Magazine Le Mensuel

Nº 2921 du vendredi 1er novembre 2013

Presse étrangère

La guerre solidement installée

Comme un virus résistant, le conflit syrien s’est durablement implanté dans le quotidien du pays avec son lot d’instabilité politique et de drames humains.

Time
Pays: Etats-Unis.
Périodicité: hebdomadaire.
Diffusion: 3,2 millions d’unités.
Magazine d’information le plus distribué au monde.

Sous la plume de son correspondant en chef pour le Moyen-Orient, Aryn Baker, une enquête sur le trafic de Captagon qui finance la guerre en Syrie. Instructif.
Quelques jours après être entré en fonction cet été, le nouveau responsable de la lutte antidrogue au Liban, le colonel Ghassan Chamseddine, a pêché un gros poisson au port de Beyrouth. Plus de cinq millions de boîtes d’amphétamines produites au Liban cachées dans un chauffe-eau industriel à destination de Dubaï. «La chaudière a été fabriquée en Syrie. C’est comme si elle avait été montée autour de la drogue». Une semaine plus tard, un autre gros poisson. Six camions de marchandises fabriquées en Syrie, à destination de l’Arabie saoudite via Beyrouth, ont été interceptés au moment de franchir la frontière. La marchandise était dissimulée entre les couches de métal qui protègent la coque en acier des containers; près de six millions de pilules. Quelques jours après, un Syrien est arrêté à l’aéroport international Rafic Hariri avec 11000 comprimés dissimulés dans des pâtisseries.
En un mois, les autorités libanaises ont mis la main sur 200 millions de dollars de Captagon, l’une des drogues les plus prisées du Golfe Persique.
Les enquêtes ont démontré que les camions de marchandises en question appartenaient à un sunnite syrien qui a quitté Homs pour s’installer au Liban. «Deux ou trois convoyages de ce type, et c’est 300 millions dans la poche». Mais les sunnites ne sont pas les seuls à en profiter, le Hezbollah a également sa part.

Hayat
Région: Moyen-Orient.
Pays: Arabie saoudite.
Ville: Londres.
Périodicité: quotidien.
Diffusion: 130000 exemplaires.

 

Pour l’éditorialiste Walid Choucair, le Liban a besoin d’une «conférence de Genève», en référence au deuxième round du sommet international sur la Syrie qui se déroulera dans la ville suisse.
Il est devenu impossible de contourner les exigences et les obstacles des partis libanais qui enfoncent le pays dans la crise. Les initiatives sont considérées, soit comme des propositions intéressées, soit comme des tentatives désespérées. Même les propositions avancées par les centristes font pschitt. L’abîme se creuse. C’est parce que la crise en question dépasse très largement le cadre domestique.
Contrairement à ce que laissent croire les discours du moment, les sympathisants des deux camps n’en ont pas marre de leurs leaders. La polarisation communautaire et religieuse est telle qu’au moins pour garder le statu quo, chaque camp doit se méfier de l’autre, lui répondre du tac au tac. Leur allégeance à leurs leaders est aussi forte que la haine qu’ils vouent à leurs adversaires. En fait, il leur suffit d’attendre que le feu vert régional soit donné. C’est ce qu’explique l’ambassadeur des Etats-Unis au Liban, David Hale, lorsqu’il déclare qu’il est «rare que son pays, la Russie, la Chine et les Européens réussissent à s’accorder. Ils le font sur le dossier libanais».

Huffington post
Pays: Etats-Unis.
Genre: site Internet d’information.
Diffusion: 5 millions de visiteurs par jour.
Premier média Internet à avoir obtenu le prix Pulitzer.

Clare Carwell raconte le harcèlement dont sont victimes les réfugiées syriennes au Liban.
Beaucoup de femmes syriennes préfèrent revenir dans leur pays déchiré par la guerre plutôt que d’endurer les violences, le viol et les agressions sexuelles qu’elles subissent en tant que réfugiées. Plus de 50% des femmes interrogées par Caritas Liban et le Fonds d’aide internationale catholique écossais (Sciaf), ont avoué avoir été abusées sexuellement.
«Quand nous leur demandons pourquoi veulent-elles revenir en Syrie malgré la guerre», explique Nahda Chahda, responsable des réfugiés pour Caritas, «elles répondent qu’elles y vivaient plus gaiement. Même lorsque la situation était difficile, elles étaient bien traitées. Les maris n’étaient pas agressifs. Il y avait toujours des occasions pour elles de s’exprimer, de partager avec leurs voisins et les familles. Chahda explique également que les conditions de vie, le manque de soutien et de ressources, ainsi que le fait que les femmes au foyer soient désormais obligées de travailler contribuent à la vulnérabilité des femmes. L’autre différence, c’est la disparition de tout cadre légal pour ces réfugiées. Ainsi, de plus en plus de mariages forcés de filles de 12 ans – selon certaines interprétations de la charia, l’âge minimum à partir duquel une fille est mariable – sont enregistrés.

Jerusalem Post
Pays: Israël.
Langue: anglais.
Périodicité: quotidien.
Diffusion: 15000 exemplaires par jour.

Le quotidien israélien reprend les déclarations fantasmagoriques du ministre de la Défense Moshe Ayalon.
«Pour ceux qui ne le savent pas encore, la guerre civile a déjà éclaté au Liban. Le Jihad mondial, qui a infiltré le Liban et attaque le Hezbollah, fait exploser des voitures dans la banlieue sud et tire des roquettes sur la banlieue sud et la vallée de la Békaa. Selon le responsable israélien, ces éléments du Jihad mondial sont derrière le tir en août de quatre roquettes sur le nord d’Israël dans le but de provoquer une riposte israélienne contre le Hezbollah. «Il a toutefois été prompt à rejeter toute responsabilité. Ceci est un autre exemple de notre pouvoir de dissuasion». Elargissant son champ d’analyse, Ayalon souligne que le pouvoir de dissuasion d’Israël empêchait aussi des attaques à partir de la bande de Gaza et que l’Iran constituait la plus grande menace pour Israël, en armant le Hezbollah, le Jihad islamique et le Hamas.

Le Monde
Pays: France.
Périodicité: quotidien.
Genre: généraliste.
Diffusion: 325000 exemplaires.
1er site français d’information.

Le quotidien français de référence fête un triste anniversaire.
Georges Ibrahim Abdallah a entamé, la semaine dernière, sa trentième année de détention dans les prisons françaises. Une demi-vie derrière les barreaux qui fait de ce militant libanais pro-palestinien de 62 ans, condamné pour «complicité d’assassinats», «le plus vieux prisonnier politique d’Europe», selon les mots de son avocat, Jean-Louis Chalanset. Un prisonnier politique, Georges Ibrahim Abdallah? De l’avis de l’ensemble des acteurs interrogés sur ce dossier, le destin de cet ancien combattant marxiste chrétien se joue davantage à l’Elysée que dans les palais de justice. C’est là l’une des curiosités de ce dossier. Aucune remise en liberté de Georges Ibrahim Abdallah ne peut se faire sans l’aval de la place Beauvau. Le 21 novembre 2012, le militant pro-palestinien a fini par obtenir un avis favorable du tribunal d’application des peines de Paris, mais l’arrêté n’a jamais été signé.
«Georges Ibrahim Abdallah est un être déroutant, note Me Kiejman, qui représente les Etats-Unis dans ce dossier. C’est quelqu’un de très digne, mais qui se présente aujourd’hui encore comme un militant prêt à reprendre le combat politique, sans qu’on sache où il se situe dans la fournaise libanaise. Le gouvernement américain craint que son retour au Liban ne nourrisse l’incendie».

Julien Abi Ramia
 

Top Thèmes
1- La reprise des combats à Tripoli.
2- La situation des réfugiés syriens au Liban.
3- L’alerte à la polio lancée par les autorités libanaises après la découverte d’un cas en Syrie.

   

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