Cette semaine, la presse internationale met en parallèle les tergiversations gouvernementales avec le statu quo qui règne en Syrie et sur la scène régionale.
AL-SHARQ AL-AWSAT
Pays: Arabie saoudite.
Périodicité: quotidien national.
Diffusion: 200000 exemplaires par jour.
Premier quotidien panarabe de la région, devant Al-Hayat.
Cette semaine, le quotidien panarabe s’essaie à un exercice original. Il a sollicité deux points de vue opposés pour répondre à la question: «Un gouvernement d’union nationale serait-il capable de gouverner le Liban?».
Le journaliste Muhannad el-Hage Ali pense que non. «Aucun gouvernement ne sera capable de gouverner le pays tant que les milices seront au pouvoir. Les armes et la loyauté du Hezbollah envers la Syrie et l’Iran constituent de gros obstacles à l’édification d’un Etat fort au Liban. A l’exception du Courant du futur et de quelques organisations indépendantes, tous les partis libanais ont formé des milices pendant la guerre civile. Ils contrôlent les médias et les services de l’Etat. Leur vision de la démocratie? Le partage de quotas, quelle que soit leur représentativité.
Zafer Nasser, secrétaire général chiite du PSP de Walid Joumblatt, défend le point de vue contraire. «Il est absolument incontestable que la mise en place du gouvernement et de l’administration devra respecter la Constitution. Elle établit que le gouvernement doit être fondé sur la notion de consensus démocratique ou de pacte démocratique. Aucune partie ne peut exclure une autre, peu importe la taille ou la force de ces parties. Notre incapacité à construire un véritable Etat au Liban a rendu le processus politique mouvant. Nous avons besoin d’un minimum de consensus afin d’assurer la stabilité.
Washington Institute for Near East Policy (WINEP)
Pays: Etats-Unis.
Genre: think tank.
Spécialité: analyse de la politique US au Moyen-Orient.
Le directeur du Programme des politiques arabes, David Schenker, s’inquiète de la situation au Liban.
Le controversé procès Hariri va se dérouler dans un contexte de violence communautaire au Liban, de guerre interminable en Syrie et d’impasse politique autour de la participation du Hezbollah au futur gouvernement. La formation du cabinet a toujours été un sujet épineux au Liban, mais elle est particulièrement difficile dans ces circonstances. Bien que les désaccords sur la répartition des portefeuilles ne soient pas négligeables, ils peuvent être surmontés. A l’avenir, le point de discorde le plus épineux sera la déclaration ministérielle, qui pose les bases de l’orientation politique du gouvernement. Hariri pourrait tenter de convaincre ses partenaires du 14 mars de faire des concessions et de former un gouvernement avec le Hezbollah, comme il l’a fait en 2009. Sinon, il pourrait essayer d’exploiter les élections présidentielles prévues pour persuader le chef du Courant patriotique libre, Michel Aoun, le partenaire chrétien du Hezbollah, d’entrer au gouvernement. Aoun, 80 ans, a longtemps convoité la présidence et peut être sensible à de telles ouvertures. Justice et sanctions pour les assassins de Rafic Hariri sont nécessaires et inévitables. Malheureusement, elles risquent de coûter très cher.
THE DAILY TELEGRAPH
Pays: Grande-Bretagne.
Périodicité: quotidien national.
Diffusion: 800000 exemplaires par jour, premier quotidien du pays, devant The Times et The Guardian.
La situation des réfugiés syriens au Liban empire à mesure de leur désespérance. Ils sont prêts à tout pour survivre comme vendre leurs organes.
Le journaliste Jeff Neumann, basé à Beyrouth, publie un reportage dans lequel il remonte une filière de ce trafic. Rencontrant par hasard Mohammad dans un café beyrouthin, le journaliste apprend que celui-ci s’est fait opérer dans le but de vendre un rein. «Lorsque je suis arrivé au Liban, je vendais des légumes», raconte l’homme. «Mais l’argent récolté n’était pas suffisant pour survivre. Mon cousin m’a alors dit qu’il avait vendu son rein pour 5000 dollars».
Le journaliste va alors à la rencontre de l’intermédiaire, un certain Abou Jamil, qui lui confirme que Mohammad est bien venu lui proposer un rein. Abou Jamil, précise Jeff Neumann, «avait toutes les caractéristiques de ce que les Nations unies appellent un ‘chasseur de reins’». Ce dernier lui affirme que ce business, «c’est la même chose que le trafic de drogues». Abou Jamil explique aussi au journaliste que quelque deux cents Syriens auraient déjà vendu un rein au Liban; une véritable mine d’or pour les hôpitaux, qui les revendent à des patients libanais ou étrangers, ajoute le trafiquant.
IRISH INDEPENDENT
Pays: Irlande.
Périodicité: quotidien national.
Diffusion: 120000 exemplaires par jour, premier quotidien du pays.
L’information est passée quelque peu inaperçue, «le Liban rouvre à l’Irlande le marché de la viande après treize ans d’interdiction».
Le ministre irlandais de l’Agriculture, Simon Coveney, explique que «le marché libanais a un énorme potentiel pour les exportateurs irlandais. Le Liban importe actuellement 60% de la viande bovine consommée dans le pays pour la somme de 100 millions d’euros par an. Je suis convaincu que les exportateurs irlandais réussiront à s’implanter sur ce marché».
Concrètement, les autorités libanaises ont rouvert leur marché aux importations de viande de bœuf, de mouton et de viandes cuites en levant l’interdiction qui remonte à la crise de la vache folle qui a frappé l’Irlande au début des années 2000. «Le marché libanais constitue une importante vitrine pour les produits irlandais et renforcera la réputation de l’Irlande en tant que producteur agroalimentaire de denrées écologiques et de haute qualité».
MAARIV
Pays: Israël.
Périodicité: quotidien national.
Diffusion: 90000 exemplaires par jour, deuxième quotidien du pays, derrière Yediot Aharonot.
Le journal Maariv fait publier un article où il aborde la question de la protection du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a été la cible de multiples tentatives d’assassinat israéliennes.
L’équipe qui est chargée d’assurer la protection de Nasrallah est composée d’une vingtaine de soldats d’élite qui font partie des plus compétents. Ils sont bien équipés et sont placés sous commandement de l’appareil sécuritaire du Hezbollah. Cette équipe peut compter jusqu’à 150 personnes. Les apparitions publiques de Nasrallah sont rares mais de plus en plus nombreuses, signe du perfectionnement des méthodes et des moyens de l’équipe chargée de sa protection. Le 30 juillet 2011, une maison où, selon les sources israéliennes, le chef du Hezbollah devait se retrouver en réunion avec les hauts cadres du mouvement, a explosé. Sans succès. Un mois plus tard, Israël a fait exploser une voiture piégée près d’une salle où Nasrallah devait prononcer un discours à l’occasion du cinquième anniversaire de la guerre israélienne contre le Liban. Nasrallah a la peau dure. Certes, il vit la plus part du temps en clandestinité, mais il rencontre tous les jours cadres du Hezbollah et personnalités étrangères.
Julien Abi Ramia
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Cette semaine, avec la conférence de Genève sur la Syrie, la presse internationale n’a consacré que très peu d’articles de fond sur la situation du Liban. Le traitement de cette actualité a surtout consisté en une reprise des dépêches d’agences dont les plus nombreuses sont celles ayant trait aux menaces des branches libanaises des organisations jihadistes qui combattent en Syrie proférées contre le Hezbollah. Une information contrebalancée par les déclarations de Saad Hariri demandant aux sunnites de ne pas prendre part à la guerre qui oppose le parti chiite à al-Qaïda.