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Nº 2936 du vendredi 14 février 2014

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La charte de Bkerké. Unanimité autour d’une feuille de route

Dans sa Charte nationale bien accueillie par les divers pôles politiques du pays − à l’exception du Hezbollah qui ne s’est pas prononcé −, Bkerké rappelle les constantes nationales et demande aux responsables de conjuguer leurs efforts pour sauver le Liban avant qu’il ne soit trop tard. Réactions et commentaires des Kataëb, des Forces libanaises, du Courant patriotique libre, du Courant du futur et du mouvement Amal.
 

Fadi Habr, député Kataëb de Aley
L’Eglise souhaite préserver le Liban 
du conflit sunnite-chiite

«Dans cette charte, l’Eglise s’est de nouveau positionnée en référence nationale pour assurer que le Liban est un pays-message tel que l’a décrit le pape Jean-Paul II lors de sa visite à Beyrouth. Pays indépendant, démocratique, dont le régime est parlementaire, le Liban doit rester un modèle dans cette partie du monde. La charte a voulu préserver le pays des dangers qui le guettent et, essentiellement, celui du conflit sunnite-chiite qui a éclaté dans la région et l’empêcher d’arriver à nos portes. Les différences communautaires et confessionnelles doivent être une source de richesse et non de conflit. Bkerké insiste sur le fait que toutes les armes illicites, je dis bien toutes, doivent être entre les mains du seul Etat, que la neutralité positive doit être adoptée. Bkerké propose une feuille de route pour préserver ce qui reste de ce pays. L’application de la Constitution est également essentielle au regard de l’Eglise, mais certaines modifications doivent y être apportées à notre avis. Concernant les prérogatives du président de la République, elles doivent être consolidées et les échéances constitutionnelles respectées… la décentralisation administrative est également essentielle, car elle permet un développement équilibré des régions et donne aux citoyens l’opportunité de demander des comptes aux responsables si besoin est. Ce qui est réconfortant c’est que les propos du patriarche ne s’adressent pas seulement aux chrétiens, mais à toutes les composantes libanaises appelées à donner la priorité à leur citoyenneté afin d’éviter que le pays ne s’enlise, à l’instar de ses voisins, dans une guerre sunnite-chiite».

 

Abedel-Latif el-Zein,
membre du bloc Berry

Un commentaire laconique mais très explicite: «Une charte nationale dans tous les sens du terme. Point à la ligne. Je n’ai plus rien à ajouter».

 

 

 

 

Naji Gharios, député du CPL
Aux politiciens de cesser leurs allégeances à l’étranger

«Cette charte est venue remplir le vide politique qui existe − vide que seul le général Michel Aoun tente de remplir. Elle considère que les politiciens ont tous échoué et n’ont pas assumé les responsabilités qui leur incombent. Il a fallu que le patriarche lance ces directives nationales pour que toutes les forces politiques les approuvent. Ils n’ont pas réussi seuls à tracer une feuille de route commune susceptible de protéger le pays. Puisque ces forces ont appuyé à l’unanimité cette charte, collaborons tous ensemble pour la mettre en pratique et pour édifier un Etat dans tous les sens du terme. Mais, tant qu’une large partie des Libanais prête l’oreille à l’étranger et reçoit des ordres des communautés arabes et internationales, aucune charte ne nous sauvera. D’autant plus que cette communauté ne fait qu’allumer le feu parce qu’elle veut constituer un nouveau Moyen-Orient et ne s’en cache pas. Nous souhaitons que tous les politiciens fassent front dans ce projet et s’unissent pour sauver le Liban avant qu’il ne soit trop tard. Quant à la question des armes, le patriarche a souhaité qu’elles soient entre les mains de l’Etat, cela se fera automatiquement quand celui-ci sera assez fort pour défendre le Liban. En parlant de neutralité, l’Eglise ne vise pas seulement le Hezbollah, comme certains ont tendance à le dire, mais toutes les forces qui se sont enlisées dans ce conflit et elles sont nombreuses».

Ammar Houri, député du Courant du futur
Le patriarcat insiste sur le vivre-ensemble

«Cette charte a été agréablement accueillie par le Courant du futur. Elle s’inscrit dans la lignée des feuilles de route politiques de Bkerké. La charte a une vision pointue de ce que doit être le Liban et exprime avec clarté l’importance du vivre-ensemble. C’est une feuille de route que nous devons tous prendre en considération pour l’édification d’un Etat de droit et la consolidation de l’unité nationale. Elle propose des outils bien précis pour mettre un terme au marasme politique et  consolider l’indépendance du Liban et sa souveraineté. Nous l’appuyons totalement».

 

Antoine Zahra, député des FL
 
Bkerké a parfaitement rempli son rôle

«Cette charte aborde toutes les constantes nationales politiques historiques du Liban et revient sur le rôle essentiel des chrétiens, leur rôle passé, certes, mais aussi celui à venir. Elle assure que seul l’Etat est la référence et revient sur la question des armes qui doivent être entre les seules mains de l’Etat. La charte insiste sur la neutralité positive, ce qui est rassurant. Certes, l’Eglise n’a pas dénoncé de façon explicite l’intervention militaire du Hezbollah en Syrie et il ne lui est pas demandé de le faire et de s’immiscer dans les affaires politiques, sinon quelle serait la responsabilité des politiciens? En revanche, l’Eglise a parfaitement rempli le rôle qui lui incombe en posant les jalons des grands principes et des constantes susceptibles de préserver le Liban dans cette phase difficile. Elle a, par contre, insisté sur le fait que les armes doivent être entre les mains du seul Etat. Pour mettre en pratique cette feuille de route, il faut que toutes les forces politiques s’engagent à le faire en adoptant la stratégie de défense sur laquelle nous nous sommes entendus et la déclaration de Baabda».
 

Réactions recueillies par Danièle Gergès

Les grandes lignes de la charte
A l’issue de la réunion mensuelle de l’Assemblée des évêques maronites, le patriarche Béchara Raï a publié une charte nationale dans laquelle il propose une feuille de route susceptible de préserver les constantes nationales. Un cri lancé alors que le Liban passe par l’une des phases les plus critiques de son histoire. Le patriarche met en garde contre les dangers qui guettent le pays et propose une feuille de route. La charte préconise le vivre-ensemble, la parité islamo-chrétienne, le respect de la Constitution et des institutions. Elle insiste sur l’importance du respect des échéances constitutionnelles dont la formation du gouvernement, l’élection d’un 
président de la République et les élections 
législatives. Elle préconise aussi, la neutralité positive, meilleur moyen de préserver la pluralité dans les pays à multiples composantes, tout en n’excluant pas l’engagement du Liban dans les causes essentielles du monde arabe dont la question palestinienne. Bkerké a également déclaré que toutes les armes doivent être entre les mains de l’Etat et de l’Etat seul.

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