Malgré une situation régionale tourmentée, le secteur local de la banque privée poursuit son essor, tout en restant prudent face aux risques. Toufic Aouad, directeur général de Audi Saradar Private Bank, a expliqué à Magazine la stratégie mise en œuvre.
Constatez-vous un ralentissement des investissements, compte tenu de la situation du pays?
Notre maître mot a toujours été celui de la diversification. La crise financière de 2008 et le Printemps arabe nous rappellent qu’il ne faut jamais mettre ses œufs dans le même panier. S’il est vrai que les investisseurs libanais gardent un œil attentif sur la situation géopolitique de la région, ils restent réceptifs aux idées d’investissement, aussi bien au niveau national qu’international. Dans cette optique, notre but premier reste de répondre à leurs besoins, à savoir la préservation ou la fructification de leur capital, tout en surveillant étroitement les risques qu’ils sont prêts à prendre. D’autre part, les tensions régionales ont amené certaines banques privées internationales à réduire leurs activités dans la région, ce qui a ouvert la voie aux acteurs locaux comme Audi Saradar Private Bank.
Comment se porte le segment Private Banking dans votre établissement?
La banque privée du groupe a historiquement été divisée entre Beyrouth, Genève et Riyad. L’internationalisation de nos clients et de nos banquiers privés nous a amenés à repenser cette organisation pour ne former qu’une seule et même «business line». Notre équipe d’investissement, basée entre Genève et Beyrouth, sélectionne les opportunités d’investissement les plus attractives pour les clients, quels que soient leur lieu de résidence ou leur nationalité. Par ailleurs, nous avons été les premiers à mettre en place la gestion discrétionnaire à Beyrouth, qui sera proposée dès 2014 aux investisseurs ne souhaitant pas gérer eux-mêmes leurs avoirs. Nous travaillons également en architecture ouverte, ce qui nous permet d’offrir un large spectre de fonds, et donc être indépendants dans nos recommandations.
Quelles sont les innovations apportées dans le domaine du Private Banking?
Les changements notables dans le domaine du Private Banking relèvent davantage du domaine des services que de celui des produits. Après les années 2000, la relation entre l’investisseur et son banquier privé est devenue plus étroite et moins statique, s’adaptant à un environnement de marchés toujours plus dynamique. De même, le rôle de l’équipe d’investissement est désormais plus marqué au sein de la banque privée, avec des interventions actives et proactives suivant une stratégie bien déterminée, pour accompagner à la fois les banquiers et les clients dans la réalisation des objectifs financiers de ces derniers.
Quels sont les types d’investissement/fonds qui rencontrent le plus de succès auprès de votre clientèle?
La crise de 2008 a brouillé les cartes et rendu les décisions d’investissement encore plus ardues. Ainsi, les politiques accommodantes des diverses banques centrales ont provoqué l’«asset reflation», exerçant d’abord une forte pression sur les rendements obligataires et favorisant, dans un deuxième temps, le retour vers les marchés d’actions. Pour notre part, nous avons tout mis en œuvre pour minimiser les turbulences, en favorisant les actifs qui distribuent du revenu: obligations de bonne qualité, hybrides/perpétuelles, actions à fort taux de dividende, etc. Cela a permis de traverser ces dernières années avec plus de sérénité, profitant à la fois de la montée des prix et du revenu distribué.
Propos recueillis par Jenny Saleh