Alors que le Liban fait partie des pays qui ont participé à l’élaboration de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le sujet a toujours constitué une question épineuse.
L’Association des droits de l’homme a récemment publié son rapport annuel sur la situation des droits de l’homme en 2013 au Liban. Bilan plutôt négatif. Il y est constaté un déclin du respect des droits de l’homme et, surtout, une discrimination en hausse à l’égard des Syriens au Liban.
Dans le préambule de sa Constitution, le Liban s’engage à respecter la Charte des droits de l’homme, mais des violations sont sans cesse signalées. Le Liban fait partie des cinquante-huit Etats où la peine capitale est toujours inscrite dans le Code pénal. Il est vrai qu’elle n’est pratiquement plus appliquée depuis des années, malgré des dizaines de condamnations à mort prononcées par les tribunaux et autant de détenus qui attendent dans le couloir de la mort.
Quelques points positifs
La liberté d’expression est également en recul au Liban depuis 2010 dans la presse, au théâtre et au cinéma. L’état des prisons est sujet à de très nombreuses critiques. Un plan de restauration des pénitenciers, prévu depuis des années, n’a pas été mis en œuvre ou accuse des abus dans son exécution et la situation ne s’est toujours pas améliorée. C’est le cas de la prison de Roumié, cible de polémiques suscitées par les travaux de réhabilitation réalisés.
Dans ce rapport annuel, le reproche le plus dur porte sur la présence d’une discrimination à l’égard des Syriens depuis le début de la crise dans leur pays en 2011. De nombreuses municipalités ont imposé aux réfugiés un couvre-feu de plusieurs heures la nuit. Des mesures illégales dénoncées par la Fédération des droits de l’homme et des droits humains (FDHDH), l’imposition d’un couvre-feu étant du seul ressort de l’Etat et, cela, dans des cas extrêmes menaçant la sécurité du pays.
Restent quelques points positifs notés dans le rapport: au niveau de l’éducation sur des valeurs concernant les droits de l’homme, de nombreuses universités et institutions ayant intégré dans leur cursus un cours sur ce chapitre. Sur le plan de la reconnaissance du premier mariage civil au Liban et sur celui de la législation des droits de la femme, l’approbation d’un projet de loi contre la violence domestique par la Commission parlementaire mixte, et la législation de la femme dont certains droits sont bafoués, tel celui d’octroyer la nationalité à ses enfants.
La pratique de la torture prévaut toujours au Liban, bien qu’il ait ratifié la convention contre la torture en 2000 et réaffirmé son engagement à la combattre en ratifiant le Protocole optionnel de la convention en 2008. Chaque année, des centaines de personnes sont torturées au cours des investigations ou dans les lieux de détention.
La législation libanaise ne spécifie pas la définition du crime de torture et n’en prévoit pas une sanction adaptée. Cependant, un projet de loi sur la criminalisation de la torture est à l’étude par la Commission des Lois et de l’Administration du Parlement depuis décembre 2012.
Le Liban a besoin de se pencher sérieusement sur la question des droits de l’homme et de veiller à respecter toutes les conventions auxquelles il a adhéré depuis des années étant donné qu’il a participé activement à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Arlette Kassas
Le Liban, pays fondateur
Le 10 décembre 1948, les représentants des pays membres de l’Onu, qui en comptait alors cinquante-six, réunis au palais Chaillot, à Paris, dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations unies, ont proclamé la Déclaration des droits de l’homme. Trois pays étaient présents à la tribune, dont le Liban, représenté par Charles Malek, rapporteur de la Commission.
Charles Malek a suivi le long chemin qui a conduit à l’adoption de la déclaration depuis les toutes premières réunions à Lake Success fin 1946. Il a pratiquement rédigé le préambule de la déclaration.
Celle-ci a été adoptée par quarante-huit voix, dont le Liban, et l’abstention de l’URSS
et cinq pays de l’Est, d’Afrique du Sud
et d’Arabie saoudite.