Magazine Le Mensuel

Nº 2935 du vendredi 7 février 2014

Espace

Mars One. One way ticket… pour la planète rouge

Routine, problèmes de tous genres… Vous en avez marre de la planète Terre? Vous avez maintenant l’opportunité d’aller vous installer sur Mars. Non, ce n’est pas un rêve ni un film de science-fiction. C’est la réalité ou plutôt quand la fiction rattrape la réalité. Le nom du projet: Mars One. Départ 2022. Vous avez le temps de bien vous préparer!    

Coloniser la planète Mars. C’est le pari de l’ingénieur hollandais Bas Lansdorp. Il a lancé le projet Mars One qui a pour but d’installer une colonie humaine autonome dès 2024 sur la planète Mars située à 250 millions de km de la Terre. Cette société à but non lucratif a lancé un appel à candidatures pour un aller simple vers Mars en 2022. Trop cher pour la Nasa, ce programme privé pourrait être financé en partie par son utilisation sous forme de téléréalité. Malgré l’absence de billet de retour et les immenses dangers découlant d’une telle aventure, les candidats se précipitent de par le monde. En effet, l’organisation a annoncé, deux semaines après le lancement des candidatures, avoir reçu 78 000 demandes provenant de 120 pays. Sur le site de Mars One, les candidats peuvent poster une vidéo de candidature dans laquelle ils se présentent et expliquent leur choix.
 

Un voyage de sept mois
«Etablir une colonie permanente sur Mars signifie pas de retour», explique Lansdorp. «Cela a l’air spectaculaire, mais il ne faut pas oublier que dans l’histoire de notre planète, des gens sont partis en exploration en quittant leurs familles. La prochaine étape la plus logique est Mars». Mars One a déjà averti que les quatre premiers volontaires devraient arriver sur cette planète en 2023 après un voyage de sept mois. Lansdorp assure que de nouveaux équipages seraient envoyés chaque deux ans. Le coût de ce premier vol vers la planète rouge est estimé à six milliards de dollars que l’organisation compte obtenir à travers des contrats publicitaires et des retransmissions télévisuelles payantes. En effet, les sélections des candidats, le voyage et la vie sur Mars devraient être filmés et diffusés en permanence. Pourtant, Bas Lansdorp avoue: «Nous ne sommes pas encore arrivés à collecter ce montant», il refuse toutefois de révéler la somme déjà recueillie.

 

Un environnement hostile
L’environnement très hostile de Mars (pas d’oxygène, pas de nourriture et température moyenne de -63 degrés) n’inquiète pas l’initiateur du projet de Mars One. Les problèmes sont nombreux, mais le fondateur reste optimiste: «On sait déjà fabriquer de l’oxygène et recycler les choses. On fera ça sur Mars. Actuellement, aucune fusée n’est assez puissante pour lancer la mission. Dans neuf ans, ce sera peut-être le cas». Bientôt, Mars One va réaliser une colonie identique à celle de Mars sur la Terre, probablement dans un environnement froid et dur. Ceci devra aider les futurs «Martiens» à s’habituer à leur nouvelle vie dans un environnement proche de la réalité. Par ailleurs, les équipes ne pourront pas communiquer «en direct» avec la Terre. Elles pourront juste envoyer des mails, des messages vocaux et des vidéos. Et la nourriture? « On sait qu’il y a de l’eau sur Mars, mais pas sous forme liquide. Notre base sera située à un endroit où nous aurons la garantie qu’il y a de l’eau dans le sol pour produire des aliments comestibles. Une mission spécifique sera envoyée en 2020 pour définir la meilleure situation géographique. Nous enverrons également une petite quantité de plantes qu’il sera possible de cultiver et multiplier sur Mars. Avant leur départ, nous nous assurerons de notre capacité à produire de l’oxygène sur notre base», explique  Lansdorp. Ce dernier ira-t-il aussi sur Mars? «Cela a toujours été mon rêve. Cela dit, je ne ferai certainement pas partie de la première mission, car elle fait peser une pression psychologique immense sur ses participants… Moi, je ne suis pas capable d’un tel choc. Il faut imaginer que la première équipe, c’est un peu comme un groupe qui part skier et qui se retrouve coincé dans la neige… sauf qu’ils doivent cohabiter trois ans avant de voir de nouveaux compagnons les rejoindre. Je n’ai pas le caractère pour faire partie des premiers départs». Voilà une déconnexion complète assurée! Un aller… sans retour prévu!

Christiane Tager Deslandes

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