Lors de la commémoration du 24e anniversaire de l’assassinat de René Moawad, un méga événement a été organisé par le Mouvement de l’Indépendance qui y a convié ses alliés traditionnels, mais aussi le général Michel Aoun. Michel Moawad a lancé, à cette occasion, un appel à la formation d’un front de la modération appelant le chef du CPL à y participer.
«La modération et nous sommes majoritaires». C’est sous ce slogan que s’est articulée la 24e commémoration de l’assassinat du président de la République élu, René Moawad. Le président du Mouvement de l’Indépendance Michel Moawad a appelé les instances politiques libanaises à former un front de la modération auquel se rallieraient toutes les forces modérées de la région. Il a lancé plusieurs messages tant à ses alliés qu’aux forces politiques du 8 mars. S’adressant au chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, il lui dit: «Avec tous mes respects, je dois vous dire que la logique ‘‘je ne veux la couverture de personne’’ ne fonctionne pas au Liban. L’hégémonie d’un parti sur tous les Libanais, beaucoup l’ont essayée avant vous et ont échoué. Ce projet ne réussira pas». Se référant au patriarche Mar Nasrallah Boutros Sfeir, Moawad a assuré que si l’on donnait le choix aux Libanais entre le vivre en commun et la liberté, ils choisiraient et, surtout les chrétiens d’entre eux, la liberté, ligne de vie inébranlable». «Je m’adresse à mes alliés du 14 mars, poursuit-il, et à tous les indépendantistes et je leur demande que nous soyons tous ensemble la pierre angulaire du front de la modération au Liban. Comme nous avons été pionniers dans le déclenchement des révolutions dans le monde arabe, soyons le aujourd’hui en formant ce front et en nous alliant à des forces arabes qui nous ressemblent… je m’adresse aussi au général Michel Aoun présent parmi nous, représenté par le ministre de la Culture, Gaby Layoun: vous vous êtes confronté à René Moawad en 89 et toutes les données vous ont montré après son assassinat que vous étiez plus proche de lui que vous ne le pensiez…Venez nous retrouver dans ce front et construisons ensemble un Liban qui nous ressemble…».
La cérémonie avait débuté par trois allocutions consécutives prononcées par le général Achraf Rifi, ancien directeur des Forces de sécurité intérieure (FSI), par Gisèle Khoury, présidente de la Fondation Samir Kassir et par Ali el-Amine, journaliste, qui ont, chacun à sa manière, dénoncé les ingérences du régime syrien depuis des dizaines d’années, ingérences qui, selon eux, se poursuivent par le biais des mouvances extrémistes soutenues par Damas et qui interviennent au Liban.
Trois interventions filmées également, celles du Premier ministre irakien, Iyad Allaoui, de l’ancien secrétaire général égyptien de la Ligue arabe, Amr Moussa et du président de la Coalition nationale syrienne, Ahmad Jarba qui ont évoqué le parcours national du président René Moawad, son intégrité et sa vision futuriste du pays et de la région.
Danièle Gerges
Trois questions à Jawad Boulos
Lors de cette commémoration, le Mouvement de l’Indépendance, dont vous faites partie, a demandé au général Michel Aoun de former avec lui le front de la modération. Pourquoi cette ouverture envers le chef du Courant patriotique libre?
L’idée de base, c’est qu’il est temps de former un front de la modération face à la montée des extrémistes qui regroupent les takfiristes sunnites et le Hezbollah chiite. Les limites de ce front sont plus souples que la dichotomie 14 et 8 mars.
Comment vos alliés du 14 mars ont-ils réagi en vous voyant vous rapprocher de l’un des pôles du 8 mars?
Ils ont considéré que c’est une ouverture intéressante. Nous avons concrétisé une conviction qui se renforce auprès d’une grande partie de la population et en
particulier celle proche du 14 mars.
Comment allez-vous traduire concrètement ce projet?
Les gens, toutes tendances confondues, réalisent que le grand danger auquel nous faisons face, c’est l’intégrisme armé. Nous allons donc concrétiser notre proposition en entreprenant des démarches auprès des acteurs politiques de la scène libanaise pour tenter de constituer ensemble ce front dont nous parlons.