Le réservoir de Aïn el-Heloué
Sayyed Hassan Nasrallah a adressé un message clair aux leaders politiques et aux comités populaires des camps palestiniens, lors de sa dernière apparition télévisée. Les communiqués réprobateurs ne sont plus suffisants, a déclaré le secrétaire général du Hezbollah sur un ton de reproche, sachant que certains camps servent de base aux suicidaires et aux voitures piégées. Selon certaines sources, le Hezb commence à être convaincu que le terrorisme qui provient de l’extérieur tente d’enfoncer ses racines dans le sol libanais. Preuve en est, la majorité des figures du terrorisme appréhendées par l’armée sont palestiniennes. Trois parmi les terroristes arrêtés étaient des membres du mouvement du Jihad islamique ou alors des Syriens ou des Libanais qui ont grandi dans un environnement jihadiste palestinien. Le plan mis au point par le Hezbollah pour faire face à ce phénomène inclut la prise en considération du facteur palestinien, Aïn el-Heloué servant de réservoir et d’abri aux cerveaux terroristes.
Les conseillers au placard
Un nouveau ministre dit vouloir en finir avec le phénomène des conseillers dont les fonctions ont prévalu sur celles du directeur général et des chefs des offices. Des ministres du gouvernement Mikati avaient rétréci le rôle des fonctionnaires en faveur des conseillers, sachant que ces derniers n’assument aucune responsabilité selon la loi. Ainsi, certains ministres avaient décidé de la politique à suivre au sein de leur ministère loin de toute supervision de la part du directeur général et des hauts fonctionnaires. Les querelles qui avaient opposé certains d’entre eux aux ministres concernés avaient été réglées par la mise à l’écart des fonctionnaires.
Le dialogue ressuscité
L’idée de convoquer les participants au dialogue national à une nouvelle réunion n’est pas exclue par le président Michel Sleiman qui juge encourageant le climat positif qui règne entre les divers bords politiques.
Alors que des sources gouvernementales signalent que les échanges entre deux composantes principales du 8 et du 14 mars ont bien repris, d’autres sources du 14 mars estiment que l’espace naturel pour des assises politiques est le comité du dialogue, présidé par Michel Sleiman, qui permettra à l’ensemble des composantes du paysage politique de participer au débat sur les questions cruciales, comme l’implication dans la guerre en Syrie. Le président Nabih Berry avait qualifié le gouvernement Salam de table hebdomadaire du dialogue, sans que cela signifie vouloir exclure la réanimation du comité de dialogue qui rassemble tous les leaders.
Les Kataëb reviennent à Dahié
Le vice-président des Kataëb, Sejaan Azzi, revient à la banlieue sud, un portefeuille sous le bras, après l’avoir visitée une première fois en signe de solidarité avec ses habitants, après l’explosion de Roueiss, le 15 août passé. Un retour qui coïncide avec la politique d’ouverture envers l’autre camp, initiée par le parti, et sa distinction des forces du 14 mars sur ce point. Azzi révèle qu’il avait le choix entre trois ministères, mais il a préféré le portefeuille du Travail parce que «nous pratiquons la politique de la main tendue et qu’il ne faut pas faire une différenciation entre les régions. Le choix de la banlieue sud est celui de l’unité», a déclaré le ministre qui a ajouté: «Ce ministère a la capacité de servir les Libanais». Rappelons que le siège du ministère du Travail se trouve à Mcharrafié, dans la banlieue sud de Beyrouth.
D’où vient le drone?
Pourquoi les autorités sécuritaires ne révèlent-elles pas l’identité du drone de Maarab? s’interroge-t-on dans les milieux des Forces libanaises. Un responsable ayant raillé les informations livrées par le parti à ce sujet, à savoir que l’avion est de fabrication iranienne et que le Hezbollah dispose de ce type d’engins. Les mêmes milieux ajoutent: lorsque les responsables tournent en dérision ces informations qui, disent-ils, sont extraites de Google, pourquoi ne publient-ils pas celles qu’ils détiennent? Est-ce possible que le commandement de l’armée n’ait pas d’infos précises sur cet engin? La manière de gérer cet événement au niveau officiel est étonnante, pensent-ils. Les mêmes responsables auraient-ils agi avec la même légèreté si le même incident avait touché le siège d’un autre parti?
Cadres aounistes mécontents
Certains cadres du Courant patriotique libre (CPL) n’ont pas apprécié la gestion des négociations par le général Michel Aoun qui ont abouti à la naissance du gouvernement. Ils lui reprochent de s’être exclusivement agrippé à l’intégration de Gebran Bassil au sein de la nouvelle équipe, sans donner une chance à d’autres. L’un parmi eux dit avoir reçu une promesse d’entrée au «paradis ministériel» en préambule aux législatives dans la région du Metn, et avoir été surpris d’apprendre la nomination au gouvernement de non-partisans du CPL. Les cadres aounistes boudeurs sont nombreux et ils pensent entreprendre une initiative collective craignant d’être mis à l’écart.
Objectif: démanteler les Brigades Azzam
L’objectif N°2 des organes de sécurité libanais, après Naïm Abbas, est l’arrestation de Toufic Taha, un des leaders les plus en vue des Brigades Abdallah Azzam, au Liban. L’homme était la main droite de l’émir des Brigades, Majed el-Majed, mort à l’hôpital après son arrestation par les Renseignements de l’armée. Les informations qui circulent parlent de l’existence d’une décision locale et internationale de démanteler ces brigades au Liban, pour mettre un terme à la vague terroriste qui touche le pays depuis plusieurs mois.
Cabinet contesté par les amis de Damas
Ceux qui ont stigmatisé la composition du nouveau gouvernement sont des personnalités du 8 mars, proches de Damas. Se sentant lâchées à la faveur du Moustaqbal, ces personnalités estiment que le retour de ce dernier au pouvoir à la veille de la visite du président américain en Arabie saoudite et la réactivation des négociations saoudo-iraniennes qui semble inéluctable, permettront aux Saoudiens d’entamer les négociations sur le dossier libanais, alors que le Moustaqbal est au pouvoir, sans qu’ils n’aient à payer le prix du retour du courant au pouvoir. Parmi les mécontents de la mise sur pied du gouvernement Salam, l’ex-directeur de la Sûreté générale, arrêté avec trois autres officiers dans l’affaire de l’assassinat du président Hariri, Jamil el- Sayyed et le chef du Parti d’unification arabe, l’ex-ministre Wiam Wahhab.
Reprise de l’activité législative
Optimisme affiché du président de la Chambre, Nabih Berry, quant à la reprise de l’activité législative à l’hémicycle, après la naissance du gouvernement d’intérêt national. L’Assemblée générale prévue pour le 4 mars mettra fin, selon les promesses faites à Berry, au boycott de la Place de l’Etoile, afin d’adopter les projets intéressant la vie des citoyens. Les proches de Aïn-el-Tiné disent que le président Berry est attaché à son interprétation du texte constitutionnel selon lequel le Parlement peut continuer à exercer son pouvoir législatif jusqu’aux dix derniers jours précédant l’expiration du mandat présidentiel. On s’attend donc à une intensification des Assemblées plénières au rythme d’une à deux sessions par mois pour entériner plusieurs projets en suspens comme ceux de la grille des salaires, de l’assurance santé auquel le bloc du Futur accorde une importance particulière…
Par ailleurs, les conciliabules entre les présidents Berry, Saad Hariri et le député Walid Joumblatt se multiplient en vue de parvenir à une entente autour d’une nouvelle loi électorale qui réponde aux ambitions de tous les Libanais, notamment les jeunes.
Guerre entre les humanitaires
C’est la guerre entre les organisations européennes qui œuvrent dans le domaine de l’aide aux réfugiés syriens au Akkar. Chacune de ces organisations cherche à détenir le monopole sur un des camps, empêchant l’autre d’y intervenir. Des sources qui suivent de près ce dossier révèlent que le responsable, nommé récemment pour succéder à celui qui a échoué dans sa mission, a fait une tournée dans les villages, escorté par huit voitures, s’arrêtant pour pénétrer dans les taudis des réfugiés accompagné d’une vingtaine de personnes, comme le rapporte le chef des municipalités du Akkar.
Ce contact direct avec les déplacés en vue de les recenser pour dresser des listes de bénéficiaires facilite la fraude pour accroître l’aide qui leur est allouée. Il faut ajouter à cela, les contrats signés avec des commerçants en dehors du Akkar prévoyant le versement de commissions et de pots-de-vin, ce qui a porté les Akkaristes à protester vivement contre ces agissements, notamment les propriétaires des stations d’essence locales qui ont réclamé que le fuel des réfugiés soit acheté chez eux.
Environnement social et terrorisme
Les changements politiques au niveau gouvernemental pourraient avoir une incidence sur l’environnement social bienveillant à l’égard du terrorisme au Liban, met en garde une source sécuritaire. Ainsi, un groupe armé à Beyrouth a ouvert le feu sur une patrouille du département des Renseignements des FSI qui s’apprêtait à faire une descente dans le quartier de Fakhani à Tarik Jdidé. La patrouille, arrivée à la rue Abou Sahl, n’a pas pu accomplir sa mission, à la suite d’une intervention des «jeunes du quartier» qui, après un vif échange avec les soldats, se sont mis à tirer en l’air. Cet incident a eu lieu une semaine avant l’agression dont l’ex-ministre Mohammad Rahhal a fait l’objet lorsque sa maison près de Chtaura a été attaquée. Les agresseurs ont menacé le député, insulté sa sœur… parce qu’il avait aidé les autorités à capturer des terroristes takfiristes dont le leader des Brigades Abdallah Azzam, Majed el-Majed. D’après la source, il est facile d’identifier les auteurs de l’agression contre Rahhal, qui sont bien connus dans les villages alentours, cela met les responsables et la justice face à leur mission d’étendre la lutte antiterroriste à l’entourage qui protège les éléments armés takfiristes.
Rifi-Safa: Rencontre constructive
En dépit du climat brumeux, des sources indiquent que la rencontre entre le chef de l’unité de liaison et de coordination du Hezbollah, Wafic Safa, et le nouveau ministre de la Justice, Achraf Rifi, visait à rouvrir les canaux d’échange avec le Moustaqbal et à sceller une coordination juridico-sécuritaire entre les deux protagonistes. La réunion qui a eu lieu à la demande du Hezbollah était positive, Safa ayant félicité Rifi pour sa nomination avant d’entamer des pourparlers placés sous le signe de la franchise et axés sur la situation interne.
Abordant la période précédente, chacun d’entre eux a exprimé ses griefs. Mais une volonté commune d’aborder la phase prochaine de façon constructive s’est dégagée de cette rencontre qui a eu lieu au domicile de Rifi à Achrafié. L’importance de cette reprise de contacts entre les adversaires chiite et sunnite, a été renforcée par un contact téléphonique Safa-Machnouk qui a été qualifié d’excellent et au cours duquel le ministre de l’Intérieur a assuré à Safa qu’il était «disposé à coopérer». La réunion bipartite au départ s’est ensuite élargie pour inclure le chef du département des Renseignements des FSI, le général Imad Othman et le chef des opérations des FSI, le général Houssan Tannoukhi.