Les craintes de Zasypkin
Quand il aborde la question libanaise, l’ambassadeur de Russie à Beyrouth, Alexander Zasypkin, dit redouter «l’arrivée des extrémistes au pouvoir en Syrie. C’est le plus grand danger qui menace le Liban». Il ajoute: «Lorsqu’on parle de l’arrêt de la guerre en Syrie, on signifie, en premier lieu, le Liban. Parce que l’implantation d’un pouvoir fondamentaliste sur n’importe quelle parcelle syrienne entraînera l’extension de cette entité dans tous les sens, l’idéologie politique de ces gens-là est expansionniste». Le diplomate confirme, par ailleurs, que la décision internationale concernant la stabilité du Liban demeure fonctionnelle, et d’après lui, aucune force ne veut la fitna ou l’escalade sécuritaire. «Nous réalisons que des actes terroristes sont exécutés dans certaines régions, mais nous croyons en la capacité des autorités libanaises à les circonscrire, avec l’aide de la communauté internationale».
Le ras-le-bol du Futur
Commentant les critiques du chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, contre l’absence prolongée du Liban de l’ancien Premier ministre Saad Hariri, des sources du Courant du futur ont déclaré: «Nous nous efforçons de ne pas entrer en confrontation avec Joumblatt, mais il semble que ce dernier cherche à croiser le fer avec nous. Cette fois, nous allons lire attentivement ses déclarations pour y apporter la réponse adéquate».
La force du décret présidentiel
L’expert en droit constitutionnel, le Dr Hassan Rifaï, explique que le gouvernement qui voit le jour par décret présidentiel est constitutionnel et endosse donc les prérogatives du chef de l’Etat, à l’expiration du mandat de ce dernier. Même s’il n’a pas obtenu la confiance du Parlement. Alors que les ministres démissionnaires, après la publication du décret relatif au nouveau gouvernement, ne peuvent plus signer de formalités et doivent quitter leurs bureaux respectifs. Il est impossible, par respect pour le principe de séparation des pouvoirs, que le Parlement soit celui qui prend en charge les prérogatives du président de la République. Un ex-ministre exclut la reproduction du scénario de la fin du mandat du président Amine Gemayel, lorsque le Liban s’est retrouvé avec deux cabinets: celui du Dr Salim Hoss et celui présidé par le commandant en chef de l’armée, le général Michel Aoun à l’époque. Après Taëf, le président de la République ne peut plus nommer un gouvernement qu’après des consultations contraignantes.
Le Moustaqbal fait sa tournée
Le Bloc du Moustaqbal fait la tournée des instances religieuses et des chefs des communautés pour exposer tous les dossiers et notamment la situation des chrétiens d’Orient et les échéances constitutionnelles… comme le rapporte le député Atef Majdalani. Tous ces contacts ont pour but d’aboutir à une entente minima entre les composantes du tissu politique sur les échéances pressantes comme la sortie de crise gouvernementale suivie de la reprise des réunions du dialogue à Baabda.
Difficile alternative pour Salam
Le président du Conseil désigné, Tammam Salam, fait face à un choix difficile. Les visiteurs de Moussaïtbé révèlent que la première option consiste à renoncer à la mission qui lui a été confiée, ce qui décevra les Libanais qui ont mis de grands espoirs en sa personne. La mise sur pied d’un gouvernement de fait accompli selon l’équation 3×8 est la seconde option possible, qui ne bénéficiera peut-être pas de la confiance du Parlement puisqu’elle ne plaira pas à toutes les parties. Il n’y a pas de lien entre l’élection présidentielle et la formation du cabinet, de l’avis d’un ex-ministre. Des acteurs du 8 mars tentent de parvenir à un accord sur un package global incluant les échéances présidentielle, gouvernementale et parlementaire, précise ce responsable qui prévoit une vacance au niveau de la première fonction qui s’étendra jusqu’aux législatives prévues pour le mois de novembre 2014.
L’éloge du 14 mars au président
Alors que le secrétariat général du 14 mars tenait une réunion à l’hôtel Le Gabriel, pour la 8e commémoration de l’assassinat du député Gebran Tuéni, le parlementaire Ammar Houry est arrivé en retard annonçant qu’il était à Baabda pour un rendez-vous avec le président de la République. Il a ajouté: «Le président Michel Sleiman est une personne respectable et la présidence lui va bien», ce qui a déclenché des applaudissements dans la salle. L’un des membres de la coalition a fait alors l’éloge du rôle du chef de l’Etat en ces circonstances particulièrement délicates, en égratignant au passage les membres du 8 mars qui critiquent le président Sleiman.
Le Liban invité à Genève II
Le ministère des Affaires étrangères a reçu une invitation à participer aux réunions préparatoires de Genève II qui se déroulent au niveau des ministres des A.-E. Des sources gouvernementales affirment que le Liban participera au Congrès de Genève sur la Syrie en sa qualité de voisin et construira sa position sur la politique de distanciation et la déclaration de Baabda. Le président Michel Sleiman n’a cessé d’appuyer la solution de la crise syrienne par le dialogue et la négociation et ne peut que répondre à l’invitation, sans prendre parti pour autant. Des sources informées révèlent que la délégation libanaise comprendra le ministre des Affaires étrangères, Adnan Mansour, le conseiller présidentiel, l’ambassadeur Nagi Abi Assi et l’ambassadeur du Liban à l’Onu, Nawaf Salam, ainsi que le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, si la représentation des participants n’est pas relevée au niveau des Premiers ministres ou des présidents.
Les moniales de Maaloula
Le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a soulevé l’affaire des religieuses retenues à Yabroud avec les hauts responsables du Qatar, lors de sa dernière visite à Doha. Ceux-ci avaient joué un rôle de premier plan dans la libération des otages d’Aazaz. Aujourd’hui, le dossier des religieuses vient s’ajouter à celui des deux évêques quoique les ravisseurs dans les deux cas ne soient pas les mêmes. Dans le dossier des religieuses de Maaloula, il est difficile, après avoir filmé les sœurs en bonne santé, de les agresser ou de les dissimuler, comme l’expliquent des sources, alors que le sort des deux évêques reste inconnu et que toutes les nouvelles qui ont filtré à leur sujet n’ont pas pu être prouvées à ce jour.
Pas d’ADM au Moyen-Orient
Le Liban a une occasion en or de catalyser son rôle au plan diplomatique, en plein débat sur le nucléaire régional. Un diplomate arabe se dit étonné par le manque d’initiative dont fait preuve le Liban au sujet du projet,
«Un Moyen-Orient débarrassé des armes de destruction massive», surtout après le règlement du dossier de l’arsenal chimique avec la Syrie et la signature de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran. Beyrouth pourrait profiter de ces deux contrats qui ont mis Israël au pied du mur, Tel-Aviv devenant la seule force régionale non liée par un quelconque accord international. Le congrès qui s’est tenu à Haïfa, la semaine passée, au cours duquel l’ex-président de la Knesset, Abraham Borg, a révélé qu’Israël possédait la bombe atomique et qu’il devait se débarrasser de ses armes de destruction au plus vite, a suscité une vraie crise interne. Ce congrès, organisé par le centre d’étude Emile Toma, peut renforcer la position de l’Egypte et de l’Algérie, ainsi que du Liban s’il se joint à eux, aux côtés de la Syrie et de l’Iran, qui invitent l’Union européenne et les Etats-Unis à agir pour délester Israël des armes destructives et sauvegarder la sécurité régionale.
Takfiristes bien structurés
Les «takfiristes libanais», de l’avis d’un expert sécuritaire, sont aujourd’hui dotés d’une structure dynamique en matière d’activités terroristes aux niveaux régional et international. Il confie avoir reçu des informations en provenance d’une source égyptienne selon laquelle un groupe de Français d’origine libanaise sont entrés sur le territoire égyptien pour épauler les mouvements takfiristes, en particulier ceux qui exécutent des attentats dans le Sinaï, la région du canal de Suez et Le Caire. Ils sont accompagnés d’autres citoyens de nationalité française et de diverses origines arabes. D’après cet expert, le réseau du takfirisme libanais ne s’active pas uniquement au Liban et en Syrie, mais s’infiltre via les milieux des réfugiés palestiniens en Egypte, en Irak et en Jordanie. L’entraînement assuré aux groupes et individus du réseau libano-régional leur fournit une mobilité sur le terrain qui ne se limite pas à l’image du kamikaze ceinturé d’explosifs ou au suicidaire à la voiture piégée, comme cela est le cas en Syrie, en Irak et au Liban, mais inclut aussi la capacité d’organiser des attaques menées par des unités de 30 (éléments) ou des bataillons (100) comme cela s’est produit à Nahr el-Bared, Abra et comme tel est le cas aujourd’hui sur les frontières nord et est.
Chébaa: réfugiés et combattants
Le village de Chébaa au Sud abrite des éléments armés syriens de Beit Jinn qui circulent toutes armes dehors, affirment des observateurs qui disent être en possession de preuves certaines. Ces combattants se déplacent entre Chébaa et la bourgade de Bharié, proche de la région du Arkoub, et bénéficient de l’appui de la Jamaa islamia qui s’active dans le milieu des déplacés syriens dans cette région. L’accumulation de la neige, prévoient ces sources, affaiblira sans doute le flux des hommes armés et des civils vers le territoire libanais, mais le trafic qui se pratique à dos de mulets se poursuivra. Les forces de l’ordre ont cependant intensifié leur présence surveillant et poursuivant les éléments armés. L’un des auteurs de l’attentat suicide contre un barrage de l’armée à Saïda serait originaire de Kfarchouba, au cœur du Arkoub.
Les excuses d’al-Manar
Tapage médiatique autour des excuses que le Regroupement libanais d’information a présentées au gouvernement de Bahreïn après la couverture par la chaîne al-Manar et Radio el-Nour des protestations populaires dans ce pays. Dire à partir de là que le Hezbollah n’appuie plus ces mouvements ne reflète pas vraiment ce qui s’est passé lors de la 90e réunion de l’assemblée générale du Conseil exécutif de l’Union des radios arabes. Les excuses exprimées par les deux médias après l’intervention de certains membres de l’union, soucieux de ne pas donner l’occasion à Bahreïn de geler le membership des deux chaînes proches du Hezbollah, faisaient suite à une requête approuvée par le Conseil des ministres arabes de l’Information lors de sa dernière session. Al-Manar, en formulant ses regrets, a ainsi sauvegardé sa place dans le milieu télévisuel arabe. Le représentant du Bahreïn a retiré sa demande qui aurait bloqué l’accès de la chaîne chiite aux satellites de l’espace arabe. Le Hezbollah a, par la suite, publié un communiqué précisant que «le commandement du parti n’avait pas été consulté à ce sujet qui a été évalué et traité par la délégation participante».