Magazine Le Mensuel

Nº 2930 du vendredi 3 janvier 2014

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient


Mais où sont les candidats?
Le suspense n’aura duré que peu de temps en Algérie. Le président Abdel-Aziz Bouteflika sera probablement réélu dès le premier tour avec facilité. En effet, aucune personnalité de taille n’a annoncé sa candidature à l’élection qui aura lieu au mois d’avril prochain, car le système actuel ne permet pas aux candidats indépendants de mener une campagne normale. Le gouvernement algérien avait rejeté la requête de la Commission européenne d’envoyer des observateurs internationaux, tandis que la demande de l’opposition pour la création d’un comité indépendant pour superviser les élections a été totalement ignorée. Résultat, seul l’ancien Premier ministre Ahmad Benbitour a relevé le défi, ce qui ne changera rien à la donne, puisqu’il ne jouit que d’un modeste soutien populaire. 

 

Le Hamas nie l’évidence
A la suite de l’appel téléphonique entre le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, et le président palestinien, Mahmoud Abbas, les islamistes avaient promis d’autoriser les leaders du Fateh, originaires de Gaza, à visiter leurs familles et leurs maisons qu’ils avaient fuies en 2006, après le coup de force militaire mené par le Hamas dans la bande. Mais il n’en est rien, car Fayez Abou Ayta, le porte-parole de Fateh à Gaza, a passé plusieurs heures au barrage de Beit Hanoun à attendre patiemment, sans que les hommes du Hamas ne lui donnent le feu vert pour prendre part au mariage de sa nièce.  

Mohammad Abdel-Aziz président de la République arabe sahraouie démocratique, a profité de la participation du président américain Barack Obama aux obsèques du leader sud-africain Nelson Mandela pour prendre une photo en sa compagnie. Le 44e président des Etats-Unis, dont l’Administration ne reconnaît pas la République sahraouie, ne savait pas en réalité à qui il avait affaire. Malin, le chef du Polisario n’a pas perdu une seconde pour diffuser sur les réseaux sociaux ce cliché, provoquant la fureur des responsables marocains. Ce n’est pourtant pas la première fois que le protégé des Algériens utilise la photo comme outil de guerre. En mai 2013, lors du sommet africain, il avait posé avec le président français François Hollande. Dans les deux cas, Rabat n’a pas commenté l’incident, préférant ruminer sa colère.       

Ali Zeidan Premier ministre libyen, a perdu la confiance du Parlement qui lui demande de céder sa place définitivement. Une mauvaise nouvelle qui ne vient pas seule, puisque sa promesse de libérer les régions pétrolières de la mainmise des milices «révolutionnaires» n’a pas été tenue. Résultat, il n’a plus la cote auprès de la population libyenne, qui espère voir un véritable homme d’Etat prendre les rênes du pouvoir pour sauver le pays du chaos dans lequel il patauge depuis le renversement du régime de Mouammar Kadhafi.       

L’islam n’est pas la solution
Selon le leader de l’opposition turque, le secrétaire général du Parti républicain du peuple, Kemal Kılıçdaroğlu, le projet défendu par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan durant les quinze dernières années n’a plus lieu d’être, puisque l’islam politique a échoué. Il a ainsi noté que «l’expérience de l’islam modéré n’a fonctionné, ni en Turquie ni dans la région. A l’avenir, je pense que cette pratique n’aura plus de place». Il a ajouté qu’il était nécessaire aux partis laïques d’être en première ligne de la scène politique pour sauver la région du chaos. Il a aussi appelé le peuple turc à s’attacher aux idéaux du fondateur de la nation Mustafa Kemal Atatürk, qui refusait de voir Ankara se mêler des affaires intérieures de ses voisins. Une allusion à peine voilée au rôle joué par le gouvernement Erdogan dans la crise syrienne.         

En pointillé…
Au moment où les responsables européens se lamentent de la participation de centaines de leurs ressortissants aux combats qui font rage en Syrie aux côtés des organisations salafistes proches d’al-Qaïda, la ministre britannique de l’Intérieur, Theresa May, a trouvé la solution à ce problème. Elle a décidé de retirer la nationalité à vingt extrémistes qui détiennent le passeport britannique et dont la participation aux massacres a été prouvée par les services secrets de Sa Majesté. La ministre a aussi fait savoir que ces services enquêtaient sur 200 autres radicaux, qui pourraient subir le même sort. Les lois en Angleterre permettent au ministère de l’Intérieur de prendre de telles mesures drastiques sans devoir revenir à la justice, au cas où les personnes concernées détiennent une autre nationalité.         

Erdogan mauvais en géographie
Après des mois de négociations, l’Union européenne est tombée d’accord avec Ankara sur la meilleure façon de lutter contre les immigrés clandestins, qui tentent de rejoindre l’Occident à travers la Turquie. Le seul problème, selon le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, c’est que Chypre ne serait pas associée à cet accord car elle n’existe pas. Il a ainsi noté: «Comment accepter de signer un accord avec un pays dont nous ne reconnaissons pas l’existence? Qui a dit qu’il y avait un pays qui s’appelle Chypre?». Drôle d’analyse, surtout que la communauté internationale reconnaît la partie grecque de l’île comme unique représentante du peuple chypriote, et que seule la Turquie reconnaît la partie nord à majorité musulmane comme Etat indépendant. Rappelons que plusieurs milliers de migrants syriens et irakiens rejoignent l’Europe de façon illégale à travers les frontières qui séparent la Turquie de la Grèce et de la Bulgarie, sans que les autorités d’Ankara ne déploient de vrais moyens pour combattre ce fléau.  

 

Ryan Crocker appuie Assad
Le diplomate américain à la retraite, Ryan Crocker, qui avait servi comme ambassadeur à Damas et à Beyrouth, a appelé le peuple américain et l’Administration Obama à se réconcilier avec le président syrien Bachar el-Assad. Il a noté dans un éditorial qu’il valait mieux voir le fils Assad au pouvoir, plutôt que l’organisation al-Qaïda, ajoutant que Genève II devra constituer une occasion pour la Maison-Blanche afin de renouer le dialogue avec le régime baassiste. «Est-ce que nous voulons voir un pays comme la Syrie dirigé par les terroristes d’al-Qaïda?». Ces remarques viennent du directeur de l’Institut Bush pour le service public et non d’un membre libéral du Parti démocrate, démontrant ainsi un changement de ton à Washington vu que les Américains refusaient jusqu’à peu l’idée d’un quelconque dialogue avec le régime Assad.      
      

Rien ne va plus entre Le Caire et Khartoum
Depuis plusieurs mois, les tensions entre l’Egypte et le Soudan deviennent de plus en plus palpables, notamment au sujet de la répartition de l’eau du Nil. Un enjeu stratégique pour Le Caire, qui se trouvait jusqu’à peu en conflit avec tous les pays qui bordent le fleuve le plus long du monde, sauf le Soudan. Mais ce n’est plus le cas car, désormais, le président Omar Hassan el-Bachir a donné des ordres clairs à ses représentants de soutenir l’Ethiopie, qui a l’intention de construire un nouveau barrage sur le fleuve bleu, au grand désarroi des Egyptiens. L’ancien régime de Hosni Moubarak avait réussi en quelques années à se mettre à dos tous les pays de l’Afrique noire, notamment sous l’ère de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmad Abou el-Ghayt, qui traitait avec dédain ses collègues du continent.         

La Chine n’est pas appréciée en Afrique
Ces dernières années, la présence chinoise s’est faite de plus en plus visible en Afrique, au détriment des deux anciennes puissances coloniales, la France et la Grande-Bretagne. Ce rôle joué par Pékin a agacé un grand nombre d’Africains qui voient leurs ressources naturelles pillées. Pas un mois ne passe sans qu’un conflit ou un malentendu n’ait lieu entre des représentants chinois et certaines capitales du Continent noir. Dernier épisode en date, la crise entre Pékin et Khartoum à la suite de la production par l’Etat chinois d’un film jugé raciste et offensant envers le peuple soudanais, puisqu’il décrit l’histoire d’un escroc soudanais qui tente d’arnaquer un commerçant chinois. Les héritiers de Mao Zedong ont réagi sur-le-champ en retirant le film de Youtube et en présentant des excuses officielles au gouvernement de Khartoum. Tout est bien qui finit bien.         

2 millions d’élèves et d’étudiants yéménites prennent leurs cours assis à même le sol à cause du manque de bancs scolaires. Seuls 5% du budget de l’Etat sont alloués à l’éducation, ce qui explique ce manque chronique de matériel et d’instituteurs qualifiés. Cette situation dramatique ne choque pas Abdel-Razzaq el-Ashwal, le ministre de l’Education, qui considère qu’il est normal de voir des milliers d’élèves prendre leurs cours dans de telles conditions «puisque nous sommes un pays pauvre. Et de toute façon, cette situation est la faute de l’ancien gouvernement». Drôle d’analyse vu que le cabinet présidé par l’ancien opposant Mohammad Basindawa dirige le Yémen depuis près de trois ans. Une période durant laquelle le Yémen est devenu l’un des pays arabes les plus pauvres, juste devant la Mauritanie, avec le quart de ses habitants vivant sous le seuil de pauvreté et un taux de chômage qui dépasse les 60%. Et dire que les 25 millions de Yéménites auraient dû profiter des richesses naturelles dont jouit leur pays, notamment les importantes réserves en gaz et en pétrole.            

40 milliards de dollars serait le montant de l’argent blanchi par les plus grosses fortunes marocaines lors des trente dernières années. Par conséquent, l’actuel gouvernement d’Abdel-Ilah Benkirane a proposé d’amnistier les fraudeurs s’ils réinvestissent ces sommes dans le royaume. Une proposition qui a choqué les milieux économiques, qui estiment que le gouvernement islamiste donne ainsi sa bénédiction aux crimes fiscaux qui ont pesé lourd sur la croissance. Selon les observateurs, ce qui inquiète vraiment l’opposition est le fait que plusieurs des ministres actuels ou de leurs proches possèdent des appartements luxueux à Paris et des comptes dans plusieurs banques étrangères, sans que l’origine de leur fortune ne soit déterminée. Mais selon le ministre des Finances, Mohammad Boussaid, si ce projet voyait le jour, le Trésor public récupérerait quatre milliards de dollars durant les six premiers mois. Un argument qui n’a pas convaincu le Parlement qui a rejeté la proposition.

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