Au congrès de la Rencontre chrétienne pour les chrétiens d’Orient, six pays étaient représentés: la Syrie, l’Egypte, la Jordanie, l’Irak, la Palestine et le Liban. Les intervenants ont tiré les conclusions suivantes: le partenaire musulman modéré doit contribuer à la protection des chrétiens, l’extrémisme étant dangereux pour toutes les religions. De son côté, la communauté internationale doit peser de tout son poids pour maintenir les chrétiens sur leurs terres.
A l’initiative de la Rencontre chrétienne, plus d’une centaine de personnalités libanaises et arabes se sont retrouvées pour débattre de la situation des chrétiens en Orient et pour trouver ensemble les meilleurs moyens de résister aux groupuscules extrémistes qui, par leurs actes, terrorisent les populations et poussent les citoyens, notamment, de la communauté chrétienne à l’émigration et à la vente de leurs propriétés.
«Le but du congrès, a indiqué à Magazine le ministre Gebran Bassil, est de tracer ensemble la feuille de route visant à protéger les chrétiens des dangers qui les guettent et qui les poussent à quitter leurs terres et à émigrer vers des horizons plus cléments. Nous avons tenu spécia-lement à inviter les ambassadeurs de différents pays afin qu’ils entendent de leurs propres oreilles ce que les représentants des pays arabes disent sur les développements récents dans leurs pays. Dans ce cadre, nous nous sommes entendus sur ce qui suit: inciter le partenaire musulman à se rendre compte du danger qui guette les minorités et les musulmans modérés et appeler la communauté internationale à les aider à rester sur leurs terres».
A ce jour, la situation des chrétiens au Liban ne semble pas aussi inquiétante que les responsables le disent. Cette prolifération de rencontres chrétiennes est plus à même de les inquiéter sur leur sort que de les rassurer, pensent bon nombre de citoyens. «Certes, à ce jour, les chrétiens du Liban ne sont pas en danger, répond Karim Pakradouni à Magazine, mais pour éviter que l’extrémisme n’atteigne nos frontières, nous devons mettre en place une stratégie commune à tous les chrétiens d’Orient dans le respect des spécificités de chaque pays».
Intervention du général Michel Aoun
Dans son allocution de clôture du congrès, le chef du Bloc du Changement et de la Réforme a affirmé que selon les actes et les faits rapportés, les témoignages et les chiffres avancés, les chrétiens d’Orient sont en effet en danger du fait des mouvances extrémistes qui prolifèrent. «Ces mouvances, dit-il, sont en contradiction avec toutes les religions. Malgré les espoirs que nous plaçons dans la victoire du véritable islam, premier menacé, nous devons dénoncer cette phase difficile par laquelle nous passons, d’autant que le danger dû à l’extrémisme guette aussi bien les chrétiens que les musulmans. Danger qu’il nous revient de combattre si nous désirons que l’Orient demeure une terre de rencontre, de diversité, de dialogue et d’acceptation de l’autre». Il s’est interrogé, au passage, sur les raisons pour lesquelles les pays arabes ont décidé de remplacer leur guerre contre Israël par des guerres fratricides entre musulmans. Aoun a conclu en disant que dans cet Orient, il est faux de parler de minorités et de majorités, «cette partie du monde étant le fruit d’une accumulation venant de différents peuples et de différentes religions». Selon lui, seule l’instauration d’Etats civils est susceptible de sauvegarder l’Orient.
Danièle Gergès