Magazine Le Mensuel

Nº 2926 du vendredi 6 décembre 2013

  • Accueil
  • general
  • Zeina Kassem, présidente de Roads for life. «Les premiers secours augmentent les chances de survie»
general

Zeina Kassem, présidente de Roads for life. «Les premiers secours augmentent les chances de survie»

L’association Roads for life a pour mission de former des médecins urgentistes, des secouristes et des infirmiers, aux premiers gestes à apporter en cas d’accidents de la route. La présidente de l’association, Zeina Kassem, qui a surmonté la perte tragique de son fils, s’est lancée dans une initiative destinée à sauver d’autres vies. Elle révèle à Magazine sa volonté de réaliser cet objectif, en expliquant l’importance des premiers secours dans la prévention des décès liés aux accidents de la route. Rencontre.
 

Comment est née l’association Roads for life et quels en sont les objectifs?
L’association Roads for life est une organisation à but non lucratif. Elle est née à la suite d’un accident tragique de la route dont mon fils a été victime. Je voulais surmonter cette épreuve en transformant le désespoir et la tristesse en cause humanitaire. L’objectif premier de l’association, dont c’est la deuxième année, est de réduire le nombre de décès dus aux accidents de la route et de sauver le plus grand nombre de vies possible grâce aux premiers secours apportés aux victimes. Or, nous savons que les soixante premières minutes qui suivent l’accident sont cruciales pour sauver les blessés. Il est donc nécessaire de bien connaître les bons gestes des secours à apporter aux victimes des accidents de la route qui touchent, selon les statistiques, des personnes d’un an à 45 ans. Nous avons observé que les bons gestes de secours peuvent éviter jusqu’à 40% de décès quand ils sont accomplis au bon moment. Nous avons contribué, par ailleurs, à la mise au point d’un nouveau code de la route au Liban qui a été publié au Journal officiel.

Quels sont les différents programmes offerts par l’association?
Le programme ATLS (Advanced Trauma Life Support) tend à former les urgentistes qui doivent intervenir rapidement pour sauver le plus grand nombre de blessés. Nous soutenons financièrement cette formation qui devrait être à mon avis obligatoire pour tous les urgentistes. Ce programme a formé à ce jour plus de cent médecins dans tous les hôpitaux libanais en coopération avec le Centre médical de l’Université américaine de Beyrouth (AUBMC) et l’American College of Surgeons. Le programme PHTLS (Pre-Hospital Trauma Life Support) est destiné à la formation des équipes de secouristes et ambulanciers au sauvetage des victimes souffrant de graves traumatismes. Il permet aux équipes des premiers secours, comme la Croix-Rouge libanaise, de connaître les bons gestes. L’objectif de ce cours est d’orienter les secouristes vers une évaluation rapide du traumatisme du patient et les rendre capables de gérer les priorités en fonction des cas. Le programme assure la formation de près de trois cents adhérents à la Croix-Rouge libanaise en l’espace de trois ans, qui se chargeront, à leur tour, de former des secouristes. Cela nous permet d’avoir une équipe certifiée en PHTLS pour chaque ambulance. Nous lancerons prochainement un programme similaire destiné au corps infirmier. Ainsi, l’ATCN (Advanced Trauma Care for Nurses) sera complémentaire et permettra aux différentes équipes d’avoir un langage commun en matière de secourisme. Ce qui  augmentera sûrement les chances de survie des victimes et permettra aux secouristes de gagner du temps étant donné que la première heure est primordiale dans ces interventions.

Quel est le message que vous voulez passer?
Alors que d’autres associations sensibilisent les gens à la sécurité routière et la prévention des accidents de la route, Roads for life insiste sur les premiers secours à apporter en cas d’accident. Le secourisme implique une approche structurée et hiérarchisée de la prise en charge initiale des traumatisés.

Comment se font les formations?
Les participants à nos programmes auront étudié le cours un mois à l’avance. Ils présenteront ensuite des examens théoriques et pratiques au cours de deux journées consécutives. Des diplômes de spécialisation en PHTLS ou en ATLS leur seront remis. En cas d’échec aux examens, ils peuvent reprendre l’examen théorique. Il suffit parfois d’une petite erreur pour repasser cet examen vu son importance pour la survie des accidentés.

Avez-vous rencontré des obstacles dans votre action?
L’association Roads for life a dû surmonter plusieurs obstacles tant dans l’application du nouveau code de la route qu’à l’instauration des programmes de secours. Les hôpitaux ne voyaient pas l’urgence de ces programmes et n’étaient pas sensibles à la culture du traumatisme et à l’amélioration du niveau de secourisme. Je tiens à souligner toutefois l’importance du rôle des médias qui nous ont permis de nous faire connaître et de sensibiliser le public à cette cause.

Quels sont vos projets futurs?
Nous aurons bientôt un programme destiné aux soldats de l’armée. Le commandement de l’Armée libanaise est intéressé par nos programmes. Nous offrirons un nouveau programme pour une nouvelle forma-tion consacrée à secourir les soldats grièvement blessés par la guerre ou par d’autres accidents. Les participants à ce cours devront avoir suivi préalablement le PHTLS. Nous augmenterons aussi le nombre des participants à nos formations de secourisme et nous veillerons à ce que nos programmes, dont la nécessité est réelle, deviennent obligatoires.

Comment financez-vous vos activités?
Un dîner de gala annuel permet de financer les programmes offerts aux urgentistes et aux secouristes qui en profitent gratuitement. Nos activités nécessitent un budget important. Les donateurs particuliers peuvent contribuer à travers notre site Internet roadsforlife.org ou sur un numéro de compte bancaire mis à leur disposition.

Avez-vous récolté le fruit de vos efforts?
Selon les témoignages des urgentistes de la Croix-Rouge, les programmes de secourisme ont changé à 60% leur manière d’intervenir en urgence et ont nettement amélioré leur niveau de secourisme. 
Les urgentistes ont appris à mieux évaluer les blessures et à adopter les bons gestes de secours. La coopération avec les médecins est, disent-ils, plus facile et permet de gagner du temps. Ce sont finalement les premiers gestes de secours qui augmentent les chances de survie.

Propos recueillis par NADA JUREIDINI

Un secouriste témoigne
«Le programme PHTLS a fait une grande 
différence dans mon expérience 
personnelle. Ma manière d’intervenir sur le lieu de l’accident a complètement changé. J’essaie d’appliquer les bons gestes que j’ai appris pour sauver la vie des patients traumatisés. Le cours m’a permis de mieux analyser l’état du blessé et d’évaluer la 
gravité de sa blessure. Mon intervention est plus efficace et augmente les chances de survie du traumatisé. J’ai de plus une meilleure coopération avec les médecins qui décèlent mieux le cas du patient traumatisé. Les premiers gestes qui suivent l’accident sont très importants pour la survie des 
blessés de la route et nous font gagner du temps. J’essaie à mon tour de faire parvenir mes connaissances aux autres secouristes».

Related

Dérivés pétroliers. Au recul des prix, tout le monde est gagnant

Kamel Rifaï, député de Baalbeck. «Je crains une fitna entre chiites et sunnites»

Le vrai du faux. La polémique sur les prix des médicaments

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.