Il était le «père de la boxe» considérant les boxeurs comme ses propres enfants dont il faut s’occuper. A 82 ans, le Libano-Mexicain Jose Sulaiman est décédé à Los Angeles, le 16 janvier dernier. Avec lui, un long chapitre de la boxe se referme.
Ancien amateur de boxe lui-même, Sulaiman est né le 30 mai 1931, à Ciudad Victoria, au Mexique, d’une mère syrienne et d’un père libanais. Il a été entraîneur, arbitre et promoteur, avant de rejoindre en 1968 la World Boxing Council, l’une des principales organisations de sanction de ce sport, dont les champions sont immédiatement reconnaissables par leurs ceintures de championnat du monde en vert et en or. Mais c’est depuis 1975 qu’il règne sur la WBC en véritable maître.
Pour protéger les boxeurs
Durant son long mandat qui a donc duré jusqu’à son absence récente pour des raisons de santé, plusieurs changements positifs ont été effectués en faveur des boxeurs. D’abord, il a été promoteur de la réduction des combats de championnat de quinze rounds à douze et cela, pour mieux assurer la sécurité de ces derniers. Un changement adopté en 1983, peu de temps après la mort de Kim Duk-Koo dans un combat. Toutes les autres organisations de sanction avaient finalement suivi l’exemple de la WBC, l’une des plus respectées fédérations de boxe. Autre modification qu’on doit à Sulaiman, l’institution de gants avec des pouces toujours attachés pour la sécurité des boxeurs. L’homme qui parlait plus de cinq langues (l’arabe, le français, l’anglais, l’italien et l’espagnol) a aussi la réputation de traiter tous les combattants comme des proches. «Il a souffert de leurs problèmes et travaillé avec eux afin de faire de la boxe un milieu meilleur et plus sûr», déclare la WBC dans un communiqué. Plus loin, on peut lire que peu importe si le boxeur était un amateur ou Julio Cesar Chavez ou Mike Tyson, Sulaiman se comportait avec tous de la même façon. De sa longue carrière, on retiendra également sa longue relation avec Julio Cesar Chavez.
Ce boxeur d’origine mexicaine est l’un des plus grands qu’a jamais connus son pays. Six fois champion mondial dans trois catégories de poids, il est surtout connu pour sa puissance de frappe exceptionnelle et le harcèlement incessant de ses adversaires. Outre Chavez, Sulaiman a longuement soutenu Mike Tyson qui tient le record du plus jeune boxeur à remporter des titres de la WBC, la WBA et l’IBF à 20 ans.
De ses relations, le père de la boxe n’a pas seulement tiré le meilleur. Il a été accusé de favoritisme (voir encadré). Sans doute, les responsables de la WBC ne reviendront pas sur ce point surtout qu’à la tête de l’équipe actuelle se trouve son fils, Mauricio Sulaiman, qui était le lieutenant en chef de la WBC et devrait prendre les rênes de l’organisation. Comme son aîné, le fils est passionné de la boxe. Les Sulaiman et ce sport, une relation qui n’est pas près de s’arrêter.
Pauline Mouhanna
Une personnalité controversée
Plusieurs journalistes et des personnalités sportives ont accusé Jose Sulaiman de corruption. Certains iront même plus loin. L’entraîneur de Whitaker, Lou Duva, l’a
qualifié de «voleur». Et beaucoup ont
considéré qu’il a modifié les règles de la WBC afin de soutenir le promoteur Don King. D’aucuns les accusent d’avoir triché ensemble au cours de certaines compétitions.
Serait-ce le prix de la notoriété?