Magazine Le Mensuel

Nº 2934 du vendredi 31 janvier 2014

general

The Voice. Aline Lahoud envoûte les coachs

Et de trois! Depuis son démarrage, il y a trois ans, l’émission The Voice: la plus belle voix semble porter chance aux talents libanais. Après Johnny Maalouf et Anthony Touma, c’est la chanteuse Aline Lahoud qui a littéralement envoûté les quatre coachs, lors des auditions à l’aveugle.

a mère, Salwa el-Katrib, disparue il y a quatre ans, aurait de quoi être fière. Car c’est avec l’une de ses chansons phare, Khedni maak, qu’Aline Lahoud, digne héritière, a conquis, en l’espace de quelques minutes, les quatre coachs de la version française de The Voice, samedi dernier. Il fallait oser. Choisir d’interpréter une chanson en arabe à une heure de grande écoute sur TF1, la première chaîne française, n’était pas si évident que cela. Et pourtant, la star libanaise a réussi son pari.
Dans les coulisses de l’émission, Aline Lahoud confiait d’ailleurs avoir longuement hésité. «Je n’étais pas sûre de le faire au début. Je me suis mise à la place des coachs et me suis demandé ce que ça me ferait d’entendre une chanson dans une langue que je ne connaissais pas… Mais comme mon entourage était super excité à l’idée que je chante en arabe, j’ai foncé».
Peu après ces confidences, la voici sur scène. La musique démarre, doucement, rythmée par la derbouka. Sur le visage des quatre coachs, Jenifer, Garou, Florent Pagny et Mika, nouveau venu cette année, apparaît un soupçon d’étonnement. Puis, la voix grave et magnifique d’Aline Lahoud épouse la musique. Presque aussitôt, Mika, dont on connaît l’amour du Liban par ses origines libano-américaines, appuie sur le buzzer pour se retourner. Suivi de Jenifer, visiblement conquise elle aussi. Florent Pagny ne tarde guère, également séduit par l’interprétation d’Aline Lahoud. Le chanteur Garou attendra encore quelques instants pour se retourner.
Sur scène, Aline Lahoud rayonne littéralement. Le public, lui aussi, est subjugué par cette belle Libanaise aux yeux couleur de miel et au charme oriental indéniable. La star a relevé le défi. Les quatre coachs se sont retournés. Emue, Aline décline son identité et sa
nationalité. Un «Je viens du Liban, de Beyrouth», qui arrache à Mika un cri de joie. «Cela fait cinq ans que je recherche une telle voix», lance-t-il. «Dès les premières notes, j’ai senti que vous aviez imposé le mood oriental, comme Feyrouz et Oum Kalthoum». Tentant le tout pour le tout, le chanteur plaide pour qu’Aline rejoigne son équipe. «Des liens de sang nous unissent, ce serait un très beau cadeau si vous rejoigniez mon équipe», souligne-t-il. Jenifer n’est pas en reste. «Bravo, vous m’avez émue. Si vous voulez garder votre identité, c’est chez moi qu’il faudra venir, cette musique, cette chanson ont bercé mon enfance», annonce-t-elle, très enthousiaste. Le Québécois Garou affirme, quant à lui, qu’il «adore le Liban». «Il n’y a pas que le sang qui passe par le cœur», argumente-t-il, désireux de convaincre la belle.
Quant à Florent Pagny, il avoue avoir été complètement envoûté par la prestation d’Aline Lahoud. «A vous entendre chanter, et voir combien vous êtes belle, c’est sûr que vous êtes connue au Liban. Cette culture n’est pas la mienne, mais quand j’ai vu Mika se retourner, j’ai directement su que vous chantiez juste. Ne vous trompez pas d’équipe».
Devant le flot de compliments, Aline Lahoud affiche un sourire éclatant. A Florent Pagny qui s’interroge sur sa capacité à chanter en d’autres langues qu’en arabe, elle lui répond, presque du tac au tac, qu’elle «chante en huit langues». «Ça c’est les Libanais», clame Mika, pas peu fier.
Quelques secondes s’écoulent alors. Quel coach la star libanaise va-t-elle choisir de rejoindre? C’est finalement Florent Pagny qui remporte la partie. Pour, dit-elle, «réaliser un rêve de petite fille». «Avant les auditions, je m’étais dit que si Florent Pagny se retournait, j’irais vers lui. Je suis fan de ce qu’il fait. Les arguments de Mika m’ont fait hésiter, mais je suis restée sur ma première
impression», confiera-t-elle, après l’émission. Le coach est aux anges. «C’est juste sublime qu’elle m’ait choisi alors que j’étais moins armé que Mika», a-t-il commenté ensuite dans l’émission post-prime. Le chanteur libano-américain a, quant à lui, estimé qu’Aline partageait avec le chanteur de Bienvenue chez moi et de Caruso, entre autres, «une discipline d’interprète».
 

Une sacrée dose d’humilité
En quelques minutes, Aline Lahoud aura donc réussi son pari. Celui de participer à The Voice: la plus belle voix, en hommage à sa mère, Salwa el-Katrib. «Elle avait eu l’opportunité de venir en France pour faire carrière, mais elle a décidé de rester au Liban car j’étais trop jeune. Elle a sacrifié sa carrière pour moi», dit-elle. Quelques années plus tard, et malgré sa disparition, Salwa el-Katrib peut être fière de sa fille, qui aura porté haut les couleurs du Liban en France.
Car il en fallait, quand même, du culot pour oser participer à une telle émission avec une chanson libanaise, alors que la plupart des participants optent pour le français et pour l’anglais.
Du culot, ainsi qu’une sacrée dose d’humilité. Ce n’est pas donné à tout le monde de remettre en cause une carrière déjà bien établie au Liban. Malgré son jeune âge − 27 ans − Aline Lahoud s’est déjà tracé une belle route dans le star-system libanais.
Née à Amchit, elle est l’unique enfant de la chanteuse Salwa el-Katrib et du producteur Nahi Lahoud. Dans la famille, la musique est dans les gènes. Son oncle, Roméo Lahoud, est à l’origine de la plupart des titres phare de Salwa et l’un des initiateurs du théâtre musical libanais. C’est dans ce contexte que la blonde petite fille s’épanouit. Son père découvre son talent vocal très tôt et l’encourage. Aline peaufine alors sa maîtrise en suivant des cours de théâtre et de chant, avant d’obtenir une licence en audiovisuel à l’USJ, en 2002.
2005 sera un tournant dans sa jeune carrière. Cette année-là, Aline Lahoud rencontre Jad Rahbani, qui cherche une voix pour interpréter l’une de ses compositions au Megahit Festival, en Turquie. La jeune femme remporte le prix haut la main. On lui propose aussi de représenter le Liban pour la première fois, au concours de l’Eurovision. Une occasion en or, qui avortera cette année-là, la participation du Liban au concours ayant été suspendue, car des chaînes locales n’avaient pas accepté de diffuser la prestation du concurrent israélien. La chanson qu’elle devait interpréter, Quand tout s’enfuit, obtiendra tout de même le prix du concours Charles-Trenet, en 2005.
Ce n’est que, lors de sa prestation aux Murex d’or, que le public libanais en fait la découverte. Elle y interprète, en duo avec sa mère, Khedni maak. Un titre qui lui porte décidément chance.
Au Liban, Aline poursuit sa route. Elle publie un premier album en français, se tourne vers la télévision en jouant dans de nombreux feuilletons. Avec la troupe de danse Caracalla, elle se produit sur la scène de Baalbeck, avec A Aard el-Ghajar, ce qui lui vaudra, l’attribution, en 2013, du Murex d’or de star du théâtre musical.
Professionnelle et très humble, Aline Lahoud va désormais tenter sa chance auprès du public français. Sa prestation, samedi dernier, a semblé enthousiasmer le public. La première étape, celle des auditions à l’aveugle, franchie avec succès, le plus gros reste à faire. D’abord, Aline Lahoud devra se confronter à un autre talent de l’équipe de Florent Pagny, pour gagner sa place dans The Voice et chanter durant plusieurs prime time. Si, d’aventure, son coach ne la choisissait pas lors des «battles», Mika, Jenifer ou Garou pourrait choisir de la repêcher dans leur équipe.
Quelle que soit la suite, la jeune femme garde les pieds sur terre. «Que je continue l’aventure ou pas, un seul passage sur une chaîne comme TF1 peut m’ouvrir de nombreuses portes. Cela valait la peine que je prenne ce risque». On croise les doigts pour elle.

Jenny Saleh

Aline affole la Toile
La prestation d’Aline Lahoud a suscité un véritable engouement sur la Toile, dont Twitter.
Parmi les tweets de louange, on pouvait lire:
«Bravo Aline, le Liban est fier de toi», ou encore «Une belle découverte pour moi ce soir dans The Voice. Hymne à toutes les mamans…».
«Aline a illuminé The Voice par une voix magnifique, une beauté sublime. Sur un rythme oriental envoûtant».
Le candidat de la première édition de The Voice, Johnny Maalouf, l’avait encouragée avec ce tweet: «Je suis ému. Elle va chanter du libanais en prime time sur TF1! Fierté».
Même Simon Abi Ramia s’y est mis: «Aline Lahoud: bravo et merci pour la sublime image que tu montres du Liban. Salwa Katrib est fière de toi d’en haut. Et nous aussi».

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