Magazine Le Mensuel

Nº 2995 du vendredi 3 avril 2015

Confidences Liban

Confidences Liban

Aïn el-Tiné: le dialogue à l’écart des discordes
Le témoignage du président Fouad Siniora devant le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) n’aura aucune influence sur le dialogue Moustaqbal-Hezbollah, qui se tiendra et se poursuivra pour aboutir aux résultats escomptés, aurait assuré le chef de l’Assemblée, Nabih Berry, devant ses visiteurs. Pourtant, les milieux de Aïn el-Tiné rapportent que les déclarations de Siniora devant le tribunal ont inquiété Berry qui œuvre à protéger le dialogue en cours «dans l’intérêt des deux parties. Si, jusqu’à présent, il n’a pas produit de grands résultats positifs, il faut reconnaître qu’il n’a eu aucune incidence négative». Les milieux ajoutent que la teneur du témoignage de Siniora n’était pas surprenante, d’autres témoins l’avaient précédé à la barre tenant des propos similaires. «Mais notre accord sur le dialogue avec le Moustaqbal consiste à mettre à l’écart les sujets de discorde, le TSL inclus, il faut donc passer outre ce qui se dit entre ses murs pour empêcher les fauteurs en eau trouble de réaliser leurs objectifs».

 

Fayez Chokr remplacé à la tête du Baas
«Une tempête dans un verre d’eau», c’est ainsi que des observateurs ont commenté la crise au parti Baas. La colère du secrétaire régional du parti Fayez Chokr, après la désignation de Me Mouïn Ghazi à la tête du parti (sur décision du haut commandement à Damas et du secrétaire général adjoint du parti, Abdallah Ahmar), est vite retombée. Il a dû céder la place après avoir été notifié que le président Bachar el-Assad appuyait cette décision et que les autorités à Damas n’appréciaient pas le style agressif qu’il a adopté. Par ailleurs, le Hezbollah a fait savoir qu’il était avec «la légitimité» et qu’il traitera avec le nouveau commandement du Baas. Quant au scénario, selon lequel la passation de pouvoirs aura lieu, il prévoit une visite du nouveau commandement au domicile de Chokr pour redorer son image, en présence du député Assem Kanso que le même Chokr accuse d’avoir comploté contre lui à Damas, ainsi que l’octroi de garanties sécuritaires au secrétaire sortant.

Gebran Bassil à Maarab
La rencontre, à Maarab, entre le chef des Forces libanaises (FL), le Dr Samir Geagea, et le ministre Gebran Bassil qui a duré 90 minutes, était consacrée à la loi de récupération de la nationalité par les émigrés d’origine libanaise. Le ministre Bassil souhaite obtenir l’unanimité chrétienne autour de cette loi, après avoir établi un dossier exhaustif sur le sujet. Mais les pourparlers ont, par ailleurs, abordé le dialogue FL-CPL, les développements de l’échéance présidentielle et les possibilités d’une réunion Aoun-Geagea.

Présidentielle: le consensus, seule issue
«Le Liban vit dans un climat de confusion sans issue»: c’est la conclusion à laquelle est parvenu un politique libanais de retour d’une capitale occidentale. Ce qui veut dire que «tout le monde est dans l’expectative». S’il faut attendre les développements en Syrie, l’avenir des relations irano-occidentales à la lumière des négociations du dossier nucléaire iranien, autant dire que la «composante chrétienne au Liban devra patienter deux ans au minimum. Mais si les chrétiens veulent vraiment régler la crise présidentielle sans trop attendre, l’unique solution possible reste l’élection d’un chef d’Etat consensuel… en appliquant la formule: tout le monde a gagné».
Les conseils donnés aux Libanais, à la coalition du 8 mars en particulier, par un responsable occidental se résument ainsi: «La théorie selon laquelle, au final, tout le monde va se lasser et finir par accepter la candidature du général Michel Aoun est un pari dangereux. Il a été prouvé, qu’après environ une année de vacance présidentielle, il existe des parties satisfaites de la gestion actuelle du pouvoir et qui, sans doute, préfèrent même cette formule».

Au Futur, divergences ou distribution des rôles?
Le commandement du Hezbollah détient des preuves irréfutables sur l’existence de deux courants opposés au sein du Moustaqbal concernant le dialogue. Le premier, à sa tête le président Fouad Siniora, est catégoriquement contre et souhaite le saboter dès que possible. Le second appuie la poursuite du dialogue jusqu’au bout parce qu’il constitue une passerelle vers un retour sécurisé du Moustaqbal au pouvoir, ce courant est mené par le président Saad Hariri et quelques pôles principaux de son parti. Si le président Nabih Berry est convaincu que le courant de Hariri se bat pour défendre le dialogue et que c’est lui qui tranchera en fin de compte, d’autres voix au sein du 8 mars n’écartent pas la thèse de la distribution des rôles, persuadées que l’ex-Premier ministre est encore capable de contrôler ses troupes. Au sein de son équipe, nul ne peut s’opposer à ses orientations. La plus grande preuve est le cas du député Khaled Daher. Ces sources estiment que les divergences affichées du Moustaqbal sur le dialogue ont pour objectif de satisfaire la rue sunnite qui, à la suite des incitations et provocations des dernières années, ne porte pas le Hezbollah dans son cœur.

Le souci majeur de Bkerké
Le patriarche Béchara Boutros Raï songe à inviter les ambassadeurs des cinq grandes puissances à Bkerké pour les exhorter à agir auprès des capitales concernées par la présidentielle afin qu’elles activent cette échéance au plus vite. Des sources du siège patriarcal signalent que le prélat maronite compte mettre le cap sur la France en avril pour explorer les possibilités de réactivation de l’initiative française. L’invitation des quatre pôles maronites à une réunion restreinte ou encore élargie à Bkerké n’est pas à l’ordre du jour du patriarche parce qu’il est franchement opposé aux rencontres stériles qui ne donnent aucun résultat, mais, en revanche, il serait disposé à recevoir le tandem Aoun-Geagea pour annoncer leur accord bilatéral après y avoir mis une dernière touche.

Malentendu avec les Turcs résolu
L’ex-président Saad Hariri, dans le cadre de sa visite en Turquie, a passé en revue avec le président Recep Tayyip Erdogan les développements dans la région et insisté sur la nécessité de joindre les efforts pour faire face aux dangers qui la menacent, tout en soulignant la nécessité de renforcer la modération dans le monde arabe et islamique. Hariri ne s’est pas rendu en Turquie en tant qu’émissaire de Riyad, les responsables turcs et saoudiens ayant des moyens et des canaux de communication qui leur sont propres. Les observateurs pensent que la visite est plutôt liée à celle que Hariri avait effectuée en Egypte à la suite de laquelle un malentendu avait opposé le Moustaqbal à l’ambassade de Turquie à Beyrouth. L’objet du litige? Un communiqué musclé du parti dénonçant le financement du projet de Tripoli par les Turcs.

Priorité à la présidentielle
Conclusion de la réunion qui a réuni le ministre Gebran Bassil, envoyé par le général Michel Aoun, et l’ex-président Amine Gemayel: les Kataëb ne seront pas partie prenante dans la polémique sur la prorogation du mandat du chef de l’institution militaire. Lorsque Bassil a exposé la thèse aouniste sur la nécessité de nommer des successeurs aux chefs militaires qui atteignent l’âge de la retraite, Gemayel a assuré qu’il ne serait pas contre si l’entente sur un successeur à Jean Kahwagi est possible. Il a par ailleurs demandé si derrière l’appui apporté par le CPL au projet de relève de l’âge de la retraite pour les militaires, avait pour objectif l’accession du général Chamel Roukoz à la tête de l’armée, Bassil a répondu par l’affirmative. Les Kataëb estiment que l’heure n’est pas favorable aux changements au sein des institutions à l’ombre de la vacance présidentielle, le parti n’est pas enthousiaste non plus à la tenue de séances législatives qui pourraient délibérer sur le projet de majoration de l’âge de la retraite pour les militaires, considérant que la seule fonction du Parlement, en ces circonstances, doit être l’élection d’un chef d’Etat.

 

Amal: Khalil et Baalbaki promus
Le 13e congrès général du mouvement Amal est celui du renouvellement du commandement et de la ligne politique du parti, comme le décrivent des milieux chiites. Personne n’avait de doute sur les résultats structurels et politiques du congrès, surtout que la troisième voie chiite, qui s’active dans la banlieue sud et le Liban-Sud, empiète sur les plates-bandes d’Amal en particulier, vu que ses membres sont connus pour être modérés et attachés à l’union nationale, ce que le troisième courant considère comme un point faible. L’unique changement remarqué est l’émergence du rôle du ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, et celui du responsable de la sécurité et de l’entraînement au sein du mouvement, Ahmad Baalbaki qui ont été fort actifs au chapitre des préparatifs du congrès, aux côtés de sept membres du comité de direction, le président Nabih Berry en tête. Les mêmes milieux poursuivent que la promotion de Khalil et Baalbaki est un indice de la future structure du commandement d’Amal. Le mouvement avait distribué, la semaine passée, un communiqué surprenant sur la clôture des travaux de son 13e congrès qui a eu lieu à l’Ecole secondaire du martyr Hassan Qossair à Beyrouth, après des consultations dans les régions qui ont duré trois mois. Le règlement intérieur prévoit l’organisation d’un congrès général tous les trois ans, mais la conjoncture sécuritaire a imposé des ajournements successifs depuis 2009.

Guerre du Yémen: répliques au Liban?
Un rapport diplomatique arabe met en garde contre l’effondrement de l’équilibre politique au Liban, avec l’éclatement de la guerre au Yémen qui menace la paix dans le Golfe arabe et la mer Rouge. «La possibilité de l’extension des retombées de ce conflit brûlant à d’autres scènes, dont la libanaise, est probable surtout si les acteurs locaux concernés ne se serrent pas les coudes pour résister aux tiraillements régionaux croissants», précise le rapport. La guerre du Yémen pourrait fragiliser encore plus l’équilibre politique, ce qui encouragera certaines parties à se désister progressivement des accords de Taëf, pour obtenir des acquis supplémentaires, ou encore pour tirer profit d’éventuelles nouvelles alliances qui imposeraient un nouvel équilibre stratégique. Cela pourrait mener à la relance de l’idée du congrès institutionnel qui ouvrirait le débat sur le sort du régime en place. Pessimisme et crainte d’une déstabilisation sont au programme du rapport à cause des brasiers régionaux et internationaux autour du Liban qui, dans leur majorité, portent les caractéristiques des conflits à moyen et long termes.

Dialogue Le Caire-Hezbollah
Les contacts sur l’axe Le Caire-Haret Hreik se poursuivent, assurent des observateurs arrivés dernièrement à Beyrouth. Le bras de fer actuel entre Riyad et le Hezbollah n’aura aucune influence sur les échanges entre le parti chiite et la capitale égyptienne où la «chiitophobie», que le régime Morsi avait tenté de développer, semble dépassée. Les Egyptiens, selon ces observateurs, ont une perception du Liban et de la Syrie qui prend en compte la présence d’Israël à leurs frontières et le danger que ce voisin représente, et ne perd pas de vue la guerre contre le terrorisme takfiriste qui constitue un objectif commun au Liban et à l’Egypte. Tous ces facteurs réunis font que l’approche égyptienne des problèmes de la Résistance libanaise reste pondérée. Une approche apparue évidente dans le discours du président Abdel-Fattah el-Sissi devant le sommet arabe dans lequel il a salué «le dialogue en cours entre les diverses composantes libanaises en vue d’asseoir la sécurité dans le pays et de réduire les divisions». Il a conclu: «Nous espérons que tous ces efforts aboutiront à l’élection sans délai d’un président de la République libanaise».

Congrès national islamique
Pessimisme affiché par diverses sources sur l’éventuelle résurrection du Congrès national islamique. La relance de cette structure ne pourra pas mener à l’amélioration des relations entre les partis et groupes du mouvement islamique, en particulier entre les Ikhwan et les organisations arabes laïques.
La tendance au pessimisme est due à l’hégémonie de la confrérie des Frères musulmans sur les islamistes et son engagement dans des alliances connues ou secrètes avec des groupes armés terroristes comme al-Qaïda et sa branche d’al-Nosra.
Beyrouth a récemment accueilli les travaux de la 9e session de ce congrès, créé en 1994, qui a élu le Marocain Khaled Sifiani au poste de coordinateur général pour succéder au Palestinien Mounir Chafic. Les Ikhwan tunisiens, sous la direction de Ghannouchi, ont tenté de jouer aux médiateurs pour redonner vie à ce congrès auquel étaient également présents: Abdel-Menhem Foutouh, chef du parti L’Egypte forte et ex-leader des Frères musulmans, une délégation du Jihad islamique palestinien et du Hamas du Liban, ainsi que des personnalités nassériennes, baassistes, des représentants de l’opposition syrienne et des hommes de religion venus d’Irak, de Palestine, des pays du Maghreb et du Soudan.

 

 

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