La cherté de vie a toujours préoccupé les Libanais. Les prix flambent d’une façon imprévisible à la cadence des périodes plus ou moins explosives.
En 1977, en conséquence de la guerre dite des deux ans, le coût de la vie augmente de 58%. Les produits alimentaires sont touchés en moyenne de 81%, suivis du logement, du transport, des vêtements et, enfin, des produits d’entretien. Les médicaments, les soins médicaux, le carburant, l’électricité, les écolages et les frais scolaires n’y échappent pas.
La tension sociale gonfle. Après une attente de quelques mois, le Conseil des ministres décide de porter le salaire minimum à 415 livres libanaises. accompagné d’une majoration dégressive des salaires par tranches. Quelques mois plus tard, une nouvelle majoration des salaires intervient et le salaire minimum est fixé à 525 puis à 560 L.L.
Le déficit budgétaire est déjà important, en 1978, il atteint 850 millions de livres. La majeure partie va à la Défense, à l’Intérieur et à l’Education. Le gouvernement obtient l’accord de contracter des emprunts à concurrence de 700 millions de livres libanaises.
Le problème de la cherté de vie n’en est pas pour autant réglé. Les salaires des citoyens fondaient à vue d’œil dans les soins médicaux, les frais scolaires et les produits alimentaires atteignant des taux que la plupart des Libanais ne pouvaient assumer. Ces derniers n’ont alors d’autre recours que celui de manifester pour inciter le gouvernement à agir et à prendre des mesures contre les hausses des prix de plus en plus incontrôlées.
A la fin de l’année 1979, les manifestations s’organisent autour du sérail de Tripoli. Le gouvernement charge, enfin, un comité ministériel de déterminer les causes des hausses des prix et de proposer les mesures adéquates pour y mettre fin.
Dans son rapport, le comité arrive à une lapalissade: la hausse des prix est due à l’insécurité qui a entraîné l’augmentation des frais de transports, ceux de l’assurance sur les produits importés, les destructions qui ont frappé le pays au long des années de guerre, sans oublier les taxes illégales imposées par les milices et, enfin, au déséquilibre entre l’offre et la demande. Le déficit budgétaire est également la cause de la dégradation économique. Le comité suggère d’assurer la libre circulation sur la route côtière et des mesures concernant l’importation de certains produits.
En décembre 1979, le gouvernement de Salim Hoss sous le mandat du président Elias Sarkis adopte un plan global de lutte contre la cherté de vie. Il porte sur la mise en place d’un bureau national pour l’importation, la distribution et la vente des médicaments en vue d’en contrôler les prix. Le plan établi prévoit une augmentation du nombre de coopératives et des marchés populaires et l’approvisionnement régulier en carburants et gaz butane. La décision est aussi prise de fermer les ports illicites, de lutter contre la contrebande et d’éviter les monopoles.
Toutes ces mesures n’ont cependant pas contribué à faire baisser les prix. Quelques mois plus tard, une nouvelle flambée est suivie régulièrement par d’autres. Le salaire minimum passe à 675 000 L.L. en 2012 avec la dévaluation de la livre libanaise.
Arlette Kassas
Salaires minima
Selon l’article 46 du Code du travail, les salaires minima seront rectifiés chaque fois que les circonstances économiques rendront la rectification nécessaire. Cette révision s’est faite en moyenne tous les deux ans, puis chaque dix mois entre 1961 et 1996. Elle est bloquée ensuite jusqu’en 2008. Selon la loi du 17 mai 1961, le smic est de 125 L.L. avec une valorisation de 15% sur le salaire appliqué jusque-là. Il passe à 145 L.L. en 1965, puis à 160 en 1967, 166 en 1969, 185 en 1971, jusqu’à 950 L.L. en 1982. Puis, avec la dévalorisation de la livre libanaise, il atteint 200 000 L.L. en 1994 et 300 000 L.L. en 1996. Les majorations sont d’abord de 4% et 15% jusqu’en 1985, avant d’atteindre très vite des taux de 75% avant 1996. En septembre 2008, le gouvernement approuve une nouvelle hausse du salaire
minimum, qui passe de 300 000 à 500 000 livres, puis à 675 000 L.L. en 2012.