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Nº 2935 du vendredi 7 février 2014

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Une presse à scandale. Pourquoi les paparazzis effraient-ils les célébrités?

Le dernier scandale qui a récemment secoué l’Elysée remet à l’ordre du jour le rôle des paparazzis et leurs ingérences dans la vie privée des gens. Ingérences certes malsaines, puisque tout être humain a droit au respect de son intimité, mais aussi destructrices car la relation de nombreux couples vole en éclats en apprenant, par cette presse à scandale, la trahison secrète du conjoint.
 

Tout a commencé lorsque le magazine Closer a étalé, à la Une, des images du président de la République française, François Hollande, affublé d’un casque et arrivant chez l’actrice Julie Gayet sur une mobylette. Traqué par un paparazzi, il ne fait aucun commentaire sur le sujet se contentant de déclarer que la vie privée des gens doit être respectée. Choquée par cet étalage médiatique accompagnant son infidélité, sa compagne officielle est transportée à l’hôpital.
 

Comment les définit-on?
Les paparazzis sont des photographes qui traquent les célébrités. Le mot «paparazzo» a été inventé par Federico Fellini, en 1959, dans son film Dolce Vita. Il s’agit du nom d’un personnage toujours en chasse d’images des gens connus. Certains travaillent pour leur propre compte et vendent leurs informations au magazine le plus offrant, alors que d’autres sont employés par un journal. Les paparazzis peuvent-ils être considérés comme des journalistes? En invoquant la liberté d’expression et d’information, ils s’expriment en tant que professionnels de l’information, certains se disent même journalistes. Pourtant, ils violent explicitement certains articles de la déontologie de ce métier qui mentionne qu’un journaliste doit respecter la vie privée d’autrui, même des personnes publiques. Le journalisme est un métier qui se veut moral, car son intérêt est de divulguer des informations concernant l’actualité mondiale, alors que celui de la presse people n’est autre que commercial. Ce type de presse regroupe les magazines spécialisés dans le traitement de la vie privée des personnalités et est l’une des catégories de presse les plus vendues. C’est pourquoi, tentés par le gain − une photo scoop pouvant être payée des centaines de milliers de dollars − certains font fi de toute rectitude morale et filent leur proie jusqu’à ce qu’elle tombe dans le filet. Dans leur chasse du scoop, les paparazzis tablent donc surtout sur la vie privée des célébrités, vie qui fait l’objet de toutes les curiosités. Ils comptent certes sur la prise de photos inédites, mais surtout sur les relations amoureuses et sexuelles des personnalités qu’ils traquent. En cause? Les personnes publiques sont plus que les autres tentées par l’adultère. Un scoop dans ce sens est relativement facile à détecter et surtout à vendre, vu que le public est friand de ce genre d’histoires amoureuses et sexuelles.
Les personnes gravitant dans les centres du pouvoir et du showbiz sont plus soumises à la tentation de l’adultère que les autres, du fait que les femmes et les hommes sont séduits par leur aura, leur pouvoir et leur argent. Certains pensent ainsi profiter de leur notoriété. D’autres ont carrément des visées qui servent leurs intérêts. Par exemple, des journalistes essaient de leur tirer des scoops et, de ce fait, d’asseoir leur place dans les médias. Des personnes carriéristes tentent de leur arracher des postes dans le service public ou autre… Les personnages publics étant des charmeurs par nature, passer donc à l’acte et traduire leurs efforts de séduction dans des couches de passage feraient presque partie d’une conclusion normale qui a rarement une incidence sur leur vie de couple. Donc, quand le paparazzi découvre leurs aventures ou relations, c’est toute leur vie qui peut voler en éclats. Les célébrités ont toutes les raisons de craindre les paparazzis et, d’ailleurs, prennent toujours leur présence en considération, n’hésitant pas à faire preuve d’une imagination débordante pour les éviter et déjouer leur traque: la photo du président François Hollande sur son scooter et portant un casque pour se cacher s’inscrit dans ce cadre et pourtant… un paparazzi à l’affût a réussi à le «piéger».
Selon le sociologue Yves Martin, «si les personnalités craignent de faire la Une des magazines dans le cas d’infidélités, c’est aussi parce qu’une fois leurs histoires étalées dans la presse, leurs conjoints leur pardonnent plus difficilement. Dans une histoire d’adultère, le compagnon trahi décide entre quatre murs s’il peut pardonner ou pas, mais quand sa vie est étalée dans les journaux et les télévisions, l’ego blessé fait en sorte que le pardon devient plus difficile, à moins que les intérêts entrent en jeu». Et de poursuivre: «Oui, les célébrités ont toutes les raisons de craindre les paparazzis. C’est leur vie de couple qui est en jeu, mais aussi leur crédibilité. L’opinion publique considère souvent qu’un homme qui triche dans sa vie privée triche aussi quand il s’agit de la vie publique». 


Danièle Gergès

Célébrités complices?
Elles sont nombreuses ces personnalités qui se défendent, refusent de se laisser prendre en photo et, parfois même, agressent leurs assaillants. A l’inverse, elles peuvent 
également entrer dans le jeu du photographe en se montrant réceptives, voire complices. Elles vont jusqu’à développer elles-mêmes leurs propres astuces, afin d’attirer 
indirectement l’attention… mine de rien. Parfois, elles se font directement complices lorsqu’elles établissent un deal avec le photographe, lui permettant ainsi d’obtenir une photo ou une nouvelle en exclusivité et de partager la somme importante perçue par les journaux à scandale.

Les meilleurs des paparazzis
Sébastien Valiela et Jean-Claude Elfassi seraient les meilleurs paparazzis au monde.
Selon les sites concernant le métier de 
paparazzi, Sébastien Valiela «est le dernier pur paparazzi, l’un des rares à ne faire que ça. C’est un loup solitaire, mais son carnet d’adresses est ahurissant. Il est connecté, maîtrise les réseaux sociaux et creuse ses sujets à l’écart de la meute des paparazzis. Sa réputation, il l’a gagnée avec une image prise il y a vingt ans, celle du 
président François Mitterrand avec Mazarine − la fille qu’il a avec sa maîtresse − et qui résonne de façon troublante avec celle du couple 
Hollande-Gayet. Même retentissement, même façon de dévoiler un pan de la vie 
privée du chef de l’Etat secouant l’opinion publique à son égard».
Jean-Claude Elfassi, «lui, ne craint aucune situation et n’hésite pas à 
utiliser toutes les méthodes, aussi viles soient-elles, pour arriver à ses fins». Il est fréquent que les buts des paparazzis ne soient pas toujours très sains. Prendre un cliché mettant en cause le prestige et la réputation d’une célébrité pour en alimenter les potins est l’un des premiers objectifs de ce métier. Ainsi, plus la photo prise est dénigrante, plus elle penche en faveur du photographe. Elfassi est surtout connu comme l’auteur des clichés les plus spectaculaires et les plus extravagants. Cela dit, être le plus grand paparazzi, c’est également être le plus polémique. Ce métier fait donc des célébrités et des peoples les victimes idéales. Dans le cas d’Elfassi, on peut dire qu’il honore son métier avec brio, 
il est «le» paparazzi par excellence.

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