Magazine Le Mensuel

Nº 2934 du vendredi 31 janvier 2014

Livre

Le passage de Lama Miri. Un premier livre prometteur

Un imaginaire débridé. Un sens de l’observation aigu. Une touche personnelle et nouvelle. Autant de promesses d’écriture en germe dans ce premier livre de Lama Miri, Le passage, un recueil composé de trois nouvelles, publié aux éditions Dergham.
Le Quartier, Zghir et La ronde. Ce sont les titres des trois nouvelles que le lecteur découvrira au fil des pages. Avec un style extrêmement imagé, non dépourvu toutefois d’une certaine lourdeur qui ralentit par moments le flot de lecture et pèse sur…
Lama Miri s’amuse à décortiquer la société libanaise, les travers du pays, l’humanité de ses habitants, ses rêves et ses envies de vie meilleure. Environnement, pauvreté, découverte de l’autre, paix, entente… autant de thématiques qu’elle aborde en les enrobant d’un halo de symboles et de symbolisme. Les choses ne sont presque jamais dites noir sur blanc, elles sont suggérées. Et le sourire se dessine souvent sur les lèvres du lecteur. Certaines pages, certaines images de ce recueil ouvrent larges les chemins de l’imaginaire du lecteur lui-même, qui lui semble côtoyer tout à la fois des ruelles, rues et quartiers sortis tout droit de cases chatoyantes de bande dessinée où tout peut être possible, des contes de l’enfance où tout était encore possible et de la réalité beyrouthine où tout devient possible sous les mots de Lama Miri. Elle semble prendre plaisir à l’écriture et cela transparaît dans chacun de ses mots, de ses images: «Une ville qui tournait en rond, une ville qui n’allait nulle part».
Agée de 18 ans, Lama Miri vient tout juste d’entamer ses études universitaires en génie chimique à l’AUB. La fraîcheur de sa vision transparaît dans son premier ouvrage, à laquelle s’emmêle allègrement une touche de sarcasme et de cynisme née du profond idéalisme qui semble l’habiter et auquel elle donne vie dans ces quelques pages: «Tout le monde entendait parler de ce petit morceau de paradis où personne ne se chamaillait, où les bananiers poussaient près d’un fleuve-escalier, où le plafond était devenu ciel, où un muret romain portait le nom de Soliman Pacha, où un wombat du même nom se prenait pour un chat, où les médicaments devenaient livres, où tout le monde vivait heureux à l’image d’un fleuriste chassé par un politicien de sa propre boutique et d’une pharmacienne qui marchait dans la boue avec des talons sans s’y enfoncer».

Leila Rihani
 

Papa de Philippa Dahrouj
Humain… tout simplement

Paru aux éditions Dergham sous la rubrique Nouveau talent, Papa est le premier ouvrage de Philippa Dahrouj, jeune étudiante en art graphique à l’AUB. Papa est une sorte de récit épistolaire à sens unique où un jeune homme s’adresse à son père qui vient de décéder il y a quelques mois à peine.
«Que le rideau se lève sur ce feu monde qui nous plie l’un après l’autre, dit l’auteure dans sa préface. Ce monde qui bouleverse l’être humain qu’il soit homme de lettres ou homme de science. Eh oui, nous sommes toujours en quête de cet inconnu fugace, de ce que nous ignorons et de ce qui nous fuit. Le feu papa, c’est chacun de nous, qui voit le film de sa vie défiler devant ses yeux, scrutant l’univers sauvage dans l’espoir de s’évader de la vacuité du temps qui coule. Le fils, c’est l’être qu’on est, la personnalité qu’on veut endosser, au cours de ce moment que nous voulons posséder…». C’est effectivement ce que propose Philippa Dahrouj dans Papa: une histoire tout simplement humaine, une histoire de découverte de soi, d’amour de la vie, d’épanouissement, de quête de soi, au-delà du monde qui nous entoure. Des mots simples, sans fioritures, sans artifices, et une histoire tout aussi simple pour mettre en mots et en images les mystères que contiennent et révèlent le monde, la vie, la mort, l’amour, la vérité. Soi.

Leila Rihani

 

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