Le verdict est tombé, dimanche 12 janvier, au cours de la 71e cérémonie des Golden Globes. American Hustle s’est imposé comme le grand vainqueur avec trois trophées, dont celui de la meilleure comédie. En route vers les Oscars, le ton est donné.
En chaque début d’année, la saison des cérémonies du 7e art est lancée. Les professionnels du monde du cinéma, et de la télévision, se sont donc retrouvés cette fois à l’hôtel Beverly Hilton, à Los Angeles, pour la 71e cérémonie des Golden Globes, organisée par l’Association hollywoodienne de la presse étrangère (Hollywood Foreign Press Association).
Entrée et défilé en toute élégance sur le tapis rouge, entre la transmission télévisuelle directe de la cérémonie, son déroulement pas à pas, ses grands moments, ses coulisses via la Toile, sur autant de sites que sur les réseaux sociaux et Instagram… En maîtresses de cérémonie pour la deuxième année consécutive, les deux pétillantes comédiennes Tina Fey et Amy Poehler ont bien épicé la soirée entre piques, anecdotes et blagues. Histoire de détendre l’atmosphère et les visages crispés. Dans leur discours d’ouverture, presque personne n’a été épargné, de Meryl Streep à Martin Scorsese. La pique qui semble avoir récolté le plus de rires et de sourires, véhiculée aussitôt sur Internet, était à l’adresse de George Clooney pour son rôle dans le film Gravity, «histoire dans laquelle (il) préfère s’enfoncer dans l’espace pour mourir plutôt que de rester une seconde de plus avec une femme de son âge», lancent-elles. Passés les préliminaires, les deux présentatrices se sont faites rares sur la scène. Et place aux choses sérieuses.
Les pronostics pré-12 janvier laissaient croire que le drame de Steve McQueen, 12 years a slave, traitant la question de l’esclavage au tournant de la guerre de Sécession et que le public libanais a déjà eu l’occasion de voir, allait régner sur cette 71e cérémonie des Golden Globes. Le film s’est contenté toutefois d’un seul trophée, certes de taille, puisqu’il remporte le prix du meilleur film dramatique, mais en prenant en considération ses six autres nominations, ce n’est qu’une faible compensation. Il a ainsi été privé notamment des prix de la meilleure réalisation, du meilleur acteur dans un drame, du meilleur acteur et de la meilleure actrice dans un second rôle, ainsi que du meilleur scénario.
Entre rire et émotion
Dans la catégorie meilleure comédie ou comédie musicale, c’est le film de David O. Russel, American Hustle, qui remporte la manche face à ses concurrents dont The wolf of Wall Street de Martin Scorsese. American Hustle a également permis à ses actrices féminines de briller sur la scène du Beverly Hilton; Amy Adams en tant que meilleure actrice dans une comédie et Jennifer Lawrence en tant que meilleure actrice dans un second rôle. David O. Russel a toutefois dû s’incliner pour la meilleure réalisation devant Alfonso Cuarón et son Gravity, le seul trophée octroyé pour ce long métrage qui avait notamment permis à Sandra Bullock d’être en lice pour la meilleure actrice dans un drame. American Hustle n’a pas non plus permis à son acteur principal Christian Bale de remporter le Golden Globe du meilleur acteur dans une comédie. Et c’est Leonardo DiCaprio qui l’empoche pour son interprétation dans The Wolf of Wall Street. «C’est un honneur incroyable, lance-t-il du podium. Jamais je n’aurais pensé gagner un Golden Globe dans une comédie», le deuxième de sa carrière, neuf ans après le prix du meilleur acteur dans un drame pour Aviator. Et saluant Martin Scorsese, il ajoute: «J’ai grandi dans une génération qui a été influencée par votre travail. Merci de m’avoir fait prendre le risque de faire ce film».
Du côté des meilleurs acteurs dans un drame, les trophées reviennent à Cate Blanchett dans Blue Jasmine de Woody Allen et Matthew McConaughey pour son rôle de malade du sida luttant contre la mort dans Dallas Buyers Club. Une affiche qu’il partage avec Jared Leto qui, lui, remporte le prix du meilleur acteur dans un second rôle. En recevant son prix, McConaughey a rappelé que le projet, réalisé par
Jean-Marc Vallée, avait été rejeté à 86 reprises, personne ne voulant y mettre le moindre sou.
Si il y a deux ans, le cinéma de l’Hexagone s’était taillé une belle place aux Golden Globes grâce au succès foudroyant de The Artist, cette année aucune distinction pour la France, ni du côté de La vie d’Adèle de Abdellatif Kechiche, Palme d’or au Festival de Cannes, ni du côté de Julie Delpy pour After midnight qui s’est inclinée devant Amy Adams. C’est ainsi que le trophée du meilleur film étranger est revenu à l’Italien Paolo Sorrentino pour La Grande Bellezza.
Parmi les autres distinctions, le prix du meilleur scénario est revenu à Spike Jonze pour Her, celui du meilleur film d’animation à Frozen des studios Disney et Bono, le chanteur de l’emblématique groupe U2 a raflé le Golden Globe de la meilleure chanson Ordinary Love du film Mandela. Finalement, un hommage spécial a été rendu à Woody Allen pour l’ensemble de sa carrière à travers la remise du prix Cecil B. DeMille. Comme à son habitude, le très original cinéaste n’est pas venu à la cérémonie, et c’est Diane Keaton, longtemps son égérie, qui a parlé en son nom en rappelant la place éminente des femmes dans le cinéma du grand maître. «Les femmes de Woody, dit-elle, ne peuvent être mises dans des cases. Elles luttent, aiment, dominent, elles sont drôles et faillibles. Elles sont, au final, la marque de fabrique du travail de Woody».
Du côté du petit écran, pas de grandes surprises. La série Breaking bad continue d’emporter le même succès populaire et critique. Sacrée meilleure série dramatique, elle octroie à Bryan Cranston le prix du meilleur acteur. Et dans la catégorie comédie, c’est la série Brooklyn nine-nine qui remporte la manche. Notons également le Golden Globe du meilleur téléfilm accordé à Behind the Candelabra de Steven Soderbergh, et qui permet à Michael Douglas d’empocher le prix du meilleur acteur dans un téléfilm.
En attendant le prochain grand rendez-vous du cinéma, la 86e cérémonie des Oscars, le 2 mars, à chacun de se constituer son propre avis, avec les films nommés déjà sortis en salles ou sur le point de sortir.
Nayla Rached
Le palmarès
♦ Meilleur film dramatique: 12 years a slave de Steve McQueen.
♦ Meilleur acteur dans un drame: Matthew McConaughey dans Dallas Buyers Club.
♦ Meilleure actrice dans un drame: Cate Blanchett dans Blue Jasmine.
♦ Meilleure comédie ou comédie musicale: American Hustle.
♦ Meilleur acteur dans une comédie: Leonardo DiCaprio dans The wolf of Wall Street.
♦ Meilleure actrice dans une comédie: Amy Adams dans American Hustle.
♦ Meilleur réalisateur: Alfonso Cuarón pour Gravity.
♦ Meilleur scénario: Spike Jonze pour Her.
♦ Meilleur acteur dans un second rôle: Jared Leto dans Dallas Buyers Club.
♦ Meilleure actrice dans un second rôle: Jennifer Lawrence dans American Hustle.
♦ Meilleur film d’animation: Frozen.
♦ Meilleur film étranger: La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino.
♦ Meilleure bande-son: All is lost d’Alex Ebert.
♦ Meilleure chanson originale: Ordinary Love dans Mandela: Long walk to freedom.