A ce jour, la cigarette électronique n’est pas recommandée en tant qu’outil d’aide à l’arrêt du tabac. Son efficacité et son innocuité n’ont pas encore été suffisamment évaluées. C’est du moins les dernières recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) sur ce nouveau moyen de fumer.
Bien que la cigarette électronique soit présentée comme une aide efficace à l’arrêt du tabac, elle peut toutefois comporter des risques sur la santé selon les autorités sanitaires de différents pays. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne considère pas la cigarette électronique comme une thérapie légitime permettant d’aider les fumeurs. Elle ne dispose pas de preuves scientifiques suffisantes pour le confirmer. Les dernières recommandations de la HAS indiquent que les effets secondaires de la cigarette électronique sont encore méconnus. Elle estime en revanche que, du fait de sa toxicité beaucoup moins forte qu’une cigarette, son utilisation chez un fumeur qui a commencé à «vapoter» et qui veut s’arrêter de fumer ne doit pas être découragée.
Fabriquée en Chine depuis 2004, la cigarette électronique ne contient ni goudron ni CO2 et ne dégage pas de fumée, mais une vapeur composée de nicotine et d’essences aromatiques inhalée par l’utilisateur. Les analyses des différentes études démontrent que les vapeurs de certaines marques contiennent des substances préoccupantes, parfois même en quantité plus importante que dans certaines cigarettes conventionnelles. La cigarette électronique, avec ou sans nicotine, n’est donc pas un produit de consommation anodin. Même si elle en contient moins que la cigarette traditionnelle, elle n’est pas totalement dépourvue de produits toxiques. Jusqu’à présent, la cigarette électronique ne fait pas partie des traitements recommandés pour arrêter de fumer, car il n’est pas prouvé qu’elle soit sans danger ou qu’elle permette d’arrêter de fumer durablement. La HAS recommande au fumeur d’en parler à son médecin traitant qui lui proposera une stratégie personnalisée et adaptée pour cesser de fumer. L’accompagnement d’un fumeur par un professionnel de la santé est l’un des facteurs-clés du succès. En revanche, sans accompagnement, 97% des fumeurs n’arrivent pas à arrêter. La HAS préconise toutefois la mise en place d’une série d’études cliniques et observationnelles pour faire le point sur l’efficacité et l’absence de toxicité de la e-cigarette, considérée comme un produit de consommation, échappant à la fois à la réglementation sur les médicaments et aux contrôles applicables aux produits du tabac.
Elle recommande l’utilisation en premier recours des traitements nicotiniques de substitution (TNS) qui ont fait la preuve de leur efficacité chez les personnes désireuses d’arrêter de fumer, permettant notamment d’augmenter, au bout de six mois, le taux de réussite chez ces dernières. La HAS propose enfin la combinaison de plusieurs traitements (un timbre transdermique couplé à des gommes à mâcher) qui serait encore plus efficace.
Nada Jureidini
Trois questions au Dr Mirna Waked, pneumologue
Que pensez-vous de la cigarette électronique?
C’est un moyen de sevrage tabagique qui contient de la nicotine et sert au sevrage des dépendants. Elle permet en même temps de garder la gestuelle du fumage.
Est-elle un bon moyen d’arrêter le tabac?
C’est un moyen comme d’autres, mais il faut l’utiliser sous contrôle médical. Seuls des experts peuvent déterminer son bénéfice
et sa nocivité.
Est-elle moins nocive pour la santé
que la cigarette traditionnelle?
La cigarette électronique est moins nocive que le tabac, mais a des effets indésirables non négligeables. Elle comporte des dangers pour le cœur et les poumons. Avant de la recommander, il faut d’autres études approfondies pour bien déterminer l’avantage et les inconvénients.
Pour le moment, les données manquent.
Nada Jureidini