait juste d’expliquer qu’en l’absence de camps de réfugiés, dont les autorités ne veulent pas pour ne pas rééditer l’expérience des camps palestiniens des années 1970 à l’origine de la guerre civile libanaise, il fallait faire face à cet afflux massif avec une réponse économique et sociale. 

Gulf News
Pays: Emirats arabes unis.
Langue: anglais.
Périodicité: quotidien.
Diffusion: 109000 exemplaires.

Pour son éditorialiste vedette Joseph Kechichian, «Joumblatt, comme Aoun et tellement d’autres leaders au Liban, ne s’inquiète que pour son fief – pas du Liban». De tous les politiciens libanais, à l’exception de Michel Aoun, le leader du PSP se distingue par ses aphorismes vraiment bizarres. Voilà un faiseur de rois autoproclamé qui fait régulièrement tomber les gouvernements, selon la façon dont il interprète les vents régionaux. Joumblatt oscille comme le pendule de Foucault qui a démontré la rotation de la Terre. Dans sa vision, le Liban est rond et tourne suivant les caprices de toute une classe de pseudo-leaders contestés; mais il peut tout aussi bien être plat, en fonction des circonstances. Naturellement, en tant que centriste, positionnement qu’il a largement compromis, il s’est octroyé le privilège d’un droit de veto qui pourrait, le cas échéant, rendre la vie infernale à n’importe qui.
Comme tous les politiciens du pays, et plus particulièrement les faiseurs de rois, Joumblatt est sérieusement préoccupé par la prochaine échéance politique majeure qui risque de plonger le pays dans l’inconnu: les élections présidentielles de 2014.

Wamda

Pays: Etats-Unis.

Région: Moyen-Orient.

Genre: site Internet.

Diffusion: 51000 visiteurs par jour.

La plate-forme des start-up pour le Moyen-Orient raconte le parcours d’une Néerlandaise qui a monté sa petite entreprise à Beyrouth.
Ecrire un guide touristique sur le Liban est un risque que la plupart des guides, comme Lonely Planet, refusent de prendre. C’est compréhensible, car l’instabilité politique a un impact sévère sur le tourisme, ce qui rend presque impossible le retour sur investissement. Mais pourtant, un marché existe. Les quelques guides existants pour les voyageurs, les expatriés et les habitants ne sont pas à jour et offrent des cartes antidatées et des informations incorrectes ou incomplètes, surtout parce que les auteurs de ces guides ne parviennent pas à capter le style de vie et les quotidiens des Libanais.
Alors, qui serait assez fou pour passer une année à voyager à travers le pays, passant en revue les hôtels, passant des semaines à cartographier les carrefours routiers les plus tortueux, et des mois à obtenir des informations précises sur les lignes de bus? Elle s’appelle Saskia Nout. Il y a deux ans, cette Néerlandaise était chef de projet dans un laboratoire d’oncologie à Amsterdam. Mais elle trouve sa nuit ennuyeuse. Alors, elle rassemble ses économies et calcule qu’elle pourrait survivre un an et demi si elle coupait les dépenses inutiles. C’était suffisant pour écrire le guide; le reste viendrait plus tard.

Le Monde

Pays: France.

Périodicité: quotidien.

Genre: généraliste.

Diffusion: 325000 exemplaires.
        
1er site français d’information.

Laure Stephan, correspondante du Monde à Beyrouth, s’est intéressée à la montagne de Saïda.
A l’entrée du port de Saïda, ville côtière de 250000 habitants située au sud de Beyrouth, des pêcheurs installés derrière leurs étals hèlent le client. Nazih Sonbol, lui, a déjà fini sa journée. Epuisé par sa sortie en mer, il égrène, en ce mois d’octobre, la même complainte que ses collègues: «Les nasses se remplissent de sacs en plastique, les filets cassent sous le poids des déchets, le poisson se raréfie tant les fonds marins sont pollués par les immondices». La source de ces malheurs? La «montagne» de détritus, le plus grand dépotoir à ciel ouvert du Liban, qui borde le littoral. A quelques centaines de mètres au sud du cœur historique de Saïda, voilà près de quarante ans que cette décharge contamine la mer et ses ressources.
Mais Nazih Sonbol, numéro 2 du syndicat des pêcheurs de la ville, se veut optimiste: la réhabilitation de ce dépotoir sauvage, devenu le symbole de l’incurie environnementale au Liban, a enfin démarré. Quand les pêcheurs se dirigent vers les eaux de Zahrani, plus au sud, ils aperçoivent toujours la montagne à ordures qui en était arrivée à voler la vedette au château de la mer de Saïda du XIIIe siècle, ou au vieux souk. Mais le dépotoir, qui atteignait, avant l’été, 50 mètres de hauteur, a fondu de moitié.

Médiapart

Pays: France.

Genre: site Internet d’informations.

Diffusion: 65000 abonnés payants.
        
1,6 million de visiteurs par jour.

Sur le blog ShouFi, Florence Massena, Française habitant au Liban, publie un billet d’humeur sur la situation libanaise.
Jamais je n’ai entendu autant de réflexions de haine qu’ici, les nombreux «le problème au Liban c’est…» – le problème variant selon la confession de mes interlocuteurs – que je ne peux plus écouter. Mais qui suis-je pour juger? Ce pays n’est pas le mien. Que dire, quand dans mon quartier achrafiyote, on me lance avec un grand sourire: «La France est un grand pays!»? Que penser de cette ombre omniprésente de mon pays au-delà de la Méditerranée? Comment leur dire que mon pays ne viendra sauver personne ici?
Terre d’intérêts divers et variés, pays de divisions et de jeux internationaux, le Liban n’est pas encore capable de prendre son indépendance. Aujourd’hui, il est pris d’assaut économiquement et socialement par une présence étrangère à laquelle il n’a pas les moyens d’assurer une vie décente, et détruit politiquement par des notables qui investissent plus dans leur entreprise familiale que dans le développement du pays. Julien Abi Ramia

Top Thèmes
A chaque numéro, nous vous proposerons un classement des sujets libanais les plus traités par les médias étrangers au cours de la semaine écoulée: le sujet de la semaine est, sans conteste, la libération des pèlerins chiites, otages à Aazaz, et des pilotes turcs. Viennent ensuite les articles qui traitent de la gestion difficile, par les autorités libanaises, de l’afflux des réfugiés syriens et ses conséquences auprès de la population libanaise.

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