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Nº 2938 du vendredi 28 février 2014

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Mondes super habitables. Des formes de vie hors la planète bleue

Existerait-il des planètes plus grosses et plus habitables que la Terre? C’est ce que semblent croire deux astronomes qui souhaitent étudier le système planétaire qui entoure l’une des étoiles les plus proches du Soleil, Alpha Centauri B.
 

Des planètes super habitables qui tourneraient autour d’Alpha Centauri B, l’une des étoiles les plus proches du Soleil? C’est la thèse évoquée par deux astronomes, René Heller de l’Université McMaster dans l’Ontario, au Canada, et John Armstrong, de la Weber State University, aux Etats-Unis, dans la revue Astrobiology. «Pour être habitable, un monde (planète ou lune) n’a pas besoin de se situer dans la zone d’habitabilité d’une étoile. De même, un monde circulant dans cette zone n’est pas nécessairement habitable», écrivent ainsi les deux scientifiques dans un article où ils développent aussi leur concept de «mondes super habitables».
Qu’est-ce qu’une zone d’habitabilité? Cette notion est utilisée depuis des dizaines d’années en astronomie pour définir la région qui, autour d’une étoile donnée, permet l’existence d’eau liquide à la surface d’une planète ou d’une lune. L’eau étant le critère indispensable, jusqu’à présent, pour l’émergence de formes de vie.
Par ailleurs, jusqu’à présent, la planète Terre reste le seul exemple de monde habitable et habité. La découverte d’autres modèles pourrait donc radicalement changer la notion de zone d’habitabilité.
Pour étayer leurs propos, René Heller et John Armstrong estiment que le concept de monde habitable doit être élargi et approfondi, et non restreint à ce que l’on sait des caractéristiques terrestres. Ils soutiennent que d’autres mondes pourraient être bien plus habitables que la Terre. Dans leur article, les deux astronomes expliquent que des exoplanètes telluriques, deux à trois fois plus massives que la Terre, pourraient être potentiellement plus habitables. Des «superterres» qui jouiraient d’une période d’activité tectonique prolongée, indispensable pour réguler le taux de CO2 présent dans l’atmosphère et, par voie de conséquence, l’effet de serre. Elles disposeraient aussi d’un champ magnétique plus intense qui protégerait contre les rayonnements cosmiques et stellaires et d’une plus grande superficie de petits continents et de mer. Heller et Armstrong avancent aussi qu’une température de surface légèrement supérieure à celle de la Terre serait sans doute bénéfique et que l’existence de plusieurs mondes habitables dans un même système planétaire accroîtrait l’habitabilité de chacun. Ils estiment que les recherches devraient se concentrer sur des étoiles à luminosité stable, qui auraient eu une maturation de plusieurs milliards d’années.
Alpha Centauri B, une étoile de type K qui fait partie du système stellaire le plus proche du Soleil, pourrait être l’une des pistes de recherche. Agée entre 4,8 et 6,5 milliards d’années, elle possèderait au moins une exoplanète de masse terrestre. Rappelons que les exoplanètes sont des planètes qui tournent non pas autour du Soleil, mais d’une autre étoile. Non habitable pour plusieurs raisons, celle-ci pourrait en cacher d’autres. Une simulation informatique a d’ailleurs montré qu’une dizaine de planètes avaient pu se former dans le système d’Alpha Centauri B, qui disposerait de quelque cinq exoplanètes de type tellurique. Les paris sont donc ouverts et les astronomes ont encore du pain sur la planche pour que leur thèse soit confirmée. Cela pourrait être possible avec le lancement de la future sonde européenne Plato.

Jenny Saleh

Rendez-vous en 2024 avec Plato
Financée par l’Agence spatiale européenne (ESA), la mission Plato (Planetary Transits and Oscillations of stars) devrait être lancée depuis Kourou, en Guyane, d’ici à 2024. Cette sonde aura pour objectif de scruter pendant au moins six ans près d’un million d’étoiles afin de détecter plusieurs milliers d’exoplanètes. Des exoplanètes qui seraient de type terrestre et peut-être accueillir la vie. Plato disposera pour ce faire de quelque 34 instruments optiques de 120 mm de 
diamètre, ainsi que de caméras CCD. Ce qui lui permettra de déterminer la masse, le rayon et l’âge d’environ 85 000 étoiles.

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