Après la guerre des deux ans de 1975 à 1977, le Liban essaie de se relever. Le président Elias Sarkis est élu sous les bombes. Il succède au président Sleiman Frangié alors que le pays est encore sous le feu. Les tentatives d’éviter le pire au Liban se multiplient, mais les combats se poursuivent, et la sécurité reste précaire.
En septembre 1979, éclate une affaire inhabituelle pour les Libanais. Le ministre saoudien du Commerce dénonce une piraterie maritime aux larges des côtes libanaises. Des cargos traversant les eaux territoriales du Liban disparaissent quelque temps entre leur départ du port et leur arrivée. Ils sont retrouvés dans un port illégal libanais, quelques semaines ou quelques jours plus tard, sous un autre nom que celui qu’ils avaient au départ et leur cargaison avait disparu.
Le ministre saoudien révèle que le cargo baptisé «Le Betty» avait été détourné de sa trajectoire vers un port libanais, où sa cargaison d’une valeur d’environ trois millions de dollars avait été déchargée et vendue à des commerçants libanais. Parti de Yougoslavie, il se rendait à Jeddah.
L’enquête montre que le navire avait été acheminé vers un port grec où il est repeint. Il change de nom et devient le «five Stars» avant d’accoster au Liban.
Un autre navire «Le Possidin» qui quitte le Havre chargé d’orge et de sucre est retrouvé sous un nouveau nom dans un port libanais mais vidé de sa cargaison.
Les navires piratés passaient toujours par un port grec où ils étaient repeints et changeaient de nom avant de mettre le cap vers le Liban où leur cargaison était vendue.
Les petits ports clandestins étaient très nombreux sur le littoral libanais. Selon les informations, quelque cinquante navires y auraient accosté au cours de ces deux années de la guerre.
L’Arabie saoudite entre dans une vive colère et envoie une délégation négocier l’affaire pour récupérer la cargaison qui revenait à des commerçants saoudiens. Malheureusement, la cargaison était déjà vendue sur le marché libanais. Il était donc impossible de donner satisfaction à la délégation saoudienne.
La piraterie maritime n’était pas la seule qui frappait le pays. La piraterie aérienne ne manquait pas. En juillet 1977, six individus armés prennent le contrôle de l’avion de la «Kuwait Airways» en partance de Beyrouth pour le Koweït, à son bord cinquante-cinq passagers, dont l’ambassadeur du Koweït au Liban. A l’arrivée, les hommes armés relâchent leurs otages et se livrent aux Syriens. Les pirates de l’air réclamaient la libération de trois cents Palestiniens détenus dans les pays arabes. L’enquête ne dit pas comment les pirates ont pu embarquer à l’aéroport de Beyrouth avec toutes leurs armes sans être arrêtés.
Plusieurs autres détournements d’avions pour une raison ou une autre sont également effectués. Ainsi, entre la piraterie maritime et celle de l’air, le Liban traverse des jours difficiles.
Arlette Kassas
Pirate pour des raisons de santé
En juin 1977, la situation sécuritaire au Liban continuait à être précaire. La piraterie de l’air y était facile. Le vol Beyrouth-Bagdad de la MEA est détourné au Koweït par un jeune Tripolitain de 27 ans, Mohammad Nasr Abou Khlaled, paralysé des deux jambes. Il
demandait un demi-million de dinars pour libérer les 105 passagers et 10 membres de l’équipage. Il se rend aux autorités
koweïtiennes expliquant qu’il avait besoin de cet argent pour soigner sa paralysie due à des blessures de guerre. Les autorités koweïtiennes le relâchent, mais il est arrêté au Liban aussitôt de retour.
Les informations citées dans cet article sont tirées du Mémorial du Liban – le mandat Elias Sarkis de Joseph Chami.