Magazine Le Mensuel

Nº 2929 du vendredi 27 décembre 2013

general

Les terres de l’islamisme. Tripoli, la petite Syrie

Au rythme des six rounds de violence qui ont émaillé l’année, le chef-lieu du Liban-Nord a sombré dans le chaos. S’y exerce depuis plusieurs mois un pouvoir parallèle bâti sur trois piliers. Sur le terrain, la police est exercée par des milices armées qui, dirigées par des caïds de quartier à l’expérience jihadiste reconnue, patrouillent dans les ruelles, armées jusqu’aux dents. Dans les esprits, la rhétorique islamiste, voire jihadiste, du syndicat des dignitaires religieux de la ville, mené par le cheikh Salem Rafeï, a exacerbé le ressentiment communautaire. Dans les bureaux, cette radicalisation est ostensiblement accompagnée et, sans doute, encouragée par les leaders politiques de la ville, du Courant du futur à Najib Mikati en passant par Achraf Rifi, qui y voient un moyen de conforter leur emprise.
Leur cible, la communauté alaouite bunkérisée dans le quartier de Jabal Moshen et contrôlée par le Parti arabe démocratique de Rifaat et Ali Eid, accusés d’être impliqués dans le double attentat contre les mosquées Salam et Taqwa. Eux aussi ont leur milice et leur soutien, affiché au régime syrien, les place nettement dans la ligne de mire. Lorsque le front Jabal Mohsen-Tebbané, terrain de jeu privilégié des combattants de rue et des snipers, se stabilise, les alaouites sont impunément ciblés et molestés. En l’absence de couverture politique, l’Armée libanaise, ballottée au gré de cessez-le-feu jamais définitifs et des plans de sécurité aussi grandiloquents qu’inefficaces, n’y a
plus de prise.

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