Dans les années soixante-dix, de nombreux cadres palestiniens sont victimes d’assassinats. Le plus célèbre d’entre eux est l’attentat qui a coûté la vie à Abou Hassan Salamé, époux de Miss Univers, Georgina Rizk.
Le 22 janvier 1979, un attentat à la voiture piégée coûte la vie à l’un des cadres palestiniens les plus connus pour son ouverture aux chrétiens. Il avait d’ailleurs épousé Miss Univers, Georgina Rizk. Il s’agit d’Abou Hassan Salamé, responsable des services de sécurité de Fateh, proche collaborateur de Yasser Arafat. Onze personnes meurent dans l’explosion et dix-sept sont blessées.
Abou Hassan Salamé quitte son domicile, dans le quartier de Snoubra, à l’ouest de la capitale, au volant de sa voiture, une américaine. Dans la rue voisine qu’il traverse, une Volkswagen explose. Il est grièvement atteint à la tête, alors que son chauffeur et ses gardes du corps succombent sur-le-champ. Transporté à l’hôpital américain, il décède dans la soirée.
Aussitôt, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) pointe Israël du doigt. Cela paraît évident. Les dirigeants israéliens le rendaient responsable de plusieurs attaques perpétrées contre leurs ressortissants ou des objectifs israéliens à l’étranger. Il est désigné comme le cerveau de la prise des athlètes israéliens en otages et de leur mort en septembre 1972, à Munich, pendant les Jeux olympiques.
Les responsables israéliens, Golda Meir en tête, avaient établi une liste des personnes devant payer pour l’opération de Munich. Abou Hassan Salamé en était le numéro 10. Les neuf premiers ayant été tués entre 1972 et 1973 à Chypre, Beyrouth, Paris et Athènes.
Abou Hassan Salamé, méfiant et sur ses gardes, dispose à Beyrouth-Ouest de six appartements, tous surveillés par ses camarades. Il avait déjà échappé à plusieurs tentatives d’attentats. Il entre en contact avec Bachir Gemayel pour calmer le jeu sur la scène libanaise, surtout après les tragiques événements de Damour.
Fin 1978, Abou Hassan Salamé séjourne de plus en plus souvent dans son appartement de la rue Verdun. Il est toujours sur la liste israélienne. Une jeune Allemande débarque à Beyrouth au milieu de 1978 et s’installe dans un immeuble rue Marie Curie. Elle se dit artiste peintre, mais sa mission est de surveiller de sa fenêtre l’appartement qu’occupe Salamé. Elle note tous les détails le concernant. Son manège est déjoué par une jeune Japonaise, qui s’intéresse à ses activités. Cette Japonaise est la chef des opérations de l’Armée rouge japonaise et responsable de la sécurité de Salamé.
Le programme change. Le 15 janvier, un vol en provenance de Hambourg atterrit à Beyrouth. A son bord, une jeune femme, qui fait partie du Mossad, loue une chambre à l’hôtel Méditerranée, où elle est rejointe quelques jours plus tard par un Britannique, Peter Scriver. Dans un autre hôtel, le Royal Garden, le Canadien Ronald Colberg attend.
Une Volkswagen en provenance d’Israël est en poste. Elle contient 110 kilogrammes d’explosifs et un système de mise à feu télécommandé, très sophistiqué. Le jour de l’explosion, des barrières de signalisation de travaux sont placées à hauteur de la Volkswagen piégée. Le rétrécissement de la chaussée forcera la Chevrolet à passer au plus près de la bombe.
L’enquête révèle que l’attentat a été perpétré par trois personnes. Le Canadien Ronald Colberg et les deux Britanniques Peter Scriver et Erika Chambers. Le 13 février 1980, ils sont condamnés à la peine de mort par le procureur général militaire Wafic Hussami. L’affaire s’arrête là.
Arlette Kassas
Une riche famille palestinienne
Ali Hassan Salamé est né en 1940 à Lod, dans une riche famille palestinienne. Abou Hassan est son nom de militant du Fateh. Le cheikh Hassan Salamé, son père, était combattant. Il est tué en 1948. Ali fait ses études en
Allemagne. Au milieu des années 1960, il s’engage dans l’OLP et devient fonctionnaire au Koweït, où il milite secrètement pour le Fateh. En 1968, Abou Ayad, numéro 2 du Fateh, l’envoie suivre une formation militaire en Egypte. Il devient chef des services de
renseignement et de contre-espionnage en Jordanie. Après le tragique Septembre noir dans ce pays, il quitte son poste, rejoint Yasser Arafat au Liban et crée la Force 17.