Dans son allure, la sérénité de ceux qui ont trouvé leur voie et compris les grandes questions existentielles. Dans son regard, la bonté et la bienveillance d’un père. Prêtre et moine, il est surtout connu pour être exorciste et avoir réussi à rassembler beaucoup de personnes autour de Marie. Portrait du père Marwan Khoury.
C’est dans une famille modeste que le père Marwan Khoury a grandi, auprès de parents très pieux. «Je viens d’une famille pauvre mais riche par sa foi. Pour nous, les sorties tournaient autour des visites de couvents et des lieux de religion», dit-il. Ses grands-parents et ses parents entretenaient une relation étroite avec le père Antoun Tarabay. «Depuis ma plus tendre enfance, nous lui rendions régulièrement visite dans la vallée de Kannoubine. Toute la famille lui demandait son avis sur tous les sujets et se comportait suivant ses conseils».
A cause de la guerre en 1975, les visites au père Tarabay sont interrompues pendant trois ans. Et lorsque le père Marwan Khoury, à l’âge de 15 ans, revoit l’ermite, celui-ci est alité et, terrassé par la maladie, ne peut plus bouger. «Je ne sais pas ce qui m’a pris lorsque je l’ai vu dans cet état, se souvient père Khoury. Malgré son intense douleur, son visage était serein et il souriait. Je n’avais qu’une seule envie, celle de rester à ses côtés». Plus tard, alors que la famille déjeune dans la vallée sainte, le jeune Marwan déjoue la surveillance de ses parents et prétend aller jouer alors qu’il remonte auprès de «Abouna Antoun». «Quand il m’a vu, il s’est mis à pleurer, mais il souriait à travers ses larmes. Cette insoutenable douleur m’avait très ému. Je me demandais d’où lui venait cette sérénité. Je lui ai dit: Je veux être comme toi, plus fort que la douleur. Il m’a alors répondu: Tu iras au couvent de Louaizé, le père Philippe Hage te recevra et tu feras partie de l’Ordre maronite mariamite».
Il a beau n’être qu’un adolescent de 15 ans, il avait suffisamment de discernement pour prendre cette décision et pour n’avoir aucun regret. Au début, en traversant la cour de récréation, il voyait de la pitié dans les yeux des élèves et cela le mettait mal à l’aise. Il s’adresse alors à un guide spirituel qui lui dit de reconsidérer ses choix. «Si tu as tort, tu devrais te sentir gêné sinon, c’est toi qui devrais avoir pitié des autres». Depuis ce jour, père Marwan dit avoir pitié des êtres qui ne comprennent pas ce qu’il vit et ce qui l’anime. «Je n’ai aucun regret d’avoir consacré ma vie à Dieu. C’est moi le gagnant. La relation avec le Créateur est beaucoup plus importante que n’importe quelle autre relation avec les êtres humains. Je prie beaucoup pour ne pas faiblir. Je ne suis pas un être parfait et j’ai beaucoup de moments de faiblesse», admet le prêtre.
Première séance d’exorcisme
Il fait des études à Rome et à son retour, alors qu’il rend visite au père Philippe Hage, son professeur, il connaît sa première expérience en exorcisme. Le père Hage lui demande de l’aider dans la prière. «J’ai été surpris au départ. Il m’a demandé de poser mes mains sur les épaules d’une femme et de réciter avec lui une prière écrite par le pape Léon XIII. La femme s’est mise à crier. J’étais ému et apeuré. Je ne comprenais pas ce qui se produisait. Je suis sorti de l’église complètement secoué et j’ai passé la nuit à réfléchir à ce qui s’était passé. J’ai décidé de ne plus me rendre chez le père Hage. Une semaine plus tard, je suis revenu sur mes pas», raconte le père Khoury.
A ce moment, il ne sait rien encore sur l’exorcisme, mais il réalise très vite que la Vierge le prépare à suivre cette voie. «Au début, j’avais peur mais j’étais ouvert à tout. Les gens commençaient à me poser des questions et il a fallu que je trouve des réponses». En faisant des recherches, il découvre un manuscrit datant de 1640, signé par l’évêque Chrabieh qui explique comment pratiquer l’exorcisme. «C’était ma première prise de contact avec ce domaine que l’Eglise maintient toujours dans le secret. J’ai découvert un trésor dans un manuscrit en kharshouni que j’ai traduit en arabe et c’est là que ma mission est partie». Par définition, l’exorcisme est un ordre prononcé par un prêtre pour chasser le démon de la place qu’il occupe, cette place pouvant être un être humain, un lieu ou un animal. Pour pratiquer l’exorcisme, un prêtre doit avoir une autorisation de l’évêque de sa hiérarchie. Rares sont les ouvrages qui traitent de ce sujet qui repose plus sur l’expérience et le vécu.
Pour détecter les personnes possédées par un démon, il existe des indices qui ne trompent pas. «C’est surtout dans les yeux et dans le regard et puis le sentiment que l’on a en présence de ces personnes-là. C’est souvent un barrage, une impression de malaise. Dans certains cas, on ne peut pas le savoir tout de suite, mais le test concluant est dans la prière. La plus grande défaite de Satan est d’être percé à jour. Il aime le noir et travaille dans l’ombre». Lorsqu’il donne des conférences sur le sujet, le père Marwan Khoury fait des prières pour lui-même et pour les présents. «Il faut utiliser la protection que le Christ nous a donnée: la prière, la messe et la confession». La Vierge Marie est le principal élément dans la prière de l’exorcisme. «Sa protection est très importante pour le prêtre qui fait l’exorcisme. Satan a peur d’elle».
La Vierge Marie a, de tout temps, occupé une place très importante dans la vie du père Marwan Khoury. «Ses apparitions à Medugorje et les messages qu’elle transmettait m’ont atteint en plein cœur. Je voulais y aller mais ce n’était pas possible à l’époque. A partir de Rome où j’avais été, je continuais à suivre de très près ses apparitions et je rassemblais tous ses messages». Lorsqu’il est nommé à Notre-Dame de la Délivrance, à Zouk, il prend l’habitude de lire à chaque messe un message, qu’il reliait à l’Evangile du jour. «L’église se remplissait peu à peu et les fidèles me ramenaient des messages de Medugorje», raconte le prêtre. Jusqu’au jour où, au cours d’une soirée spirituelle, une dame qu’il ne connaissait pas lui remet une image de la Vierge que celle-ci avait bénie au cours de l’une de ses apparitions. «J’ai senti que la Vierge m’appelait et me demandait d’être son messager. J’ai alors fait le serment de faire connaître tout ce qu’elle fait à Medugorje et d’être son messager».
Il organise alors les voyages et entame des réunions spirituelles de Notre-Dame de la Délivrance, qui se tiennent actuellement au couvent Sainte Thérèse à Shaïlé. Dans ces réunions, les conversions et les confessions sont nombreuses. «Il y existe une paix et une sérénité indescriptibles. On ne sent pas le temps passer». Effectivement, en compagnie du père Marwan, on a l’impression que le temps se fige. Il dégage tellement d’amour, comme s’il voulait à lui seul concrétiser cette phrase de la Vierge Marie, qu’il répète souvent: «Si vous saviez combien je vous aime, vous pleureriez de joie».
Joëlle Seif
Photos Milad Ayoub-DR
L’avenir appartient à Dieu
Selon le père Marwan Khoury, nul ne connaît l’avenir sauf Dieu et Lui seul peut le révéler, quand Il le veut, à travers des mystères, de manière à ne pas faire peur aux gens. «L’avenir n’est certainement pas révélé par les voyants et les diseuses de bonne aventure». D’ailleurs selon le prêtre, ces gens-là tirent leurs prévisions de trois sources. D’abord, la simple constatation en lisant les informations et en faisant une simple analyse des faits. Ils peuvent aussi se référer aux services de renseignement et, enfin, ils peuvent faire des séances de spiritisme s’ils sont médiums.
Une ère nouvelle en 2017
Père Marwan Khoury lie les apparitions de la Vierge à Medugorje à celles de Fatima. «Cette ère est mariamite et nous sommes sous la protection de Marie. Dans ses apparitions à Fatima, la Vierge Marie a accompli la vision du pape Léon XIII, qui dit, en 1884, avoir vu Dieu permettre à Satan de soumettre l’Eglise à la tentation pendant cent ans». Cette vision est écrite et se trouve au Vatican. C’est
pourquoi le pape Léon XIII a placé l’Eglise sous la protection de l’archange Michaël. Selon les explications du père Khoury, cette guerre a été déclenchée par le début du communisme dirigé contre l’Eglise. Elle a commencé en 1917 avec l’apparition de la Vierge à Fatima lorsqu’elle a livré les trois secrets aux bergers. Le premier était celui où elle leur a montré l’enfer, le second était celui dans lequel elle parlait de la Deuxième Guerre mondiale et dans le troisième elle leur demande de mettre la dernière vision entre les mains du pape et de lui dire de placer la Russie et le monde sous sa divine protection. Elle promet qu’elle éloignera alors tout danger. Ce dernier secret fut gardé au Vatican et ne fut révélé qu’en 2000. En réalité, il concernait le pape
Jean-Paul II qui fut d’ailleurs le seul à en saisir la dimension. «Aucun des papes qui l’avaient précédé n’avait exaucé le vœu de Marie, chose que Jean-Paul II a exécutée sur-le-champ. Le jour où Ali Agça a tenté de le tuer était un 13 mai, date à laquelle ont eu lieu les premières apparitions à Fatima et, dans ses
confessions, Agça dit qu’il avait pointé son pistolet sur la tête du pape, mais la main d’une femme l’a dévié vers son ventre». D’après père Khoury, dans tous ses
messages, la Vierge appelle les hommes à se repentir et à revenir vers Dieu. Elle promet un véritable printemps et de transformer cette époque où Satan règne, en une époque ou le Bien régnera.
«Marie a besoin de nous. Plus il y aura des gens qui répondent à son appel, plus tôt cette période arrivera. Il est erroné de parler de la fin du monde. Ce sera le début d’une ère où le Bien régnera. Et si on prend en compte que la période où Satan a soumis l’Eglise à la
tentation a commencé en 1917, il serait logique de dire qu’elle prendra fin vers 2017 et on assistera alors à la victoire de Marie».