Magazine Le Mensuel

Nº 2938 du vendredi 28 février 2014

  • Accueil
  • ECONOMIE
  • Monétisation. Le Bitcoin, ou la monnaie digitale, est-il viable?
ECONOMIE

Monétisation. Le Bitcoin, ou la monnaie digitale, est-il viable?

Serait-on à la veille d’une révolution dans le paysage de la monétisation avec l’apparition de ce que la communauté internationale a convenu d’appeler le Bitcoin? Ce qui est certain est qu’un exposé sur le système financier serait incomplet sans un aperçu sur la monnaie Bitcoin. Il s’agit d’une monnaie qualifiée de virtuelle, digitale ou électronique puisqu’elle n’est utilisable qu’à travers Internet. Comme le montre le schéma (ci-joint), elle est censée permettre à son détenteur d’échanger et de payer via un réseau de pair à pair sur Internet. Cette monnaie est-elle crédible dans le sens qu’elle est reconnue comme telle dans le monde entier à l’instar des monnaies des autres pays? Que l’on soit pour ou contre son adoption, le malaise est bien installé chez des consommateurs et des fournisseurs. Tant pour ses défenseurs que pour ses détracteurs, il est désormais impossible de la «désinventer».
Au Liban, la question n’est pas sujette à polémique puisque la Banque du Liban 
(BDL) a tranché dans une circulaire datée du 19 décembre 2013. La Banque centrale a mis en garde les individus, les banques et les institutions financières d’intermédiation contre «les risques désastreux» qui peuvent découler de l’usage des Bitcoins. La BDL a justifié sa mise en garde par «l’absence d’une loi qui  protègerait les utilisateurs de cette monnaie et l’inexistence d’une instance de référence qui garantit sa valeur».
Cette monnaie «parallèle» a été inventée en 2009 par un anonyme. Toutefois, elle n’a commencé à attirer l’attention du public qu’en 2011, pour culminer en avril 2013 lorsque sa valeur a atteint un record de 200 dollars. La monnaie du Bitcoin n’a pas encore été régularisée dans le sens qu’elle n’a pas d’encadrement de lois régissant sa circulation ni une banque centrale qui a validé son adoption. Associé par la presse pendant un laps de temps aux opérations de blanchiment d’argent à la suite de l’arrestation par la police fédérale américaine de Ross William Ulbricht,
P.-D.G. du site de commerce en ligne Silk Road, qui avait adopté le Bitcoin pour ses transactions, le système financier basé sur la monnaie digitale a rapidement recommencé son expansion. Entre avril et juin 2013, des investisseurs ont placé près de 21 millions de dollars dans des start-up de Bitcoin, selon le consultant CB insights. Même un ténor du département d’Etat américain de la justice, Mythili Raman, a fait marche arrière en déclarant que tous les types de systèmes financiers en vigueur, et non seulement la monnaie virtuelle, peuvent être exploités par des agents d’une manière illégale. Dans ce prolongement, la traçabilité des transactions conclues en Bitcoin n’est plus à mettre en doute même si l’opérateur n’est pas obligé de fournir le numéro de sa carte de sécurité sociale. Les transactions en Bitcoin sont répertoriées dans un registre électronique appelé chaîne de blocs (blockchain) accessible au public et qui permet d’empêcher une utilisation frauduleuse d’un même Bitcoin dans deux transactions différentes. De plus, des chercheurs à University of California et San Diego et George Mans University ont créé une carte électronique susceptible de tracer les étapes du parcours du flux de Bitcoins. Reste le problème de la volatilité de la valeur de cette monnaie. Il n’existe pas de référence officielle de sa valeur. Jusqu’à nouvel ordre, Mt Gox, la plate-forme de change basée à Tokyo et BTC China sont les agents consultables pour la valeur de change. Le Bitcoin a été inventé grâce à un algorithme qui a mis une limite à la génération de cette manière, fixant sa disponibilité sur le marché globalement à 21 millions de Bitcoins. L’intégration de ce mode de paiement dans le système d’une entreprise commerciale ne nécessite que le téléchargement d’une application sur son appareil mobile. Pizza Guys a été la première enseigne à Dubaï à accepter le paiement en Bitcoin. L’un des partenaires a confié à Arabian Business Week qu’il croit à long terme en cette monnaie, mais que pour le moment il a décidé de prendre un risque calculé en limitant par jour le volume des paiements effectués par Bitcoin.

 

Liliane Mokbel

Related

Bourse de Beyrouth. La léthargie de fin d’année

Télécommunications. La 4G est arrivée

Gaz et pétrole. L’Iran intéressé par les gisements libanais

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.